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B.Traven, auteur d'exception autant qu'énigmatique, nous a donné à lire ce beau roman d'aventure. La fièvre de l'or y tue plus surement que le puma ou le serpent à sonnette.
Le film de John Huston, est un modèle d'adaptation réussie.
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J'avais entendu ça et la susurrer ce titre prometteur, classé au rang de chef d'oeuvre des livres d'aventures par une petite grappe de connaisseurs, mais le tirage étant épuisé et la quête chez les bouquinistes systématiquement infructueuse, j'ai dû me faire une raison soulevant à mon tour les sourcils à la manière des initiés qui me le recommandaient, jusqu'à ce que...

Mais qui voilà… une petite version en poche de ‘65 à la couverture affreuse, une version complètement piquée des hannetons, les pages sont jaunies et mouchetées de petites tâches du papier qui vieillit, l'impression légèrement de guingois, et puis cette odeur de vieux papier.

Woh bordel, que demander de plus que la canicule environnante pour se jeter dans une aventure qui commence aussi intensément au niveau sensoriel ?

Après avoir fait briller le montant de pesetas que réclamait le vendeur, je me jette sur l'oeuvre avec en préambule peu d'info sur le scribe du feuillu :
Bertrand Travern, est un écrivain doué qui, comme Trevanian, cultive le secret.
Il nous dit : « Un écrivain ne devrait pas avoir d'autre autobiographie que ses livres. »

Alors forcément quand les bribes de sa vie nous mènent d'un embarquement comme mousse à l'âge de 10 ans sur l'immense Pacifique puis en pleine quête d'or au Mexique ça promet.

Vous en aviez rêvé ? Tonton Travern régale.
Mexique, dans les années 20, ça suinterait bien la Tequila si seulement notre larron ne tirait pas le diable par la queue et pouvait s'en payer un godet… Mais l'heure est à la débrouille et c'est dans langage choisi, savamment assorti de petits usages légèrement désuets que l'auteur m'a conquis.

Dénuement total, et rêves immodérés de fortune comme seul le continent américain peut en vendre, Get Rich or die tryin' disait 50 cent, on retrouve ici la même ferveur qu'elle soit pour l'or noir ou le filon de métal précieux jaune.
Bon an mal an notre gusse va trouver des compères sur la route et puis…

Et puis il va falloir que vous dégotiez aussi ce petit bijou méconnu!

Car si Travern attaque un bouquin de façon très tradi', il se révèle terriblement efficace pour nous sortir un dernier tiers de roman diablement qualitatif tant sur la trame narrative que sur la psychologie des personnages principaux qui sont pourtant à peine brossés.

Et puis en conteur de haute volée il enchâsse dans son oeuvre des récits et racontars de chercheurs d'or contaminés par la fièvre aurifère qui sont vraiment les bienvenus, incrustants saveur et valeur comme une inclusion d'insecte dans l'ambre.

Une vraie belle oeuvre, loin des manèges et procédés littéraires actuels peut-être tant usés qu'ils s'éculent et rappellent indéniablement que le talent n'a pas besoin d'artifice.
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Au Mexique, au début du XXème siècle, la vie est dure pour toit le monde : Indiens, métis et blancs. le pétrole est roi dans ces contrées où seules les compagnies pétrolières sont susceptibles d'offrir du travail. Mais c'est un dur labeur et bien peu rétribué. Et puis il y a l'or. Les trois protagonistes de cette histoire, Dobbs, Curtin et Howard, des Américains, décident de s'associer pour trouver et exploiter une mine fabuleuse qui leur assurera la richesse. Les temps des conquistadores ne paraît finalement pas si lointain…
Le travail acharné, la cohabitation souvent difficile, les déceptions, la solitude, la peur font partie du quotidien des trois hommes. Cahin-caha, les choses ne se passeraient pas si mal sans l'or. Car l'or rend fou et conduit les hommes à des actes dont ils ne se seraient jamais cru capables. Pas dans la grandeur, la force ou le courage, non, mais dans la bassesse, la cruauté et la cupidité.

Traven interpelle le lecteur à travers des thèmes qui lui sont chers : le sens que l'on donne à sa vie, la place de la nature et la responsabilité de l'homme blanc envers les Indiens, éternels dépossédés. Loin d'être seulement un roman d'aventures, le Trésor de la Sierra Madre est l'occasion de brosser le portrait d'une région où les Blancs ne peuvent s'accommoder d'une vie en harmonie avec la nature et n'ont que mépris pour les Indiens (que ce soit l'Eglise où les compagnies pétrolières, leur responsabilité quant à la misère de ces peuples est loin d'être négligeable) et l'auteur en profite pour souligner la faiblesse et la lâcheté des hommes.

Une fois que l'on a tourné la dernière page, on se pose finalement la question : avons-nous vraiment besoin d'être riches pour être heureux ? le trésor du titre de cet excellent roman recouvre en tout cas plusieurs aspects…

Un grand mystère entoure B Traven. D'origine allemande probablement (ses livres ayant été écrits dans cette langue), on ne sait pas grand-chose de la première partie de sa vie, jusqu'à son installation au Mexique, plus précisément au Chiapas. La découverte des conditions de vie des indiens, le plus souvent exploités, va nourrir l'essentiel de son oeuvre.

En 1948, l'adaptation du roman, réalisée par John Huston avec Humphrey Bogart, sort sur les écrans.
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Dans une petite ville mexicaine, au milieu des années 20, un américain nommé Dobbs est une sorte de vagabond qui fait la manche et habite dans le dortoir d'un sous-hôtel minable, vivant ainsi au jour le jour. Après une première et vaine tentative pour trouver du travail, il parvient enfin à se faire engager pour défricher et monter un camp sur un champ de pétrole. Mais cette expérience tourne court car son patron rechigne à lui payer son salaire. En compagnie de Curtin, un compagnon d'infortune rencontré sur le camp, il retourne en ville et fait la connaissance d'Howard, un vieux chercheur d'or qui lui raconte ses aventures dans les mines du pays. Entre légendes et vérités, les récits d'Howard amènent Dobbs à proposer au vieux prospecteur et à Curtin de réaliser leurs pauvres économies, quelques centaines de dollars et un billet de loterie gagnant, pour acheter ânes, outils, armes et vivres et se faire chercheurs d'or. Les trois aventuriers partent alors pour retrouver la trace des mines abandonnées dans la Sierra Madre. Entre la chaleur torride des jours et le froid glacial des nuits, au prix d'un labeur épuisant ils finissent par remplir quelques petits sacs de poussières aurifères, ne croisant qu'un autre chercheur d'or solitaire, qu'ils accueillent à contre-coeur et d'un oeil soupçonneux, et une bande de hors-la-loi qui les auraient dévalisé sans l'arrivée opportune des soldats qui se lancent à leur poursuite. Après presqu'un an de cette vie d'ermite, ils décident de se partager le butin et de regagner la ville, la tête pleine de projets pour investir et dépenser l'argent qu'ils vont obtenir en échange de la poussière d'or. La fraternité qui s'était créée pendant ces longs mois de promiscuité et de dur travail en commun dans un camp inconfortable va alors voler en éclat. Contraint de les abandonner pour jouer les médecins auprès des indiens, Howard confie sa part à ses deux compagnons. La fièvre de l'or saisit Dobbs et la malédiction si souvent évoquée par le vieux prospecteur s'abat sur les deux aventuriers. Pour s'emparer de la totalité de leur trésor, Dobbs tire sur Curtin qu'il laisse pour mort dans le désert. Mais la route vers la civilisation et la sécurité que procure la banque est encore longue et Dobbs est seul pour guider trois ânes parfois récalcitrants au milieu de mille dangers qu'il redoute de devoir affronter. Va-t-il, au mépris de la morale la plus élémentaire, profiter du fruit de sa trahison et son crime ? Vous le saurez en lisant "Le Trésor de la Sierra Madre".

B. Traven, écrivain mystérieux qui a toujours cultivé l'anonymat le plus absolu, est le pseudonyme d'Herman Albert Otto Max Feige. Ses nationalité, date et lieu de naissance ont longtemps été sujet à caustion et il ne s'est jamais mis en lumière, estimant que seul l'oeuvre d'un artiste mérite d'être connue et vaut d'être étudiée. A un point tel qu'il participe à l'adaptation du roman au cinéma en 1948 par John Huston, avec Humphrey Bogart dans le rôle de Dobbs, en tant que conseiller technique sous le nom d'Hal Croves sans jamais révéler sa véritable identité. Pour écrire "Le Trésor de la Sierra Madre", publié en 1927 en langue allemande, Traven s'est beaucoup inspiré de sa propre expérience de vie : des petits boulots parmi lesquels chercheur d'or, sa connaissance des régions sauvages qu'il décrit et les années passées dans les villages indiens au lendemain de la révolution mexicaine dont les traces violentes se retrouvent dans la lutte acharnée que livrent les Federales pour expurger le pays des bandes de pillards qui terrorisent les populations. le ton juste de ce récit réaliste confère au roman le plus connu de B. Traven la force qui fait la grandeur d'un roman d'aventures digne de ce nom. Auteur de plusieurs dizaines d'ouvrages, souvent adaptés sur grand écran, Traven est un auteur important du XXème siècle qui mérite d'être redécouvert.
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Si vous avez vu le film de John Huston, la lecture de ce livre qui l'a inspiré vous fera oublier jusqu'au visage d'Humphrey Bogart.
La fièvre rend fou.
La fièvre de l'or rend fou absolument.
Mais, le destin veille et aucun n'y échappera.
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Singulier face à face entre deux hommes partis ensemble chercher de l'or. En trouver les rendra fous et fous de haine l'un envers l'autre.
Efficace. Magistral comme tout Traven.
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Comment la soif de l'or tarit les valeurs de l'homme civilisé pilleur des terres indiennes et comment les indigènes savent s'en préserver.
Dans la ruée vers l'or, ce sont les vendeurs de pelles qui s'enrichissent quand ses chercheurs n'y découvrent qu'une indigne sépulture.
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C'est une pépite, sans jeu de mot. Ce livre ma valu une nuit d'insomnie. On fini par être gagné par la fièvre de l'or. Peut-on vraiment en guérir ? Peut-être mais on ne ressort pas indemne de ce roman. Je n'en écrit pas, pas plus que des poèmes, j'écris des chansons et cette histoire m'en a inspiré une appelée "le tango des chercheurs d'or". Elle faisait beaucoup rire les gens qui venaient nous voir jouer. C'était pourtant, bien dissimulé, la plus triste du répertoire. Si vous ne connaissez pas Traven, ruez vous sur ces écrits. A lire le week-end ou prévoir une journée de congé ...
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Ce livre est ma deuxième incursion dans l'univers de B. Traven, et certainement pas la dernière. Il est à la fois un excellent roman d'aventures, assez réaliste et bien documenté, et un conte philosophique sur la fièvre de l'or. Ce dernier aspect est particulièrement bien illustré -- on devine à la lecture que tout cela finira mal, mais on ne sait pas comment, et, d'une certaine façon, on n'a pas entièrement raison... le propos peut parfaitement se généraliser à toutes les passions dévastatrices qui ligotent puis dévorent les hommes, le pouvoir en offrant un autre exemple tristement d'actualité (a-t-il jamais cessé de l'être ?). Un excellent moment de lecture, distrayant mais pas seulement, que demander de plus ? Lisons B. Traven !
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On imagine volontiers tout au fil de la lecture, le film sans doute excellent qui en a été tiré par John Huston, où, nous dit wikipedia, John Huston lui même interprète le rôle du « riche américain au costume blanc ». C'est en effet un roman d'aventure dans toute sa splendeur, trois types dans la misère qui s'allient pour s'en sortir, et en face, l'or : quoi de plus emblématique de toute aventure humaine que l'or, avec tout ce que cela implique de rêve, de fascination, de folie, de jalousie, de dérision...Sans parler de la couleur locale, le port qui grouille d'activité, les mules sur les pistes au sein des vallées désertiques et escarpées, les bandits féroces et crasseux...Dans un climat de compagnonnage alternativement suspicieux ou amical, nos héros affrontent l'adversité, au sein de laquelle leurs propres démons ne sont pas en reste. Ils vagabondent entre enthousiasme, anxiété, délire et épuisement.


Mais il n'est pas à négliger que les héros sont des gringos au pays des Indiens, détrousseurs eux-même d'un peuple plus pauvre qu'eux, plus humble et plus sage aussi, semble indiquer Traven. le film donne sans doute la part moins belle à la description d'un pays qui n'a guère vécu que d'oppression venue de l'extérieur, où l'autorité civile et religieuse a proscrit l'éducation, fait régner la terreur, la suspicion et la superstition, entretenu la misère tant pécuniaire qu'intellectuelle . B Traven, qui a des passages virulents sur le rôle de l'Eglise au Mexique, double son roman d'aventure d'un roman social et politique.
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