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3,49

sur 256 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bien que n'ayant pas lu les trois premiers volets de cette série consacrée à Marie Madeleine Marguerite de Montalte (tout simplement appelée Marie tout au long du roman) et ne me plongeant que dans le quatrième et dernier "Nue", je me suis rapidement familiarisée avec les personnages et n'ai eu aucun problème à m'enfouir dans l'histoire et ce, dès le départ.
Je ne vous cache pas qu'il me manques certainement quelques éléments (que je devine, voire même que j'imagine mais cela n'a aucune importance pour se laisser bercer pas l'écriture de Jean-Philippe Toussaint ; je dirais même que cela a éveillé ma curiosité et que j'espère bien lire les livres qui ont précédé celui-ci.

Ici, l'on se retrouve tout d'abord en plein milieu d'un défilé de mode que la créatrice de mode, que nous appellerons tout simplement Marie pour simplifier les choses (tout comme l'auteur le fait-lui-même d'ailleurs) a planifié, à ce qu'elle croyait être au mieux. Cette fois-ci, elle a visé haut en réalisant une robe époustouflante entièrement réalisée en miel et la mannequin qui doit la porter doit simplement défiler sur scène en étant suivi par un essaim d'abeilles. Puisque toutes les dispositions nécessaires ont été prises, pourquoi s'inquiéter me direz-vous ? Parce que il y a toujours un Mais, voilà pourquoi...Les animaux, tout comme les hommes, peuvent bien souvent se montrer imprévisibles !
L'histoire, vu à travers les yeux du narrateur, qui n'est autre que l'ancien compagnon de Marie qui, il va sans dire, l'aime toujours (sans cela il n'y aurait pas d'histoire, enfin pas comme celle-là, entendons-nous bien) est une pure merveille tant les mots qu'emploie l'ancien amant pour décrire la beauté de Marie et ce qu'il ressent pour elle sont justes et envoûtants. de cette scène de défilé, la narrateur nous entraîne au Japon (où on eu lieu les premières rencontres avec des apiculteurs professionnels, chargés de veiller à ce que le défilé se passe bien), puis à Paris où les protagonistes ont d'abord vécu ensemble puis chacun dans leur appartement suite à leur séparation et enfin sur l'île d'Elbe, à la Rivercina. Dans ce village où Marie est propriétaire de l'ancienne maison de son père maintenant décédé, elle et le narrateur se sont aimés, y ont passé deux semaines de vacances en tant qu"amis", puis y sont enfin revenus pour assister à un tragique événement, celui de l'enterrement de Maurizio, le voisin et gardien de la maison de son défunt père.

Je ne vous en dit pas plus en ce qui concerne l'intrigue sinon cela reviendrait à tout vous dévoiler mais sachez que même dans un ouvrage comme celui-ci, relativement court, il peut se passer bien d'autres choses encore.
J'ai parfois été gênée par des phrases que je trouvais trop longues à mon goût mais, au final, celles-ci sont tellement belles, que le lecteur ne s'en rend même plus compte. A découvrir !
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Nue de jean-Philippe Toussaint est un hymne à la féminité, "il émanait d'elle quelque chose de lumineux, une grâce, une élégance, une évidence...”.

C'est une parabole magique sur les rapports amoureux entre un homme et une femme, entre le conteur et Marie, une page illustration pour le livre Fragments d'un discours amoureux de Roland Barthes.

Marie styliste habille la femme, pose sur elle une parure, lui fait une enveloppe, pour la rendre plus belle, après la robe en gorgone et ses fruits de mer, elle présente la robe miel, où la parure se minimalise, la peau devient la robe talquée, rehaussée, pour devenir la Parure suprême de la femme, une femme nue juste un peu laquée de miel comme un parfum.


Ce prologue à Tokyo, où la robe est présentée, installe Marie dans une recherche de perfection, où la haute couture avec ou sans couture, doit donner au corps de la femme sa splendeur.

Pages visuelles qui suscitent le toucher et la sensualité du lecteur. "elle, faisant tinter délicatement les coupes l'une contre l'autre, c'était deux épidermes hypersensibles que l'on mettait pour la première fois en contact, comme deux lèvres qui se rapprochent et s'effleurent".
 
Jean-Philippe Toussaint avance encore vers Marie, le séjour à l'île d'Elbe lui offre toutes les poses, les éclairages, les senteurs pour décrire Marie, habillée désinvolte, nue ou à moitié nue, le conteur est fou de son modèle. "cette disposition océanique que j'avais repérée en elle, qui acérait sa sensibilité, l'exacerbait, faisait vibrer ses sentiments".

Tout est fragile en amour, le coeur se dévoilera, après une longue absence, les pas dans le cimetière réveillent le corps, l'odeur du chocolat mêlée à d'autres senteurs aqueuses prennent Marie à la gorge, elle est enceinte. Un autre femme émerge une femme amoureuse, pleine d'énergie et de désirs.


Cette scène est l'une des plus belles, si bien colorisée et si étrangement olfactive, que des sensations traînent dans votre propre corps, et quand elle vomit ses tripes c'est aussi son passé qui s'en va.

Un beau prix Fémina qui n'en fût pas, à quoi rêvent les jurys ?
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Un petit billet pour parler de Nue, dernier opus qui ferme la tétralogie de Jean-Philippe Toussaint, le cycle Marie Madeleine Marguerite de Montalte.
Nue, qui peut être lu indépendamment des trois autres volets, relate les derniers épisodes de la relation amoureuse entre le narrateur et Marie, créatrice de mode. L'histoire est ténue. Après l'avoir suivie au Japon pour la préparation d'un défilé de mode, le narrateur, séparé de Marie, emménage seul à Paris dans un nouvel appartement et n'a plus de ses nouvelles pendant deux mois. Elle reprend contact et lui demande de l'accompagner sur l'île d'Elbe pour assister à l'enterrement du gardien de la maison de son père décédé.
Nue, comme la plupart des livres de l'auteur, et c'est ce qui fait sa réussite sur le plan littéraire, est composé d'une succession et d'un enchaînement de scènes que l'on pourrait qualifier de visuelles ou cinématographiques. Tout son art consiste à décomposer, décortiquer à l'extrême des moments, des situations, et à nous offrir de cette manière, des tableaux d'une très grande précision où l'architecture et la géométrie trouvent toute leur place. Les émotions, les sentiments sont incorporés à ces scénographies et le temps est dilaté, distendu, étiré, ce qui donne l'impression que tout se passe au ralenti.
Les différentes visions de Nue sont belles, comme celle du défilé de la robe de miel, mais elles ne valent pas les scènes d'anthologie auxquelles il nous avait habitué, et notamment celle du cheval dans l'avion dans La vérité sur Marie.
Vous l'aurez compris, ce n'est pas le titre du cycle que j'ai préféré. Il y a de magnifiques passages, une langue précise et poétique, de l'humour et des épisodes cocasses, de la tendresse, mais on voit trop les fils avec lesquels il a cousu son ouvrage, comme si la technique prenait le pas sur le contenu.

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C'est mon deuxième roman de Jean-Philippe Toussaint et je dois dire que je suis impressionnée par sa façon d'écrire. Bien que ce livre peut se lire indépendamment des autres, j'ai été un peu déroutée par "Nue", quatrième volet d'une série (que je n'ai donc pas lu en entier).
Ça commence très bien. Tout au début de l'histoire, comme en prologue, Marie présente une robe éphémère au cours d'un défilé de mode. Mais il ne s'agit pas de haute couture, la robe est en miel. Cela ne va pas se passer comme prévu car le mannequin va chuter alors qu'elle est suivie par un essaim d'abeilles. C'est donc l'occasion pour l'auteur d'évoquer la part d'imprévu dans la création artistique.
Et puis là où je le rejoins moins c'est qu'il abandonne ce thème pour se centrer sur la fissure du couple que forme Marie et le narrateur. Jean-Philippe Toussaint décrit des scènes puis les analyses tout en laissant beaucoup de choses ouvertes sur cette relation. D'ailleurs, l'écriture est très cinématographique car il superpose les présents comme des flashbacks. J'ai beaucoup aimé le moment où le narrateur monte sur le toit du musée. Cela permet de visualiser une scène comme au cinéma.
Et puis il y a ce beau décor de l'île d'Elbe qui est à signaler, bien que je n'ai pas bien compris ce que venais faire les mafiosi dans cette histoire. Mais c'est un détail et ce roman où l'amour est évoqué avec beaucoup de justesse et d'émotion est plaisant à lire.


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Quel bonheur de lecture!
Je n ai pas lu les trois livres précédents mais cela ne gêne pas la compréhension de l histoire.
De longues phrases pour parler de l évolution des sentiments, de la pluie, de l atmosphère des cimetières, un vrai régal de lecture.
J ai dévoré ce livre dans la soirée. Je vais maintenant lire les trois précédents.
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Entre bizarreries, instants qui se superposent comme des photographies, enterrement et renaissance d'un amour qu'on croyait effiloché, Nue retrouve la tendresse et la folie contenue du monde de Jean-Philippe Toussaint. Un top model à robe de miel se fait dévorer par un essaim d'abeille, un homme perdu zieute un vernissage par un hublot au plafond, une chocolaterie prend feu sur l'île d'Elbe, on erre dans un cimetière sous la pluie, on se cherche, on ne se comprend qu'à peine, on se trouve. le mystère, chez Toussaint, se tient dans le détail, l'attitude incompréhensible d'un personnage secondaire, une chambre où peut-être quelqu'un se cache, une annonce que l'on n'ose pas faire, une attente qui ne sait pas pourquoi elle dure. le lecteur tâtonne avec le narrateur, essaie lui aussi de comprendre Marie, croit parfois comme lui la déchiffrer, se prend parfois aussi à l'aimer, à comprendre que même nue, une femme aimée ne se dévoile pas tout à fait.
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NUe que je viens de finir : écriture précieuse ,histoire d'amour avec une Marie iconoclaste ,indifférente ,insaisissable,belle prose!!!!
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Un homme attend dans son appartement que Marie l'appelle. Il espère renouer le lien et garder la femme qu'il aime. Il se souvient d'elle, sa façon d'être avec les gens «sans s'intéresser le moins du monde à leur rang». Toussaint excelle à rendre ces moments d'attente où il pense tellement à elle qu'elle est vivante dans ses pensées « Je m'approchais d'elle mentalement avec précaution ». On est avec le narrateur dans une position inconfortable sur le toit d'un palais à Tokyo, on est avec lui sidéré par cette vision de Marie fumant sa cigarette à travers la vitre embuée de pluie d'un café place St-Sulpice, épisode qui trouvera son acmé à la fin du livre avec un jeu sur les mots comme des indices semés, Marie, Sulpice....
Nous l'accompagnons dans son voyage vers l'île d'Elbe, en compagnie de Marie justement. Images lentes du quotidien traitées comme un film remémoré majestueusement, car ce sont tous les moments précieux auprès de l'être aimé. Toussaint nous procure ce plaisir: transformer des moments de vide, de solitude, d'abandon en objet esthétique avec son style rond et clair qui sait prendre son temps pour ralentir, décrire, avec cette ironie en arrière-fond qui ne le quitte pas.
On le voit, j'ai été conquis. Et ce n'était pas forcément gagné. Au début du roman, je fais mon ronchon, Toussaint s'est embourgeoisé, il est sur la liste des Goncourt, il voyage dans le monde... Je ne retrouve plus les individus déphasés, originaux de L'appareil-photo . Et ça m'agace presque de me laisser avoir au cours de la lecture, il finit par gagner la partie. Oui, semble me dire l'auteur, je me suis normalisé, je fais moins de gaffes, j'ai droit au bonheur auprès de l'être aimé, mais je n'ai pas perdu mon style, ma capacité à fournir des morceaux de bravoure. Je veux être un homme heureux, nous dit-il, comme dans la chanson.
Bref, des retrouvailles réussies.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Dernier volet d'un ensemble de 4, " Nue " ne possède peut être pas l'intensité romanesque de ces prédécesseurs, mais P.Toussaint impressionne encore d'avantage ici dans cette façon qu'il a de dévitaliser toutes les situations dramatiques par une phrase atone et blanche, un a-plat de la langue et à contrario cette manière de produire de la tension émotionnelle à haute intensité dans les scènes de vie les plus ordinaires par le simple rythme de cette même phrase. Précieux et Vrai.
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Une plume magnifique et concise.
Retour de vacances avec Marie qu'il aime et dont il séparé, le narrateur se sent abandonné.
Après deux mois sans sans nouvelles, Cette dernière reprend contact et le convie à l'accompagner à l'île d'Elbe pour l'enterrement du gardien de son père.
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