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sur 227 notes
Blanche a fui le Rwanda en 1994, à la demande de sa mère, Immaculata, puisqu'elle a les papiers nécessaires pour le faire : elle est en effet la fille d'un blanc, dont elle ne sait que peu de choses. Immaculata, quant à elle, reste, attendant son fils Bosco, né d'une autre union, aux origines également tues, parti rejoindre les forces du pays pour se battre. C'est par l'intermédiaire de Blanche, de sa mère, et également de Stokely, fils de Blanche qui naîtra bien plus tard en France, que l'histoire de la famille nous sera contée, à partir du retour de la jeune femme chez elle, à Butare, pour revoir, enfin, sa mère et son frère, de nombreuses années après son départ.

Ce retour signera le début des révélations, faites au compte-gouttes, pour la jeune femme, quant à ses origines, à celles de son frère, à ce qui s'est réellement passé durant le génocide auquel elle a échappé. Révélations progressives, parfois délicatement concédées, parfois brutalement assénées lorsqu'il n'est pas possible de taire ou d'atténuer la violence qui en est à l'origine, dans tous les cas magnifiquement transmises via une plume sensible, à la rythmique souvent poétique, qui choisit ses mots pour donner toute sa force d'évocation à ce qui a été, pendant si longtemps, tu, dans la famille.

Révélations qui permettront à la jeune femme de mettre des mots sur son statut d'exilée franco-rwandaise, de donner corps à ce qu'elle n'a pas vécu, pour mieux comprendre ceux qu'elle a laissés, malgré elle, de permettre, enfin, à son fils, de connaître son histoire. Et à travers l'histoire de la famille, en partie autobiographique, qui nous est ainsi narrée, c'est la mémoire du génocide rwandais qui se rappelle à nous, magistralement.

Superbe roman en somme, que j'ai trouvé d'une grande justesse, et que j'ai lu d'une traite.
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"𝚅𝚘𝚞𝚜 𝚎́𝚝𝚒𝚎𝚣 𝚜𝚒 𝚗𝚊𝚒̈𝚏𝚜, 𝚖𝚎𝚜 𝚎𝚗𝚏𝚊𝚗𝚝𝚜, 𝚟𝚘𝚞𝚜 𝚜𝚎𝚖𝚋𝚕𝚒𝚎𝚣 𝚗𝚎 𝚙𝚊𝚜 𝚊𝚟𝚘𝚒𝚛 𝚎𝚗𝚌𝚘𝚛𝚎 𝚌𝚘𝚖𝚙𝚛𝚒𝚜 𝚚𝚞𝚎 𝚕𝚊 𝚐𝚞𝚎𝚛𝚛𝚎 𝚗'𝚎𝚜𝚝 𝚙𝚊𝚜 𝚍𝚎𝚜𝚝𝚒𝚗𝚎́𝚎 𝚊̀ 𝚛𝚎𝚗𝚍𝚛𝚎 𝚓𝚞𝚜𝚝𝚒𝚌𝚎. 𝙿𝚕𝚞𝚜 𝚝𝚊𝚛𝚍, 𝚓𝚎 𝚌𝚛𝚘𝚒𝚜 𝚚𝚞𝚎 𝚓𝚎 𝚟𝚘𝚞𝚍𝚛𝚊𝚒𝚜 𝚏𝚊𝚒𝚛𝚎 𝚌̧𝚊, 𝚝𝚞 𝚜𝚊𝚒𝚜, 𝚛𝚊𝚌𝚘𝚗𝚝𝚎𝚛 𝚍𝚎𝚜 𝚑𝚒𝚜𝚝𝚘𝚒𝚛𝚎𝚜, 𝚙𝚘𝚞𝚛 𝚝𝚞𝚎𝚛 𝚕𝚎 𝚝𝚎𝚖𝚙𝚜 𝚚𝚞𝚒 𝚊𝚜𝚜𝚊𝚜𝚜𝚒𝚗𝚎 𝚕𝚎𝚜 𝚐𝚎𝚗𝚜 𝚚𝚞'𝚘𝚗 𝚊𝚒𝚖𝚎, 𝚙𝚘𝚞𝚛 𝚝𝚛𝚊𝚌𝚎𝚛 𝚍𝚎𝚜 𝚟𝚒𝚛𝚐𝚞𝚕𝚎𝚜 𝚎𝚗𝚝𝚛𝚎 𝚑𝚒𝚎𝚛 𝚎𝚝 𝚍𝚎𝚖𝚊𝚒𝚗."
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Blanche, rwandaise, vit à Bordeaux après avoir fui le génocide des Tutsis de 1994. Elle a construit sa vie en France, avec son mari et son enfant métis Stokely. Mais après des années d'exil, quand Blanche rend visite à sa mère Immaculata, la mémoire douloureuse refait surface. Celle qui est restée et celle qui est partie pourront-elles se parler, se pardonner, s'aimer de nouveau ?
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Autobiographique, ce roman parcourt les âges dans le dédale d'un pays fracturé qui vit encore aujourd'hui sa rémission. Sous la tutelle d'une écriture fine et poétique, "Tous les enfants dispersés" retrace un historique familial à trois voix. Celles de générations distendues par les ravages d'une guerre qui a su faire naître la rancoeur et la peur dans les coeurs de ceux qui s'aiment. Au milieu de ce drame, un amour familial qui persiste, malgré son lot d'épreuves éprouvées et ses enfants parsemés aux quatre vents de la vie. Les trois filiations se succèdent, se rappellent et se transmettent, porteurs d'histoire ou héritiers métissés d'une mémoire qui ne peut ou ne doit, être oublié. C'est beau, touchant et saisissant, de ces liens intenses qui sèment la vérité et bâtissent l'espoir.
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Pour tous ceux qui aiment les histoires cachées sous les silences.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Blanche est née au Rwanda, et depuis 1994, vit à Bordeaux où elle a fondé une famille. Immaculata, sa mère, vit toujours dans son pays, avec ce qu'il lui reste de famille. Quant à Stokely, le fils de Blanche, il ne connaît pas le Rwanda de sa mère, ni sa grand-mère. Leurs trois voix interviennent tour à tour pour tenter de renouer le lien familial, distendu par l'éloignement. Il y a aussi la présence muette de Bosco, le frère de Blanche…
Je ne sais pas si cela vient d'une lecture un peu trop fragmentée ou inattentive, mais j'ai ressenti une certaine difficulté à entrer dans le roman, et à me situer dans la chronologie au début… Blanche est-elle revenu au Rwanda une seule fois en 1997 ou une autre fois ensuite, et raconte-t-elle un ou deux retours ? À partir du milieu du roman, j'ai pris mes marques et trouvé la fin très belle, et justifiant le chemin un peu ardu pour en arriver là.

Si j'essaye de voir ce qui m'a tenue à distance, cela vient sans doute de ce que j'ai pas mal lu sur le thème de l'exil et qu'au début, ce texte ne m'a rien apporté de plus par rapport à ces autres lectures, de même que sur le thème des relations mère-fille. Par contre, tout ce qui concerne le génocide de 1994 au Rwanda, et les traumatismes qu'il a engendrés, garde une force terrible par rapport aux autres sujets abordés.
J'ai noté aussi que ce qui concerne les noms (Blanche, Immaculata) ou la signification des prénoms dans la langue maternelle des deux femmes m'a semblé un peu lourdement appuyé, leur donnant un poids trop important dans le cours des vies. Par contre, lorsque l'auteure insiste sur le thème de la parole, ou des langues, cela se justifie, et présente un aspect très intéressant du roman.
Si je suis passée par des hauts et des bas avec ce roman, que cela ne vous empêche pas de le lire si le sujet vous intéresse et que vous en avez l'occasion !
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Il y a des livres, comme celui-ci, qui se reçoivent comme une offrande et se savourent, davantage qu'ils ne se racontent.
Le plaisir commence dès la couverture, aux motifs africains hyper colorés, montrant une femme, sa fille et son fils. Une famille, rassemblée en apparence, même s'il manque le(s) père(s).
Rwanda. Un mot effrayant, tant il est encore synonyme dans mon esprit de barbarie, de sang versé. Rien de plus atroce qu'une guerre civile, quand d'anciens amis / voisins / collègues, se mettent du jour au lendemain à devenir ennemis et à s'entretuer durant cent jours.
Mais le talent de l'autrice a su rendre un sujet douloureux, difficile, en une très belle histoire de filiation, de transmission, d'identité, d'amour, de résilience, de la vie dans toute sa complexité.
Enchevêtrement des monologues de la mère Immaculata et de sa fille Blanche, pensés ou écrits, mais non dits, car la parole est devenue trop difficile, même impossible pour Immaculata. le chagrin a mis un couvercle dans sa gorge. Immaculata s'adresse à son fils perdu, Blanche s'adresse à sa mère ; ce n'est pas encore un dialogue. Il faudra du temps, et l'amour d'un enfant de la génération suivante, pour que les mots sortent enfin.
Je trouve particulièrement approprié et émouvant que l'autrice cite « L'innommable » de Becket : « Il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer, il faut dire des mots, tant qu'il y en a… ». Des mots, certains doux et d'autres rugueux, pour rassembler, recoudre une histoire de vies déchirées, dispersées.
Un texte enchanteur, captivant, limpide, superbement écrit, avec des formules que l'on a envie de garder, de citer. Magnifique.
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Prix des cinq continents 2020, ce roman est l'histoire de trois générations qui ont survécu chacune à leur manière au génocide du Rwanda.
Immaculata, la grand-mère qui a vu son pays s'enfoncer dans cette horreur, Blanche, la fille, qui a pu s'enfuir en France et Stokely, le petit-fils qui ressent cette histoire par les non-dits des deux premières.
Le génocide demeure en toile de fond.
Il est surtout question des origines, de quête d'identité, de filiation et de transmission.
L'écriture est soignée et élégante.
Il y a un vent de poésie malgré la complexité, la dureté des thèmes abordés.
Un beau roman bouleversant.
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J'ai lu beaucoup de livres ayant pour thématique le génocide des Tutsi de 1994. C'est le premier qui aborde également l'afroféminisme et la question identitaire sous le prisme générationnel. Cela l'a rendu plus poignant et intéressant encore.

Trois générations, donc, portées par les récits d'Immaculata, la mère, Blanche, sa fille, et Stokely, son petit fils.
Dans ce récit à 3 voix, on parle sans détour des conséquences de la guerre pour les survivants. Même si le secret est en toile de fond, l'auteur ne fait pas l'impasse sur la description des blessures psychologiques que la guerre produit. La guerre peut bien s'être arrêtée, elle se poursuit pour les survivants.
Lien : https://mahunapoesie.com/chr..
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Une histoire très touchante même bouleversante. On vit l'impact des évènements sur la vie des 3 personnages principaux, la répercussion sur la construction adulte, les choix de vie conscients et inconscients. La transmission innée ou non à son enfant. Cette douceur au milieu de la violence et aussi cette volonté de ne rien oublier mais en continuant à vivre en ne faisant émerger que le positif.
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Ce récit nous emmène au Rwanda, plus précisément au moment du génocide des Tutsi en 1994.

Trois voix prennent la parole, trois générations qui ont été disséminées par la distance et les événements.
Immaculata a pu survivre malgré le génocide, en restant terrée dans une cave pendant trois mois. Sa fille, Blanche, a fui le Rwanda et s'est exilée en France où elle s'est mariée et a donné naissance à un fils.
Après plusieurs années, Blanche retourne sur sa terre natale. La mère et la fille vont devoir se réapprivoiser, estomper les meurtrissures de l'esprit, de l'âme et du coeur de chacune pour renouer les liens. La complicité intime qui va naître entre Immaculata et son petit-fils sera un baume apaisant et réconfortant.

Un récit très proche de la biographie, touchant, intime, qui montre l'importance de nos origines et leur impact moral pour chacun de nous.


Challenge ABC 2020 – 2021
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Une histoire à 3 voix ,la grand-mère,la mère,et le petit fils .
Une histoire générationelle impactée par le génocide rwandais des tutsis .Immaculata a vécu des atrocités ,sa fille blanche ,parti pour la France avant le drame ,ressent de la culpabilité d'avoir fui .Les liens vont ils etre renoués .C'est un combat nécessaire , pour la filiation ,la transmission à son fils stokely.
Pour sauvegarder ses racines ,il falloir faire preuve d'une grande compassion,et d'un extraordinaire faculté de pardon .
Un récif très beau et optimiste qui transmet une évitable envie de vivre
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Comment transmettre quand les mots n'existent pas pour raconter l'horreur ?

Immaculata qui s'est terrée dans une cave durant les 100 jours du génocide rwandais a réchappé à la barbarie où l'inventivité de l'homme n'avait pas de limites pour faire mourir son ennemi imaginaire de la plus atroce des façons. Immaculata n'est peut être pas morte sous les coups de machettes, n'a peut être pas subi la massue hérissée de picots, mais elle n'est plus vivante. Ceux qu'elle aimait ont tous été décimés.

Lui reste ses enfants. Bosco, à moitié Hutu et Tutsi, parti combattre... Et sa fille Blanche métissée d'un père français qu'elle a exilé en France peu avant, quand couvaient les prémices de la catastrophe.

Quand Blanche rentre au pays, elle tente de comprendre... Et elle deviendra une passeuse d'histoire malgré le mutisme de sa mère.

C'est tout en poésie et en suggestion que cette tragédie nous est contée. Elle laisse aussi deviner toute la complexité de la naissance de ce conflit soi-disant ethnique, dont les racines prennent naissance avec la racisation par les colons blancs, les responsabilités politiques belges et françaises et l'immobilisme de la communauté internationale.

Si vous avez aimé "Petit pays" (Gaël Faye), ce livre vous plaira certainement.
Quant à moi, il m'a donné envie de m'intéresser plus avant sur l'histoire de ce terrible génocide, alors que seulement quelques décennies au préalable le monde avait dit "plus jamais ça".
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