J'ai réinventé le passé pour voir la beauté de l'avenir.
L.Aragon - Fou d'Elsa
Mais c'est le paysage qu'on a aimé dans son enfance qui parle la vraie langue du cœur, et quel qu'il soit, il est toujours le plus beau.
Juliette eut chaud avant même d'avoir allumé le feu. Les flammes sortirent du bois, crépitantes, déchiquetées, de belles guenilles de luxe. Cela vous tient compagnie, le feu, son mouvement, le bruit meublent la solitude... On le regarde vivre, se démener... Se sautes d'humeur, ses trépignements, ses jaillissements, sa perfidie, et comme il se fait tout petit, comme il se tapit sous une bûche, on le croirait mourant, mais c'est alors qu'il se lève haut et clair ! Sa gaieté cascadeuse, ses débordements, ses appétits illimités et le calme brûlant des braises...
(Les Amants d'Avignon)
Lyon était devenu complice de sa vie, de son travail: la bouche cousue des maisons, le noir secours des traboules, l'absence d'élégance et de frivolité de ces grands murs lépreux, et ce qui se tisse de luxe derrière eux, ce qui s'y amasse de trésors, ce qui s'y trame à voix basse...
C'était une femme très agitée à son ordinaire, rien que de l'entendre parler intarissablement comme un robinet qu'on aurait oublié de fermer, on avait l'impression de perdre pied dans toute cette eau.
Qu’aurais-tu écrit s’il n’y avait pas eu la guerre ? Qu’aurais-je écrit ? Autre chose, voilà qui est certain. J’ai toujours écrit librement, comme les Parisiens traversent la rue, sans me préoccuper des clous ni des voitures. Mais le sens, l’itinéraire, dépendent de ce qu’on a à faire dans la vie. [...] La littérature de la Résistance aura été une littérature dictée par l’obsession et non par une décision froide. Elle était le contraire de ce qu’on décrit d’habitude par le terme d’engagement, elle était la libre et difficile expression d’un seul et unique souci : se libérer d’un intolérable état de choses.
Un maquis c'est un endroit où se cachent ceux de la relève. C'est un îlot de résistance, comme qui dirait, des partisans qui se préparent à faire la guérilla.
L'importance de l'art dans la vie d'un artiste dépasse l'entendement de la plupart des gens. On comprend la passion chez un savant, chez un révolutionnaire, dans le monde social, mais on l'admet mal chez l'artiste. Vivre et se battre à mort pour la poésie, la peinture, la musique, le théâtre, voilà qui dépasse l'entendement ! Et pourtant je n'ai pas besoin de citer des exemples pour affirmer la réalité de ce combat. Le thème de la gravité de l'art qui ne plaisante pas avec l'artiste, ce qui lui demande sa vie, morale et physique. Ce thème est celui de mes romans.
Le "style" est la peau d'une chose écrite et non "son vêtement", l'enlever n'est pas la déshabiller, c'est l'écorcher !
Avec chaque jour qui passe, on est plus fatigué, si bien qu'un jour la fatigue est si grande que l'on ne se réveille plus. ( p. 284)