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« Au loin, le bateau poursuivait sa course. Artie passa une main sous l'horizon pour le recueillir dans sa paume, avec la mer et le reste du monde. Un corbeau dansait dans le ciel au-dessus de lui. »

Un roman complexe, dérangeant et magnifique. Un livre qui mérite sans doute plusieurs lectures pour absorber toutes les nuances. J'ai particulièrement apprécié cette oeuvre qui m'a égratignée, scotchée, déroutée et profondément touchée par la subtilité de la psychologie des personnages qui est d'autant plus aboutie que les non-dits sont écrits. On voit l'écart entre les paroles et les pensées et on peut s'y reconnaître à un moment ou un autre. Les thèmes sont difficiles : la religion, les liens familiaux, le sexe, la violence, l'homosexualité, le racisme, l'immigration et l'intégration dans la société des années 90 en Australie. Évidemment je connaissais les problématiques aborigènes, mais je n'avais pas pensé aux immigrés italiens, grecs ou asiatiques qui constituent une partie de la population et aux incidences culturelles et religieuses qui en découlent. Dans cette famille le père est italien, la mère grecque et ils ont trois fils, Tommy, Dominic et Luigi. Trois enfants différents. Australiens ? C'est une des questions. L'auteur fera parler à tour de rôle les hommes de la famille, nous replongera dans les racines de la famille en remontant le temps parfois et tous parleront d'eux, de leurs frères, père et mère. La mère autour de qui gravite la famille. Il y a d'autres femmes qui entreront dans la famille et toutes ont une place importante dans le roman. C'est un livre fort, très fort qui laisse le lecteur libre car il ouvre le questionnement au travers des voix et des souffrances qui s'expriment. Entre Tommy qui se voit comme une « espèce de sale gros con obèse » qui boit pour retrouver un monde avec « un aspect accueillant », le père Artie qui a eu une jeunesse où dans sa famille « ils se turent » ou encore Luigi qui « essaie de le penser à rien. Un rien si pur, si beau. » Et pourtant, c'est peut-être lui qui pousse le raisonnement le plus loin pour comprendre les origines de ces corbeaux. Mais il y a surtout de l'amour dans ce roman, de l'amour mal canalisé, de l'amour mal exprimé ou pas dit, ou de l'amour unilatéral mais c'est de l'amour. du tout pur aussi pour Betty, cette petite métisse qui a tout l'avenir pour trouver son chemin.

« Le tableau solennel de sa grand-mère exclue avec lui de son Église restera pour Artie le témoignage tangible d'un Dieu mauvais. Il grandit sans croire aux promesses de sa confession, mais dans la beauté et le désespoir du bannissement. »
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'Jesus Man' est le roman d'une génération australienne en perte de repères. Les 3 fils de la famille Stefano font face à des problèmes d'identité culturelle, sociale, sexuelle et religieuse :
- fin de l'identité culturelle : ils sont partagés entre une Australie où le racisme se développe, où les 'Aussie' les considèrent comme des 'métèques'et une Europe dans laquelle ils ne se reconnaissent pas et qui ne les reconnaît pas,
- fin de l'identité sociale : la classe ouvrière, symbolisée par leurs parents, n'existe plus. Leur génération subit une révolution technologique, le chômage de masse et la paupérisation,
- une orientation sexuelle difficile : à une époque où la pornographie devient de plus accessible, les fils Stefano ont une sexualité tourmentée : attirances diverses non assumées, attraits morbides, pratiques en marge...
- fin de l'identité religieuse : ils sont partagés entre les différents courants du Christianisme (catholicisme, protestantisme, orthodoxie), sans jamais dépasser une vision païenne. Ces religions finiront par les bannir.

Les Stefano sont sous le couperet d'une malédiction familiale. Les corbeaux apparaissent au détour des pages pour rappeler aux personnages une fatalité implacable.

Les symptômes d'une société australiennes de la fin du 20ème siècle en crise sont traités dans ce roman : montée du racisme, du chômage, de la violence, la drogue, le multiculturalisme, l'omniprésence du sexe...

J'ai deux reproches à faire à ce livre. Des passages sont dérangeants mais il est vrai que ces descriptions très crues vont dans le sens de la démonstration de l'auteur. Les parties du roman sont inégales.
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Le succès de la gifle a permis la traduction de l'un des premiers romans de Christos Tsiolkas, Jesus Man, écrit en 1999. le livre est une descente aux enfers, racontée avec une extrême crudité, d'un type perdu qui se vautre dans la pornographie et les fantasmes les plus obscènes, détaillés jusqu'à l'écoeurement. Plus que du Easton Ellis, il y a du Pasolini dans ce roman de l'auteur australien qui, à travers son héros auto-destructeur et nihiliste, pointe encore une fois du doigt les dysfonctionnements d'une société australienne laquelle, sous le vernis, se révèle violente, raciste, intolérante. Surtout envers les "métèques", soit les immigrés d'origine italienne ou grecque, dont le cocon familial est un havre de paix dans un environnement hostile, et qui donne les seules pages sereines de ce livre hanté, glauque, trash et désespéré sans autre échappatoires possibles que le sexe, l'alcool, la drogue et la mort. Si Jesus Man ne provoque pas un rejet immédiat, c'est pour son aspect viscéral, ses moments de pause, son évocation sensible de l'exil et de l'enfermement, ses portraits chaleureux de personnages secondaires (la mère, socialiste grecque au tempérament solaire). Reste que le roman, parfois complaisant dans les situations scabreuses, est assez souvent à la limite du supportable.
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Tommy Stefano, cadet d'une famille grecque immigrée en Australie, ne s'est jamais vraiment senti bien nulle part. Ni dans sa famille, où son père et son frère sportifs ne le comprennent pas, ni dans son travail dans l'imprimerie, où l'arrivée de l'informatique le rend vite obsolète. Licencié et sans le courage de se reconvertir, Tommy s'isole et se réfugie dans les émissions de télévision lobotomisantes et la pornographie, se laissant sombrer dans une spirale de culpabilité et de haine de soi sans retour.

Portrait déprimant et sans concessions d'une société australienne dévorée par la télévision et les images de violence et de sexe qu'elle renvoie, Jesus Man est un livre très dur, que j'ai eu du mal à finir mais qui m'a beaucoup frappée. Je le recommande à ceux qui voudraient d'autres perspectives sur l'Australie, en particulier sur le racisme très présent.
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Jesus man
Christos TSOLKIAS

Dans l'Australie des années 70 à fin 90 vit une famille italo-grecque composée du père Arturo de la mère Maria et leurs 3 fils : Dominique marié, entrepreneur et père de 2 enfants.
Thomas alias Tommy qui travaille dans une société de plans et fréquente Soo Ling d'origine Chinoise.
Et Luigi surnommé Lou, le plus jeune qui aimerait tant suivre ses aînés qu'il adule.
Nous allons suivre le destin de chacun dans leurs chapitres respectifs mais surtout Tommy qui va sombrer à la perte de son emploi : dépression, obésité puis maigreur extrême, addiction au vidéos de sexe et séances masturbatoires ( valable pour les 3 frères), plongée extrême dans la religion jusqu'au drame ultime.

Ce que je peux dire de ce roman c'est qu'il est dramatique parce que cette famille porte le poids de son passé grec et italien.
La croyance en la malédiction des corbeaux.
La folie qui s'empare de Tommy, le détachement protecteur pour lui-même de Dominic et la difficulté de Lou à se trouver une place dans le monde et dans cette famille où Maria fait figure de matriarche exilée dépassée et Arturo qui tente de protéger sa femme tant bien que mal.
Un roman qui plonge au confins du désespoir et de la perte de repères.
Un roman noir avec des évocations et des scènes de sexe très fréquentes et dérangeantes.
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Frappé par la malédiction de ses ancêtres, Tommy vagabonde au coeur des eighties, dans une existence qui le laisse en marge. Licencié, il se mure bientôt dans la violence et la pornographie, sondant le fond de l'abîme ou il ne lui reste qu'une question à résoudre : jusqu'ou pousser le sacrifice pour expier la société moderne ?



Histoire dérangeante à l'écriture crue au réalisme profond.

L'histoire de différences culturelles, sexuelles, religieuses, politiques. Des personnages troublants qui cherchent leur place dans cette Australie lointaine et méconnue. Un roman fort, dur, sans faux semblant, politiquement incorrect qui m'a profondément troublée. Un livre, une histoire comme je les aime, pragmatiques avec une jolie petite lueur d'espoir.

Bref, une grosse claque....
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Découverte d'un auteur. En Australie, des les années quatre-vingt dix, trois frères, issus d'une famille italo-grecque, se débattent avec eux-mêmes. L'aînée garde la tête hors de l'eau en se mariant et en menant un semblant d'existence rangée, le second bascule dans la folie et la destruction et le troisième, mal en point, cherche sa voie.
Les passages qui évoquent l'enfance horrible de chacun des parents de ces trois garçons mettent bien en lumière une violence terrible qui ne pourra que se ramifier.
Le roman m'a intéressée mais j'ai eu du mal avec la crudité de certaines scènes et cette souffrance destructrice qui condamne d'avance les personnages.
Un bilan mitigé car, pour aborder des thèmes similaires, j'aime davantage un trait plus fin...
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Bon, autant commencer par le commencement : j'ai rarement lu un bouquin aussi violent. Et pourtant vous parlez à une fan d'Easton Ellis et d'Irvine Welsh. Violent parce que l'auteur sonde les tréfonds de la solitude face à la pornographie et s'adonne pour ce faire, à des descriptions à la limite de la gerbe. (A ne pas mettre entre toutes les mains donc, clairement.)

Mais c'est une écriture qui s'avère finalement indispensable pour décrire une Australie à la dérive, le cul entre deux décennies, qui ne fait aucune place aux « métèques », les personnes issues de l'immigration grecque et italienne, et qui donne naissance à des erreurs dans le genre de Tommy, conditionnées par un profond mal-être, par la violence et par la consommation facile et putride : télévision, alcool, drogue et sexe en solitaire. Parce que la pornographie ne se résume pas aux vidéos dans lesquelles Tommy s'anéantit, mais réside aussi dans la surenchère de faits divers décrits à la télé, dans les journaux, avec une complaisance insupportable, dans la junk-food avalée honteusement… le tout se superpose jusqu'à l'écoeurement, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien que le désespoir. C'est dans ces parallèles que l'auteur révèle à mon sens tout son talent.

La narration est particulièrement intéressante, à plusieurs voix : les histoires des frères Stefano s'enchainent : Dominic, Tommy et puis Luigi, le petit dernier, le seul qui dit « je » et peut-être l'unique espoir d'une famille grecque marquée par une étrange malédiction, perdue au beau milieu d'une Australie hostile.

Jesus man est une lecture éprouvante, crue, définitivement sombre et pessimiste dont on ne ressort pas indemne : et c'est tant mieux. Amateurs de réalisme insupportable mais utile, foncez.
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
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Roman choc s'il en est qui décrit les péripéties et drame d'une famille grecque en Australie. Ce récit est d'ailleurs un prétexte pour dresser un portrait au vitriol et une description sans concession de la société australienne. Emploi, racisme, chômage, sexe, moeurs, multiculturalisme non assumé, perte d'identité sont autant de thèmes que l'on pourrait transposer sans peine en France. Il est d'ailleurs intéressant de les voir traités pour analyser un autre pays et à la façon de Tsiolkas. Dialogues tranchants, avis tranchés, scènes sexuelles dérangeantes, rapports familiaux poignants et choquants ce roman suinte d'angoisse et de désespoir. On peut penser à du Larry Clark romancé, ou à du Irvin Welsh. C'est dans un style brut avec la volonté de nous planter dans les yeux un décor qu'on ne veut pas voir au quotidien, avec une vulgarité non feinte mais subtile que l'on se prend à réfléchir sur notre propre identité et nos propres pulsions, nos préjugés mais aussi nos attachements et nos réflexions. Un roman utile et vif.
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Roman noir, glauque et même violent, sans affection, à ne pas mettre entre toutes les mains.
Les personnages traversent leur vie presque sans but et on ne les envie pas une seconde, on voudrait pourtant s'attacher à eux mais la crudité des mots nous retient. Histoire de familles d'immigrés grecs qui a tout fait pour s'intégrer en Australie jusqu'à ne plus parler le grec comme tant de familles d'immigrés qui ne font plus partie de leur pays d'origine et qui ne font pas partie non plus de leur pays d'accueil. le mythe de l'Australie bienveillante est mis à mal. Tout compte fait, ici ou ailleurs, les histoires se répètent : racisme, chômage, pauvreté, ignorance...
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