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Dès que j'ai vu la couverture de ce roman graphique, il m'a intriguée, attirée par ses couleurs, franches, nettes, par ce personnage qui se tient derrière cette femme assise sur la plage. Je ne connaissais rien de l'histoire mais cela m'intriguait.

Ma bibliothèque ayant eu la bonne idée de le proposer, je n'ai évidemment pas hésiter et j'ai été conquise par ce récit.

Chacun se fait sa petite histoire à lui, à elle mais on suit Fabienne dans sa déambulation dans cette ville de vacances. Fabienne elle parle peu, elle regarde, elle observe beaucoup, elle ressent, elle découvre cette parenthèse inattendue qu'elle va faire en solitaire. On sait très peu de choses de son passé, quelques effets de Roland, un petit carnet où il a consigné tout ce qu'il avait prévu, tout réglé. Je me suis posée la question : était-elle heureuse avec lui, ne réalise-t-elle pas que cette semaine seule est l'occasion de se découvrir elle-même.

Entre ce que Roland proposait et ce qu'elle aime n'y a-t-il pas un fossé ? Ne préfère-t-elle pas flâner dans les rues, s'allonger sur la plage, nager plutôt que d'aller dans les arènes, regarder le monde qui l'entoure. Elle ne voulait pas venir ici, lui voulait retrouver le lieu de ses vacances d'enfant.

Ou alors est-ce une manière de rester encore un peu auprès de lui, parce qu'il avait tout prévu et que c'est une manière de vivre encore quelques instants auprès de lui. Il reste près d'elle comme une ombre (comme sur la couverture), comme un fantôme mais qui la guide dans le dédale de cette ville inconnue pour elle.

J'ai beaucoup aimé les illustrations qui retranscrivent tellement bien l'ambiance de ces villes touristiques, l'arrivée de toute une population qui veut profiter au maximum des vacances, les plages avec les différentes activités et surtout les visages tellement expressifs, tellement vrais des scènes de la vie mais aussi de ce que ressentent les gens.
 
Pas d'abondance de textes et bizarrement leur sobriété n'est pas pénalisant : quand on y regarde de plus près ou qu'on en fait une deuxième lecture comme je l'ai fait, on lit tellement de choses sur les visages, sur les situations que tout texte supplémentaire aurait été de trop. C'est un roman graphique de sensations : c'est du ressenti, des impressions, des souvenirs qui se gravent, des pensées ou simplement l'absence de pensées, simplement vivre l'instant, ressentir les choses

Fabienne est-elle dans le déni, en état de choc, Fabienne comprend-elle réellement ce qui lui arrive ou décide-t-elle de refermer une page de sa vie, à sa manière, de commencer une autre vie en respectant les derniers projets de son compagnon. On ressent totalement l'évolution du personnage au fil des pages, elle a fait un chemin, son chemin, moi je l'ai trouvé plus légère à la fin du récit, comme si elle avait pris sa vie en main, qu'elle décidait désormais de ses choix.

Le fait que les auteurs ne donnent pas les clés de leur histoire, permet à chaque lecteur (ou lectrice) de se faire sa propre interprétation, de s'interroger, comme Fabienne qui oscille dans ses décisions, évoluant au fil des jours, changeant d'avis parfois au dernier moment. Pourquoi ? La réponse il n'y a qu'elle qui la connaît, c'est sa vie, c'était son couple, c'est sa façon de vivre la situation.
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C'est un été ensoleillé à Palavas-les-Flots, il y a un peu de vent.
Roland, la cinquantaine, pointilleux, hyper organisé, et sa femme Fabienne ont loué un appartement aux Acacias, dans un immeuble standard des années 70 situé légèrement en retrait du front de mer. Il est bien indiqué dans les papiers que l'accès à la location ne sera pas possible avant 14 heures…
Alors, pour patienter, Roland se gare à deux pas de la plage et propose à sa femme une promenade.
Mais le vent fripon, le vent maraud, ne lui laissera aucune chance. A peine cinq minutes se sont-elles écoulées que… COUIC !... la tôle d'un panneau publicitaire mal attaché et emporté par une violente bourrasque vient lui décoller le chef.
S'en est fini ; à peine arrivé, Roland n'est déjà plus qu'un cadavre et sa mort, un fait divers d'une terrible absurdité.
Passé la stupeur et le déni, Fabienne va faire le choix de rester à Palavas pour suivre scrupuleusement les consignes de son ex-époux afin d'occuper cette semaine de congés ; son carnet de voyage – qui apparait comme un bien étrange legs posthume – lui sera précieux et ses pas l'amèneront à faire d'étonnantes découvertes…
Quelques personnages principaux, quelques personnages secondaires et une foule de figurants, des jean-foutre et des gens probes, tous aussi intéressants les uns que les autres.
Les dessins d'Hubert Chevillard sont d'une grande beauté et d'une grande humanité. Ils sonnent juste et exsudent de tendresse.
C'est au fond un très bel album sur la condition humaine !
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Les premières images sont des images de vacances, de douceur de vivre, jeux de plage, bronzette, balade en vélo, déambulation sur un front de mer. Images classiques des vacances dans une station balnéaire.

Roland et Fabienne arrivent à Palavas pour prendre possession de leur location mais il est trop tôt. Ils décident de découvrir la ville en se promenant le long de la plage. le vent se lève, devient plis violent emportant les parasols, agitant les cerfs volants. Un panneau publicitaire est arraché et va décapité Roland ce qui laisse Fabienne dans un état de sidération. Évidemment, les secours ne peuvent que constater la mort de Roland.

Fabienne va décider de rester pour la semaine comme prévu initialement. Roland était un homme méthodique, organisé, ne laissant nulle place à l'improvisation. Il avait organisé la semaine de vacances, tout est noté dans le carnet que Fabienne a. Fabienne s'installe dans la location et découvre la ville, ayant parfois des moments de terreur quand le vent se fait trop fort... Elle décide de ne pas se rendre à l'enterrement. Elle va suivre le programmé établi par Roland mais va rencontrer un étrange personnage, Paco, aux antipodes de Roland.

Tout au long du séjour, Fabienne va croise régulièrement Paco, pas toujours par hasard, ni de sa part part ni de celle de Paco. Fabienne s'attache à suivre les étapes prévues par Roland. Est-ce une forme de pèlerinage, un forme d'hommage au disparu ? Est-ce un moyen d'entreprendre le deuil ?

Fabienne ne semble pas vivre pour elle, mais semble vivre par procuration ce que Roland avait prévu pour eux, pour elle. Elle se moule dans ce projet, la seule variante étant la présence de Paco. La fin du séjour verra l'évolution de Fabienne qui va finir de vivre sa vie par procuration.

C'est une BD étrange, une approche particulière du deuil. C'est aussi une forme de parcours initiatique pour Fabienne. Elle va suivre ce que Roland avait prévu comme pour mieux s'en détacher et avancer vers le futur. La Fabienne que Roland connaissait va évoluer au fil des rencontres, Paco l'ouvrant sur un autre univers.

J'ai beaucoup aimé le trait et les couleurs de Hubert Chevillard, les tons utilisés sont apaisants, les paysages sont très réalistes. Les scènes de vie sont très "vivantes", les personnages toujours très en mouvement. On a vraiment l'impression d'un reportage sur des gens ordinaires dans une vie ordinaire. J'ai aussi aimé le jeu avec les lumières, l'alternance entre le clair et l'obscur. Les expressions des visages sont très réalistes sauf pour le visage lunaire de Fabienne, un peu comme un Tintin féminin.

Le scénario de Lewis Trondheim se déroule sans heurt comme suivant l'agenda de Roland en intercalant des séquences plus personnelles de Fabienne. Nous assistons à la transformation de la vie de celle-ci, en quelle sorte à son émancipation, à sa sortie de la domination de son compagnon ou de l'emprise des hommes.

Une belle découverte pour moi, belle BD au graphisme attrayant.




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Stupéfiant ! Après un début qui m'a laissé abasourdi et avoir revu plusieurs fois la même case pour être sûr d'avoir bien compris, je me suis retrouvé dans la même sidération que Fabienne.

Et c'est tout le génie de cet album que de nous plonger immédiatement dans le sujet, de nous permettre cette identification surréaliste à cet événement invraisemblable

C'est à Palavas, au bord de mer, Fabienne et Roland qui désirent un enfant vont passer une semaine de vacances bien organisée et…

Une magnifique bande dessinée, un chef d'oeuvre de sensibilité, un scénario millimétré avec un dessin poétique au cordeau !

Splendide !
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Que fair quand on arrive dans un endroit de rêve, avec des projets plein l'agenda et que son compagnon meurt dans des circonstances tragiques à peine la voiture garée? On arrête tout, on rentre et on enterre son mort. Ou, tant pis, on fait seul ce qu'on avait prévu de faire à deux... c'est cette dernière option que choisit Fabienne.
Je n'ai pas été franchement séduite par cette BD que j'ai trouvé relativement terne et sans émotion malgré la teneur du propos. Je n'ai pas été touchée, je n'ai pas été émue.
Le dessin est sympa mais froid.
Bof
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Palavas-les-flots sous un ciel d'été. Les cheveux au vent, le sourire aux lèvres, la petite robe à bretelles, Fabienne contemple avec bonheur la mer qui s'étend à perte de vue. Dans sa main s'est glissée celle de Roland, son amoureux. Avant de rejoindre leur location de vacances, leurs pas les mènent sur la plage… À peine le temps de fouler le sable chaud qu'une violente bourrasque surgit, entraînant avec elle un auvent en tôle. C'est l'accident… mortel. Roland s'écroule, Fabienne est sonnée, pétrifiée. Autour d'elle, les gendarmes lui parlent, les touristes sont en émoi… elle avance telle un automate, prend le carnet sur lequel Roland a tout consigné : les lieux à visiter, les promenades à faire, les événements à ne pas manquer, l'adresse du restaurant où il lui a réservé une surprise… Sidération déni ou respect du « programme »de Roland comme un hommage, Fabienne décide de rester sur place et suivre précautionneusement l'organisation qu'il avait imaginée.

On marche au côté de cette femme, le corps flottant, le chagrin en-dedans, le regard dans le vide, les pensées engourdies. On la suit dans son errance où l'absurdité de la mort se mêle au sens de la vie. Avec elle on rencontre Paco, un homme singulier aimable et bienveillant. On est tour à tour grave et souriant, abasourdi et songeur, toujours touché.

Les mots sont rares mais pesés, les dessins sont inondés d'une lumière douce et empreints de sensations. On est dans l'intime. On tourne les pages en suspension, accroché à l'histoire, attaché à cette femme. Dans le silence de sa solitude, alangui. Et lentement, on redescend…


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Mazette ! Je ne m'y attendais pas ! Je n'avais parcouru nul synopsis, pour ne pas m'en altérer le plaisir, bien m'en a pris. Gardez-vous des descriptions, des résumés et autres condensés, ne comptez pas sur moi pour vous révéler quoique ce soit, je suis une tombe au royaume des muets. Faites confiance à ce duo d'auteurs, et savourez l'inconnue. Pour ma part, j'ai été littéralement saisi, surpris, happé par ce début d'histoire, pourtant mutique. le dessin agréable et personnel d'Hubert Chevillard m'a totalement pris de court, armé du scénario de Lewis Trondheim. Bien malin celui qui s'attend à pareil scénario ! Comme il fait plaisir d'être ainsi ballotté, désarçonné, secoué sur ses fondations dans un grand rire inattendu et nerveux. Bravo aux auteurs ! J'avais les zygomatiques tendus comme rarement !

Tout d'abord, joli coup de coeur pour le trait d'Hubert Chevillard que je découvre ici (j'ai toujours voulu lire sa saga "Le Pont dans la vase" (avec Sylvain Chomet), sans jamais ne l'avoir croisée dans mes bibliothèques ni mes bouquinistes). Voilà une belle approche de son travail. Le trait est brillant, léger, plein de mouvement, on sent le crayon, les esquisses dessous, le travail à l'ancienne, c'est attirant et fleure bon l'authenticité, l'artisanat sincère, sans triche informatique.
Côté mise en scène, l'homme aime à nous balader, nous endormir un peu pour mieux nous surprendre trois cases plus loin. C'est très plaisant, vif et vivant. Les longs passages sans dialogues sont divertissants à souhait, sans lassitude, on en voudrait toujours plus. On mesure le temps passé, les vacances présentes, les touristes bien brossés, les petits moments, les moindres détails, jusqu'à diffuser un parfum de poésie dans cet amoncellement d'instants de vies volés. On ne voit vraiment pas passer les 126 pages de cette épopée fine et sensible, humaine.

Côté dialogues, Lewis Trondheim fait mouche (pour citer une de ses références). On peut pourtant parler d'économie de mots dans cet ouvrage. Mais alors, à chaque ouverture de clapet, c'est pensé, direct et souvent comique. Il faut dire que la situation crée un tel décalage que tout sonne absurde, sensible ou drôle (n'insistez pas, vous ne saurez rien ici). Un bien bel ouvrage, vraiment.

Enfin, je tiens à remercier les éditions "Rue de Sèvres" et le site Babelio pour leur "Masse Critique Graphique". J'ai reçu cette bande dessinée en offrande en échange d'une critique neutre et sentie. Je dois admettre que c'est un véritable cadeau, tant l'ouvrage m'a séduit. Longue continuation à cette opération généreuse, c'est une chance, et une belle alternative à la promotion habituelle.
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Seule parmi les vacanciers souriants, heureux, bronzés, elle suit étape par étape tout ce que Rolland avait prévu. Elle se laisse porter par les évènements et même les rencontres. L'étrange Paco, fasciné par les meurtres étranges tient une boutique de produits asiatiques et urine dans une bouteille en verre. Ils vont partager quelques moments de convivialité comme un repas pré-payé avec vue sur la mer. C'était un homme très organisé ce Rolland. Fabienne est impassible. La vie continue autour d'elle. Les plans centrés sur le visage du personnage principal ou des scènes quotidiennes apportent une douceur incroyable à cette tragique histoire. Les teintes chaleureuses contribuent à apporter un côté solaire, une chaleur incroyable. En tournant les pages, un sentiment d'empathie se développe pour Fabienne. On l'accompagne dans son deuil. Il va falloir prendre un nouveau départ alors faisons le plein visuel de bonheur simple et authentique. 

Un plaisir de lire une bande dessinée où l'osmose entre deux créateurs racontent une histoire dépassant les limites du sensible. A lire absolument.
Lien : http://22h05ruedesdames.com/..
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Une fois n'est pas coutume, je serai moins sévère sur ce récit qui a réussi à me séduire d'une certaine manière. Il est vrai que je n'avais pas très bien compris le début avec cette mort pour le moins étrange. Je ne savais pas à la vue des cases ce qui avait pu provoquer cela car on aurait dit un livre et non un panneau métallique.

Cela pourrait presque paraître comique si on ne ressentait pas toute la stupeur et la souffrance de cette femme qui accompagnait la victime sur les lieux de cette plage touristique. Elle décide de rester pour vivre pleinement à sa manière ce deuil ce qui constitue la base de ce scénario osé.

Par la suite, on rencontrera un local un peu déjanté mais qui nous fait prendre conscience qu'on est tous quelque part le touriste de quelqu'un d'autre. Il est vrai que le coût de 2€ le petit ascenseur révèle le désir faire taxer un peu plus le contribuable en vacances en le prenant pour un pigeon. Il est clair que voir la réaction du local également contribué de force m'a bien fait rire.

J'ai bien aimé le style d'écriture de l'auteur et surtout le dessin qui m'a séduit avec ses plans particulièrement travaillés. On est véritablement captivé par cette histoire au final très touchante.
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La vie joue des tours, de vilains tours. Des épreuves violentes auxquelles il faut faire face, coûte que coûte, la tête en déroute, le coeur en berne, abruti, choqué. Les décisions se prennent - quel est le juste sens ? – parce qu'il faut avancer – comment, pourquoi ? – Se nourrir, vivre, sourire, un pas puis un autre, un regard, quelques mots, c'est la vie. Fabienne vit ses vacances, un peu par procuration, comme s'il était là, à tenir sa main, à parler, lui qui a tout prévu, sauf l'imprévisible.
Un roman graphique très émouvant, au rythme du temps que l'on s'accorde ; un répit avant la chute, une parenthèse de l'indicible, quelques instants volés – un peu de rêve, un peu d'illusion, puisqu'il faut continuer.
Les graphismes donnent le ton : douceur dans le chaos, chaleur dans la douleur. Des jaunes, des bleus, des courbes fines et harmonieuses, des traits fluides et fondus. Un beau rendu.
Un roman sur le deuil, sur la violence des sentiments, sur la liberté et la vie.
Lien : http://aufildeslivresblogetc..
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