AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,18

sur 101 notes
5
10 avis
4
3 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
B. Traven est un auteur largement trop peu lu et trop peu connu en France en regard de la notoriété (justifiée) dont il jouit dans d'autres pays. Je pense notamment à la jeunesse. J'aurais pour ma part adoré rencontrer cet auteur à l'âge du lycée ou de la fac.
Son style percutant, sarcastique, caustique, drôle, vindicatif, anarchiste et férocement anti-capitaliste m'aurait immanquablement séduite. le mystère de son identité également.
Peut-être est-ce un poncif de le répéter mais B. Traven est un pseudonyme. L'identité exacte et fiable de son véritable détenteur est encore sujette à controverses. Sans entrer dans les détails de ses nombreuses identités d'emprunt et de sa vie mexicaine, que vous pourrez trouver ailleurs en farfouillant, j'aurais tendance à opter pour l'hypothèse Otto Freige, né en 1882 en actuelle Pologne, alors terre allemande plutôt que Ret Marut né en 1890 à Chicago de parents suédois. Pour au moins deux raisons.
La première, c'est que dans le Vaisseau Des Morts, des chapitres 36 à 40, il s'étend longuement sur le cas d'un Allemand né dans un territoire désormais polonais et qui, n'ayant pas fait les procédures de reconnaissance, se retrouve rejeté tant par l'Allemagne que par la Pologne.
La deuxième raison, qui vaut ce qu'elle vaut, c'est qu'on possède des photos de lui prises en 1923 par la police anglaise au cours de quelque démêlé obscur dont seul Scotland Yard doit encore garder la trace. Or, sur ces photographies face/profil, l'auteur semble plus âgé de 41 ans (naissance en 1882) que de 33 (naissance en 1890).
Autre argument, et pas des moindres, l'auteur écrit en Allemand. Qu'est-ce qu'un Américain né de parents suédois irait faire à écrire de la littérature en Allemand ? Je vous le demande.
Bref, dans le Vaisseau Des Morts, B. Traven dénonce tout à la fois l'esclavage moderne des sans-papiers, les trafics d'armes fait au vu et au su de tous mais pour lesquels les gouvernements ferment les yeux, la bureaucratie et la tyrannie des états modernes, l'avidité du capitalisme et les magouilles diverses (auprès des assurances notamment), les reconduites à la frontières clandestines effectuées de nuit par chaque pays qui se refourguent les indésirables.
Ce qui se dégage de tout cela, c'est le sort fait à l'Homme, le déni de l'humain, de l'individu lambda, minuscule pion d'un rouage dont il ne perçoit ni les mécanismes ni la finalité, écrasé qu'il est dans sa tâche quotidienne pour assurer sa survie financière et matérielle.
C'est un écrit fort, qui m'évoque, dans sa partie centrale, lorsqu'il traite des conditions de vie des soutiers à l'intérieur de la Yorikke, un cargo fantôme (c'est-à-dire enregistré nulle part et qui donc, officiellement, n'existe pas), animé uniquement par des sans-papiers, qui ont probablement tous quelque chose à se faire pardonner mais qui n'en restent pas moins des hommes, et qui pourtant jouissent de conditions de vie pires que celles de bien des bagnes de par le monde et qui, s'ils leur arrive de mourir brûlés, tabassés, malades ou autre n'ont d'autre sépulture que la mer infinie par-dessus le bordage dont ils sont prestement balancés ; un écrit, dis-je, qui m'évoque certaines des plus belles pages de Si C'Est Un Homme de Primo Levi ou encore le fameux documentaire d'Hubert Sauper, le Cauchemar de Darwin ou même, sans erreur possible, l'horreur et la dureté du plus terrible d'Émile Zola.
Un texte toujours servi sous le ton de l'humour et de l'ironie, mais ça n'en est pas moins fort. Traven met également l'accent sur la lucidité de tout ce personnel de bord, qui sait parfaitement qu'il n'est bon qu'à être sacrifié au Dieu Profit ou au Dieu Papiers-En-Règles.
Je ne peux pas dire que j'ai absolument adoré, mais c'est un bouquin puissant que je ne suis pas près d'oublier et que je vous conseille donc très volontiers, sachant que tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          746
Ce roman, publié en allemand en 1926, est dû au mythique B. Traven, qui s'est employé à entretenir le mystère autour de sa vie, dont on sait pourtant qu'elle le mena probablement d'Allemagne où il aurait créé des conseils d'ouvriers marxistes après la 1ère guerre mondiale, jusqu'au Mexique où il prit fait et cause pour les Indiens et écrivit nombre de romans et de scénarios pour Hollywood.
Un matelot américain rate son rembarquement et se retrouve à Anvers, sans papiers, clandestin, ballotté de commissariats en expulsions, au gré des polices et des administrations de divers pays européens, avant de trouver, dans un port espagnol, du travail sur un rafiot qui fait du trafic d'armes et dont aucun marin n'est en règle. Devenu soutier, un travail inhumain et dangereux auquel il finit pourtant par s'habituer, il se définit comme "mort", travaillant sur le "vaisseau des morts", sans existence légale, promis aux travaux quasi forcés ou à la noyade, car les capitaines de ce genre de bateau sont tous tentés par une escroquerie aux assurances. Destin inéluctable, malgré l'amitié et l'envie de survivre qui unissent le narrateur et son compagnon de malheur, Stanislaw.

Une écriture nerveuse, révoltée, pleine de gouaille, une situation d'une étonnante modernité, hélas, dans une Europe impitoyable aux clandestins et sans papiers, et dans un monde. le nôtre, où l'argent est toujours roi, où il faut toujours que "ça rapporte", quel que soit le destin misérable des innombrables esclaves du système, ici ou ailleurs. La révolte de Traven, le cri de dégoût de ses exclus, l'exploitation inhumaine, sont encore et toujours hélas d'actualité. Pas l'ombre d'un lieu commun oiseux dans ce texte, où les absurdités administratives, les conditions de vie concrètes des soutiers alimentant des chaudières délabrées, ignorant toute norme de sécurité, sont décrites de façon crue et rageuse. À coup sûr, l'auteur met ici une partie de son vécu, quoi qu'il en dise. Un ouvrage qui a fait date et qui garde aujourd'hui encore toute sa pertinence.
Commenter  J’apprécie          60
Le vaisseau des morts, c'est une quasi épave des mers qui fait de la contrebande d'armes et de l'escroquerie à l'assurance.
Les morts, ce sont les quasi esclaves qui triment au fond de la cale et à la chaudière, dans des conditions infernales ; des parias, des évadés, des déserteurs, des criminels en fuite ou des sans papiers, qui sont de fait des morts sociaux, qui ne peuvent quitter leur géhenne flottante.
Certains meurent à bord et sont jetés par dessus bord sans autre forme de procès.
Si la description du travail et des blessures quotidiennes peut paraitre exagérée, on appréciera un roman d'aventures en mer hors du commun.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (262) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
416 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}