AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Georg Trakl - Oeuvres complètes (10)

Seul celui qui méprise le bonheur aura la connaissance.

Commenter  J’apprécie          191
Trois Rêves
 
I
Je rêvais, il me semble, de chute de feuilles,
De lointaines forêts et de lacs sombres,
De l’écho de paroles tristes —
Mais je n’en pouvais comprendre le sens.
 
Je rêvais, il me semble, de chute d’étoiles.
Des larmes implorantes d’yeux pâles,
De l’écho d’un sourire —
Mais je n’en pouvais comprendre le sens.
 
Pareil à la chute de feuilles, à la chute d’étoiles,
Je me voyais venir et m’en aller sans cesse,
Écho impérissable d’un rêve —
Mais je n’en pouvais comprendre le sens.
 
 
II
Dans le miroir sombre de mon âme
Il y a des images de mers jamais vues,
De pays abandonnés, fantasmes tragiques,
Se dissipant dans le bleu, dans l’indécis.
 
Mon âme enfantait des ciels pourpres de sang
Embrasés de soleils géants qui crépitaient,
Et des jardins étrangement peuplés, étincelants,
Qui exhalaient des délices oppressantes, mortelles.
 
Et le puits sombre de mon âme
Engendrait des images de nuits insolites,
Agitées de chants indicibles
Et des souffles de forces éternelles.
 
Mon âme frissonne, sombre de souvenirs,
Comme se retrouvant en toute chose —
Dans des mers et des nuits insondables,
Et dans des chants profonds, sans commencement ni fin.
 
 
III
Je vis beaucoup de villes en proie aux flammes
Et les temps entasser horreur sur horreur,
Et je vis beaucoup de peuples tomber en poussière
Et le vent disparaître dans l’oubli.
 
Je vis les dieux s’abîmer dans la nuit,
Les harpes les plus sacrées, impuissantes, se fracasser,
Et, de nouveau attisée dans la pourriture,
Une nouvelle vie se gonfler vers le jour.
 
Se gonfler vers le jour pour à nouveau périr,
La sempiternelle tragédie
Que nous jouons sans la comprendre,
 
Et dont le tourment ténébreux de folie
Se couronne des douces gloires de la beauté
Comme d’un souriant univers d’épines.
 
 
Deuxième partie – Recueil de 1909 (non publié)
Traduit de l’allemand (Autriche) par Marc Petit et Jean-Claude Schneider.
Commenter  J’apprécie          160
CHANT DES PROFONDEURS
  
  
  
  
Du fond de la nuit je fus libéré.
Mon âme s’étonne dans l’immortalité,
Mon âme écoute par-delà espace et temps
La mélodie de l’éternité !
Elle n’est pas le jour et la joie, ni la nuit et la douleur,
La mélodie de l’éternité,
Et depuis que j’ai écouté l’éternité
Je ne sens plus jamais ni la joie ni la douleur !


/ Traduction de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
Commenter  J’apprécie          70
BALLADE La nuit pleure derrière une porte !
  
  
  
  
Un cœur se lamente : tu ne la trouveras pas,
Son pays est bien loin d’ici,
Et étrange est son visage !
La nuit pleure derrière une porte !

Dans la salle de marbre brûlent les lumières,
Ô sourdes, ô sourdes! Quelqu’un meurt ici !
Quelque part un murmure : ô ne viens-tu pas ?
La nuit pleure derrière une porte !

Un sanglot encore : ô s’il pouvait voir la lumière !
Alors partout l’obscurité se fit —
Un sanglot : frère, ô ne pries-tu pas ?
La nuit pleure derrière une porte.


/ Traduction de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
Commenter  J’apprécie          40
BALLADE À voix haute chantait, chantait la mer.
  
  
  
  
Un bouffon écrivit trois signes dans le sable,
Une fille pâle se tenait devant lui.
À voix haute chantait, chantait la mer.
Elle tenait une coupe dans sa main,
Qui brillait jusqu’au bord,
Comme le sang rouge et lourde.
Aucun mot ne fut dit — le soleil disparut,
Alors le bouffon lui prit des mains
La coupe et la vida.
Alors s’évanouit la lumière dans sa main,
Le vent effaça trois signes dans le sable —
À voix haute chantait, chantait la mer.


/ Traduction de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
Commenter  J’apprécie          30
Promenade hivernale en la mineur


Des sphères rouges émergent souvent des branches,

sous la neige doucement et noires par une longue chute de neige.

Le prêtre escorte le mort.

Les nuits sont remplies par des célébrations de masques.

Puis des corbeaux ébouriffés planent sur le village;

Dans les livres, les contes de fées sont écrits miraculeusement.

À la fenêtre, les cheveux d'un vieil homme flottent.

Les démons traversent l'âme malade.

Le puits gèle dans la cour. Des escaliers pourris tombent

dans l'obscurité et un vent souffle à

travers de vieux puits qui sont enterrés.

La bouche goûte les épices fortes du gel.
Commenter  J’apprécie          20
LA ROSÉE DU PRINTEMPS…


La rosée du printemps qui tombe
Des branches sombres, vient la nuit
Avec ses éclats d’étoiles, alors que tu as oublié la lumière

Sous la voûte d’épines tu étais couché et le dard s’enfonça
Profond dans le corps de cristal
Pour que plus ardente l’âme épouse la nuit.

La fiancée d’étoiles s’est parée,
Le myrte pur
Qui s’incline sur le visage adorant du mort.

Plein de frissons qui fleurissent
T’enveloppe enfin le manteau bleu de la souveraine.


//Traduit de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider.
Commenter  J’apprécie          20
BALLADE
  
  
  
  
Un jardin étouffant : la nuit.
Nous taisions l’effroi qui nous saisissait
Cela a éveillé nos cœurs
Qui succombèrent sous le poids du silence.

Pas une étoile n’éclairait cette nuit
Et personne n’était là qui priait pour nous.
Seul un démon a ri dans l’obscurité.
Soyez tous maudits! Et l’acte fut accompli.


/ Traduction de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
Commenter  J’apprécie          10
MÉLUSINE
  
  
  
  
À ma fenêtre pleure la nuit —
La nuit est muette, c’est le vent qui pleure,
Le vent, comme un enfant perdu —
Pourquoi pleure-t-il ainsi ?
Ô pauvre Mélusine !

Comme du feu sa chevelure flotte dans la tourmente,
Comme du feu passant sur les nuages, et se lamente —
Alors pour toi, pauvre fille,
Mon cœur dit en silence une prière nocturne !
Ô pauvre Mélusine !


/ Traduction de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
Commenter  J’apprécie          00
Chuchoté dans l'après-midi

Soleil d'automne, mince et timide
Et les fruits tombent des arbres,
Le silence bleu remplit la paix
Du ciel d'un après-midi tardif.

La mort sonnait forgée en métal,
et une bête blanche heurte la boue.
Chœur grossier de filles brunes
Meurt dans le bavardage des feuilles.

Le front de Dieu rêve de teintes,
sent les ailes douces de la folie.
Autour de la colline, utilisez des anneaux
pourriture noire et vues ombragées.

Repos et vin dans la lueur du coucher du soleil, Les
guitares tristes bruissent dans la nuit,
Et à la douce lampe à l'intérieur
Vous vous allumez comme dans un rêve.
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (31) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1226 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}