Incident à Twenty-Mile

Un proverbe qui dit : "Méfie-toi de l’homme qui ne connaît qu’un livre." Et c’est d’autant plus vrai quand ce livre est réputé sacré. L’homme-d’un-seul-livre te tranchera la gorge sans une seconde d’hésitation ni une once de remords, certain qu’il est d’avoir agi au service de tout ce qui est bon en ce monde et récompensé dans le suivant.

Y a pas mieux qu'un livre pour s'abriter quand les choses virent trop mauvaises. Ou trop mornes.

L'homme qui vole du pain pour ses gosses finit au bagne, à transformer des gros cailloux en petits cailloux. Mais si tu voles gros, vraiment gros, alors on t'admire et on t'imite, comme les Rockfeller et les Morgan et les Carnegie de ce monde. Bien sûr, ces hommes-là n'enfreignent pas la loi. Ils font les lois, alors leur vol s'appelle "l'entreprise", ou "la haute finance". Quand il s'agit de voler ou d'être mauvais, faut faire les choses en grand pour qu'on te respecte.

Il ne se passe absolument rien à Twenty-Mile. Et là, je te parle des jours où y se passe quelque chose.

Les enterrements et les funérailles n'avaient rien à voir avec les morts. Ils ne servaient qu'à consoler les vivants.

Les mères, on en a tous qu'une dans la vie, et y a rien d'autre à ajouter à ça.

[Mon père] est mort un matin de grand soleil – je ne sais pas pourquoi, mais ça semble bizarre de mourir par un matin de grand soleil, c'est la nuit que les gens devraient mourir.

Le Filon Surprise appartient à des marchands de Boston, des descendants de types eux-mêmes descendus du Mayflower, non pas en quête de liberté religieuse, comme le racontent les livres d'histoire, mais en quête d'un endroit où imposer leur propre style d'intolérance religieuse. On pourrait croire qu'une fois que les opprimés ont vaincu leurs oppresseurs, ils veuillent abolir l'oppression. Mais non. Non, la nature humaine étant ce qu'elle est, dès que l'opprimé parvient à gagner un peu de pouvoir, il l'utilise pour opprimer son ancien oppresseur... ou n'importe qui d'autre qui passe par là.

Il m’a raconté comment il s’était lancé avec un stand de saucisses grillées qu’il transbahutait de foire en foire, dans le Vermont, et que ça ne marchait pas très fort jusqu’à ce qu’il comprenne que ce n’est pas des saucisses qu’on vend, c’est le grésillement du gril. ‘Tu dois être un marchand de rêves’ disait-il.

Le monde se divise en deux catégories de gens : les pigeons et les arnaqueurs. Et tous les rapports humains - en politique, en affaires, en amour - peuvent se décrire en termes de qui sont les pigeons et qui sont les arnaqueurs.