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Citations sur Mémoires d'un chasseur (15)

L'homme d'Etat était petit, large d'épaules, grisonnant, bien bâti ; le nez rouge, de petits yeux bleus, et la barbe en éventail. Notons en passant que, depuis que la Russie existe, on n'a pas encore vu qu'un homme soit devenu obèse et riche sans qu'il lui ait poussé en même temps une barbe en éventail. Tel a porté toute sa vie une barbe pointue et, sans transition, le voilà ceint d'une auréole. D'où vient tout ce poil ?
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- Hé ! Paul, dit Fédia, qui désirait qu’on ne mît pas d’interruption dans les récits, de grâce, dis-moi si chez vous, à Chalachov, on a vu comme chez nous le félomèle célesse.
- Ah !... quand le soleil s’est barbouillé de noir ! je sais... Eh oui, nous l’avons vu.
- Vous avez été bien effrayés aussi, vous autres, sûrement ?
- Et pas seulement nous autres paysans. Notre seigneur nous avait dit lui-même, bien d’avance, qu’il allait y avoir là-haut le félomèle.... et sitôt qu’il a vu la nuit se mettre à la place du jour en plein midi, il a eu lui-même bien peur, à ce qu’on raconte. Il y a chez lui, au nombre des gens, une vieille femme employée dans les cuisines ; dès qu’elle vit que la nuit venait à cette heure, elle crut qu’il n’y avait plus rien à cuire ; elle prit pots, jattes, terrines, casseroles, et lança et carambola le tout dans le four, en marmottant : "Personne n’a plus besoin de manger au jour du jugement." Et les choux et le gruau ont sauté dans le four. Et dans tout le village on disait que les loups blancs allaient couvrir la terre, et, aidés des oiseaux de proie, dévorer tous les hommes, et qu’on verrait d’abord et avant tout Trichka, vous savez, Trichka, que le curé appelle l’Antechrist.
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On peut vivre longtemps dans les meilleurs termes avec certaines personnes sans leur parler jamais à coeur ouvert; avec d'autres, au contraire, à peine entré en relation on en arrive aux confidences
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..Et, peu à peu, il se sentit entraîné
vers le passé ; vers son village, vers le parc sombre
où les tilleuls sont si énormes, si ombreux,
où les muguets ont un parfum si virginal,
où les files de saules à tête ronde
du haut de la digue, s'inclinent sur l'eau,
où le chêne puissant croît sur la puissante glèbe,
où l'on respire l'odeur du chanvre et de l'ortie..
Là-bas, là-bas, vers les champs féconds,
où la terre se vêt de velours sombre,
où le seigle, aussi loin que s'étend le regard,
tranquillement ondule en molles vagues,
où tombe un lourd rayon jaune
des blanches nuées rondes et transparentes ;
c'est là qu'on est bien ..
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Il en va toujours ainsi : vraie noblesse nul ne blesse.
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Loukéria à Barine : « Je sais, Barine, que ce serait pour mon bien. Mais peut-on venir en aide aux autres ? Peut-on lire dans les âmes ? C'est en soi même qu'on doit trouver son aide ! Vous ne le croiriez pas : parfois, étendue, toute seule... j'ai l'impression qu'il n'y a que moi sur terre, moi seule de vivante. Je sens comme une bénédiction sur moi... Il me vient des idées... étonnantes. »
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En parlant de Nicolas Ivanytch : « Au reste, n'allez pas croire qu'il agisse ainsi par amour de la justice ou du prochain ; non, il s'efforce simplement de pré­venir tout ce qui pourrait troubler sa tranquillité. »
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Rien de plus agréable que de rester ainsi couché sous bois, le regard en l'air ! On croit contempler une mer immense qui s'éploie au-dessous de vous ; loin de sortir de terre, les arbres vous paraissent les racines de plantes gigan­tesques qui tombent à pic dans les eaux cristallines ; le feuillage prend ici une transparence d'émeraude, là des tons opaques, mordorés. Quelque part, très loin, une petite feuille immobile prolonge un rameau effilé sur un lambeau d'azur ; à côté, une autre s'agite d'un mouvement qui semble spontané et rappelle le jeu d'une nageoire. Pareils à de féeri­ques îles sous-marines, de blancs nuages voguent et disparaissent lentement. Et soudain, cette mer, cet éther radieux, ces feuilles et ces branches inondées de soleil, tout ruisselle, tout frissonne d'un éclat fugitif ; un bruissement frais s'élève, semblable au léger clapotis d'une houle subite. Immobile, vous contemplez ce spectacle : aucun mot ne saurait tendre la douceur, la joie, la quiétude qui vous pénètrent. La nue profonde appelle sur vos lèvres un sourire aussi chaste qu'elle ; en même temps que la file des nuages au ciel, se déroule en votre âme la lente théorie des souvenirs heureux ; on a l'impression que le regard plonge toujours plus avant et vous entraîne à sa suite vers cet abîme calme et rayonnant ; et l'on ne peut s'arracher à cette profondeur, à cette immensité...
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Un souffle frais me caressa le visage. J'ouvris les yeux : le jour commençait à poindre. Les lueurs vermeilles de l'aurore n'avaient pas encore paru, mais déjà l'orient pâlissait. On commençait à deviner les choses. Le ciel grisâtre devenait plus clair, plus froid, plus bleu ; quelques étoiles chatoyaient encore, d'autres s'éteignaient tout à fait. La terre devint humide, une moiteur couvrit les feuilles ; çà et là, des bruits, des voix montèrent ; le vent léger du matin prit sa course vagabonde. Je me levai allègrement et m'approchai des enfants. Ils dormaient d’un profond sommeil autour des foyers éteints ; seul Pavel se souleva à demi et me regarda fixement. Je lui dis adieu d'un signe de tête et m'en fus tout le long de la rivière embrumée. Je n'avais pas encore fait deux verstes que déjà la large prairie humide, les coteaux qui verdoyaient devant moi, la longue route qui poudroyait derrière, les buissons étincelants, la rivière qui bleuissait pudiquement sous son voile de brouillard, tout le pays s'illumina : la jeune et chaude lumière se déversait en flots d'abord roses, puis rouges, puis dorés.
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Le ciel grisâtre devenait plus clair, plus froid, plus bleu ; quelques étoiles chatoyaient encore, d'autres s'éteignaient tout à fait. La terre devint humide, une moiteur couvrit les feuilles ; çà et là, des bruits, des voix montèrent ; le vent léger du matin prit sa course vagabonde. Je me levai allè­grement et m'approchai des enfants. Ils dormaient d'un profond sommeil autour des foyers éteints ; seul Pavel se souleva à demi et me regarda fixement.
Je lui dis adieu d'un signe de tête et m'en fut tout le long de la rivière embrumée. Je n’avais pas encore fait deux verstes que déjà la large prairie humide, les coteaux qui verdoyaient devant moi, la longue route qui poudroyait derrière, les buissons étincelants, la rivière qui bleuissait pudiquement sous son voile de brouillard, tout le pays s'illumina : la jeune et chaude lumière se déversa en flots d'abord roses, puis rouges, puis dorés. Tout s'agita, s’éveilla, se mit à chanter, à bruire, à vibrer. De tous côtés des diamants s'allumèrent sur les gouttes de rosée.
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