AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,19

sur 24 notes
5
3 avis
4
2 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Through the sorrow, all through our splendour
don't take offence at my innuendo..."
(F. Mercury)

Dans une petite ville autrichienne, l'an de Notre Seigneur 1590, apparut un jour un mystérieux étranger. Il savait faire des choses étonnantes et prodigieuses, et son nom était... Satan.

Difficile à croire que cette histoire sort de la plume de Mark Twain, d'habitude si pleine d'humour - même si c'est un humour qui n'épargne rien ni personne. Cette nouvelle déborde d'amertume, que ce soit envers la race humaine ou envers ses institutions.
Twain a travaillé dessus presque vingt ans, sans jamais aboutir à une version définitive; il en existe donc plusieurs. Et cela reflète ses pensées durant la période la plus sombre de sa vie. Trois de ses quatre enfants et sa femme sont morts les uns après les autres, son entreprise fait faillite...
Comment notre "bon Père qui est aux Cieux" a pu permettre ça ?

Nous donc voici à Eseldorf - ce "village des ânes", comme on pourrait le traduire. Les enfants y sont élevés pour devenir les citoyens parfaits; c'est à dire - juste ce qu'il faut d'éducation pour ne pas trop penser par soi-même, et de se fondre parfaitement dans le troupeau.
Trois garçons - Seppi, Niclaus et Théodore - font la rencontre d'un étrange personnage. Pas vraiment Satan en personne, mais son neveu du même nom, comme il se présente lui-même avant de leur montrer quelques tours incroyables.
Les jeunes gens sont tout de suite charmés.
C'est qu'il est très sympa, ce Satan, un véritable héros positif !
Beau comme le Diable et très amusant; on est loin de s'ennuyer en sa présence. Il peut construire des cités miniatures et les détruire aussitôt, avec tous leurs habitants. De montrer le passé, changer le destin, et se montrer très généreux en ce qui concerne l'argent. Sauf que...

Sauf que Satan a une piètre opinion de la race humaine. Il ne déteste pas les hommes, car "peut-on détester une brique ou un tas de fumier ?"
Non, il les observe avec un amusement détaché et cynique, qui horrifie parfois les trois amis. Et selon Satan, "l'humanité" n'est pas vraiment quelque chose qui nous fera nous gonfler de fierté.
Ridicules et pitoyables, voilà ce que nous sommes.
Fausse morale, hypocrisie, avidité, jalousie, mensonges et tendances à trouver les boucs émissaires - tout y passe !
Et les quelques excursions de Satan parmi les habitants d'Eseldorf ne font que confirmer ses dires.
"A quoi vous sert votre sens moral, puisque vous choisissez le mal neuf fois sur dix ?"
Et notre si glorifié "libre arbitre" ? On se perd dans l'étrange raisonnement de Satan, au point de penser nous tromper en croyant que l'on l'a. Nous ne percevons peut-être que la surface des choses, qui nous fait penser que nous sommes maîtres de notre destin... ne sommes nous pas plutôt les esclaves de notre vision distordue et de la suffisance de la logique humaine ?
Tout dépend de l'angle de vue - ce que nous pensons d'être le "bien" n'est pas forcément vu comme tel par un être éternel.

Satan s'amuse des faiblesses humaines, et se moque des hommes dans ses discussions avec Théodore. C'est un beau parleur, capable de transformer le mal en bien et le noir en blanc. Mais même si on lui donne raison à chaque fois, on ne peut pas s'empêcher de soutenir le raisonnement de Théo. Parce qu'il est comme nous.
C'est peut-être ça, l'humanité ? Avec chaque nouvelle génération, on dit qu'elle est en train de partir en vrille. Mais ce n'est pas plutôt que nous étions, sommes et serons toujours pareil ?

La fin de l'histoire est d'un pessimisme absolu. Philip Traum (comme se fait appeler Satan à Eseldorf) dévoile le sens de la vie, et ce qui vient après...
Des choses réelles et des choses éternelles... et il me semble aussi que "traum", en allemand, cela veut dire "rêve"...

Alors, combien d'étoiles pour ce cher ami Satan ? C'est une belle histoire qui fait réfléchir, mais je me demande si Twain ne se laissait pas un tantinet emporter... tout n'est pas encore foutu !

Commenter  J’apprécie          575
L'étranger mystérieux de Mark Twain aux éditions de l'Oeil d'or, illustré par Sarah d'Hayer. - Une lecture fluide, de jolies gravures, quelques questionnements, de la science fiction, du rêve, mais aussi et surtout une critique puissante et violente de l'humanité. Petite lecture courte et agréable, plutôt déroutante par son statut de conte pour enfant, qui pour moi, après seulement quelques pages s'en éloigne complètement pour devenir quelque chose de satyrique et très sombre.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (69) Voir plus



Quiz Voir plus

Les aventure de Tom Sawyer

Quel est le prénom de Tom ?

Tom
thomas
willi
victor

3 questions
168 lecteurs ont répondu
Thème : Les aventures de Tom Sawyer de Mark TwainCréer un quiz sur ce livre

{* *}