- La force des mots, dit-il, c'est la force des rêves.
Plus les jours passent, plus je lis lentement, et plus les mots s'ouvrent comme de multiples printemps.
Le soir venu, pour mon plaisir, j’entretiens la pensée que même dans la mort, je suis désobéissante. (p. 81)
Nous habitions maintenant un espace en dehors de la loi, et ce n'était pas parce que nous étions morts. C'était parce que nous avions continué à lire, contre le monde... (...)
J'ouvre le premier flacon. Orange et bergamote maquillent un court instant la petite salle moisie. Le deuxième parfum demande plus d'attention, c'est la mandragore, un poème au paysage surréel dessiné lorsque j'étais vivante. Le troisième est une soirée paisible après la mousson. C'est celui que je portais quand je suis morte.
Mes élèves viennent d’entrer.
J’ai envie de leur raconter. Que Can Xue écrit pour se venger, pour exhaler des bouffées de miasmes. Cela irait à l’encontre de tout ce qu’ils ont appris. La littérature concevable et guérisseuse. Je choisis plutôt, pour l’instant, de leur parler de la couleur rouge et des ginkgos.
-«La poésie te charme, écrit Can Xue en exergue du premier dialogue. Elle te charme, afin que tu crées des miracles». Que veut-elle dire? (p. 30)
Une chose qui n’existe pas ne peut nous être enlevée !
La rébellion commence avec la connaissance !
Les mots ne signifieront bientôt vraiment plus rien. Il aurait fallu les entreposer avec leurs souvenirs dans des bocaux remplis de formol, y enfermer aussi l’essence d’un être afin de le libérer à un moment comme celui-ci.
Me voici enfin sauvée par mes élèves, les enfants de la fleur humaine et sauvage.