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4,03

sur 227 notes
Comment trouver des mots - baume pour rafistoler l'histoire d'une famille meurtrie , à la mémoire si douloureuse?

Ou plus encore ,ce que lui lègue les déchirures d'un passé tapi en embuscade, un amour aux sentiments camouflés ,amour filial éclaboussé de secrets à travers le génocide des Tutsi ,au Rwanda , en 1994 ?

Comment réparer , recoudre l'inconcevable, l'inimaginable ?

Retrouvailles pulvérisées, retrouvailles de coeurs en lambeaux ......

Tout au long de ce premier roman magnifique qui porte la voix de trois générations : une mère: Immaculata qui n'a jamais quitté le pays aux mille collines et a toujours gardé le silence sur l'origine de ses deux enfants, une fille : Blanche, partie vivre à Bordeaux après avoir fui le génocide des Tusti de 1994, un petit- fils : Stokely l'auteure apprivoise les silences , le poids des non - dits destructeurs, les sources d'incompréhension , la lourde tension qui menace l'unité de cette famille profondément blessée., violence extrême , absurde, complexe entre Hutus et Tutsis , ravages des conflits guerre, , massacres , tourbillon de l'histoire rwandaise , atrocité ....

Ce récit polyphonique soulève avec des mots justes , forts, poétiques, le couvercle du chagrin.
L 'auteure offre une alternance de points de vue tout à fait intéressante , s'y ajoutent des thèmes puissants comme la question de la maternité, le courage des mères à travers des portraits touchants,——-une ode en fait à ces mères donneuses de vie——la filiation, le racisme et le colonialisme ——l'identité , les difficultés liées au métissage——-

Le tissage fragile de ces trois voix , superbe, intime, sensible, âpre , la langue importante qui peut blesser, diviser, éloigner , les silences lourds, la résilience , la révélation , la libération vont de pair avec ces liens intenses parfois violents entre les femmes de cette famille , : «  Une famille qui ne se parle pas est une famille qui meurt » ,la fin de l'ouvrage donne de l'espoir , heureusement , la vérité se trace un chemin à travers le dialogue entre une grand - mère et son petit fils....

Un livre à la beauté rare, douloureuse , dépaysante sans complaisance , ni misérabilisme.
Bouleversant , éblouissant , pétri d'humanité , sublimé par le style caressant , exotique , ( proverbes rwandais ) , parfois rude aussi .
Une pépite littéraire !
«  Vous êtes revenus vivants mais tout avait changé » .
«  le chagrin ne tue pas , il abîme » .
«  le silence est mon seul bouclier » .


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L'histoire de trois générations devant faire face aux conséquences du génocide des tutsis au Rwanda.
Blanche, rwandaise ayant fui le génocide en 1994, habite à Bordeaux avec son mari et leur jeune fils, Stokely.
Sa mère, Immaculata, qui n'a jamais quitté le pays, a toujours gardé le silence sur l'origine de ses deux enfants.
Le poids des non-dits est source d'incompréhension et de lourdes tensions et menace l'unité de cette famille blessée.


Avec une structure narrative polyphonique offrant une alternance de points de vue des plus intéressante, l'auteure retrace le destin tragique de cette famille rwandaise.
La plume est d'un charme fou, exotique, lyrique et réaliste à la fois, rude et caressante.
Dans ce court roman, une grande place est accordée à L Histoire, la terrible histoire du conflit opposant hutus et tutsis, un épisode historique d'une violence extrême et aussi complexe qu'absurde.
Le récit reste toutefois à hauteur de vie humaine, dans l'intime, offrant un regard singulier sur les événements et les rendant d'autant plus poignants.
L'auteure ayant fui elle-même le génocide, on ne peut que se demander quelle part du récit est fictionnelle et à quel point les événements relèvent de l'autobiographie.
L'importance des mots et du langage est au coeur du roman, la langue est ce qui unit mais aussi ce qui blesse, qui éloigne, qui divise. Malgré cela, c'est le silence qui tue.
Révélation et libération vont de paire dans cette histoire aux relations humaines compliquées.


Au delà du contexte historique, Beata Umubyeyi Mairesse aborde la question de la maternité avec franchise, brossant des portraits de mères touchants et déculpabilisants.
J'ai apprécié le ton engagé du livre, sa dénonciation du racisme et du colonialisme.
Cette lecture m'a donné très envie de découvrir d'autres auteurs rwandais et africains de manière générale.


Un livre à la beauté tranchante, dépaysant et révoltant, aussi important par son sujet que sublime par son style.
Si vous avez apprécié Petit Pays de Gaël Faye ( qui sera d'ailleurs prochainement adapté au cinéma ), je pense que ce livre a tous les ingrédients pour vous plaire.
C'est ma meilleure lecture de 2020 pour l'instant.
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Pour moi ce livre était inégal.
J'ai vécu des moments bouleversants autant que je me suis sentie, à certains endroits, complètement déconnectée.

Le changement de narrateur (Immaculata, Blanche, Stokely) est difficile parce qu'il n'est pas concentré nécessairement sur le personnage affiché lors du chapitre. Donc, si on suit Blanche et elle parle de sa mère, ça veut dire qu'elle parle d'Immaculata et si c'est Stokely qui parle de sa mère, il parle de Blanche et on a aussi les mentions des grands-mères, donc ça peut devenir franchement mélangeant. le fait que les chapitres mélangent les histoires et les moments de vie qui ne sont pas nécessairement propre au personnage du chapitre est très confus (et j'espère avoir été capable de vous l'expliquer ;)

Je crois qu'une réorganisation des moments aurait été favorable et aussi une différente tonalité lors des chapitres en fonction des personnages.

Un autre aspect qui ajoute de la confusion est le fait que ce n'est pas linéaire. Donc, à travers les chapitres on passe de l'enfance d'Immaculata à celle de Stokely en passant par les questionnements de Blanche et on finit par se perdre au niveau temporel.

Par contre, les thématiques sont vraiment touchantes et les chapitres d'Immaculata étaient souvent mes préférés.
On est bouleversé par les ravages de la guerre, du stress post-traumatique des gens par la suite, des différentes façons de vivre le "et après". On y parle aussi de colonisation et de racisme, en plus de maternité et de féminité.
Lien : https://youtu.be/KP_omt_EXGo
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Des mots pour recoudre et retisser, des mots pour réparer l'irréparable. Immaculata, la mère, sa fille Blanche et son petit-fils Stokely reprennent le fil qui s'est rompu en 1994 au Rwanda après le génocide des Tutsis.
Pierre-Romain Valère pour DM
Lien : https://doublemarge.com/page..
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Rwanda. 1994. le génocide des Tutsi. Trois générations de femmes, la grand-mère qu'on entrevoit par la voix de la mère, la mère et la fille métisse, qui n'a jamais connu son père français. La fille, Blanche, quitte le Rwanda au moment de la guerre civile, elle échappera aux massacres, mais elle n'échappera pas à la perte du lien maternel.

A travers les générations, l'auteure dessine les paroles perdues, l'incommunicabilité entre les parents et les enfants et nous propose un roman d'une grande sensibilité. J'ai aimé le tissage du texte, histoires relatées par l'une ou l'autre des narratrices, mère ou fille, sans aucune chronologie, cet enchevêtrement est à l'image des racines et crée une métaphore supplémentaire. L'auteure a ciblé son roman sur l'importance de la famille, des racines, sur la difficulté à se comprendre, sur les non-dits, sur l'importance des mots, ceux qu'on dit et ceux qu'on tait. C'est pudique et profond, comme les cicatrices qui ont du mal à se refermer. Il est touchant le personnage du mari de Blanche, métis, qui cherche dans la couleur de sa peau, un héritage inconnu.

Les paroles imagées de la mère et de la grand-mère, la musicalité des mots m'ont entièrement conquise.

Des bémols ? Oui, il y en a, j'ai moins aimé les lettres et le texte du petit-fils, très différents du reste. Et j'aurais aimé en apprendre davantage sur l'histoire du pays, les informations étant dissoutes dans les rapports entre les personnages. Mais ce sont des petits bémols de rien du tout. L'écriture de ce roman m'a vraiment séduite.

C'est un livre que j'ai lu lentement, pour me pénétrer de l'indicible.


Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Ce livre a été choisi aujourd'hui comme l'un des quatre finalistes du Prix Richelieu qui sera décerné en 2021. Ce prix est décerné à un auteur qui écrit en français, langue qu'il a apprise et qui n'est pas sa langue maternelle.
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Un roman riche, dans une langue ciselée et poétique, qui mériterait tout autant d'attention que Petit pays de Gaël Faye (si ce n'est plus), tant il apporte de complément : le drame du Rwanda par le biais de la transmission, des identités noires, blanches et métissées (thème particulièrement résonnant en ce moment), par le biais de la maternité et de la langue - ce kinyarwanda dans lequel "hier" et "demain" sont un même mot : "ejo".
Un roman pour dire combien les mots peuvent blesser ou sauver, combien on meurt de les étouffer et comme il faut des chemins pour les trouver, parfois.
Un roman qui m'a un peu perdue par moments mais je crois que ça vient plus de la lectrice pas tout à fait dans le timing que du livre (même s'il a une certaine complexité).
Ps : je lis ce roman après avoir écouté l'autrice lors d'une rencontre en librairie très intéressante.
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Joli roman sur le sujet de la famille sur fond du génocide au Rwanda. le sujet est difficile mais traité avec justesse. Les difficultés liées au métissage sont également très présentes. L'auteur donne la parole à plusieurs personnages : la grand-mère restée au Rwanda, sa fille Blanche réfugiée en France et le fils de Blanche né en France. Seul bémol : j'ai trouvé le ton (écriture) des différents personnages trop similaire.
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Blanche revient au Rwanda auprès de sa mère, Immaculata, et de son frère, Bosco, après avoir fui le pays au moment du génocide de 1994. Mariée à un Antillais, elle est à présent maman d'un petit garçon métis, Stokely. Au sein de la maison familiale de Butare, elle espère pouvoir enfin entendre la voix de cette mère si secrète. C'est une forme de dialogue silencieux qui se met en place, alternant les points de vue de Blanche, D'Immaculata et d'un narrateur omniscient qui pourrait figurer cette troisième génération qu'est Stokely. Sous une pudeur et avec une retenue trompeuse les deux femmes dévoilent leurs doutes et leurs douleurs, Immaculata tournée vers Bosco, ce fils qui n'est jamais vraiment revenu de la guerre et Blanche, fragile et maladroite devant le besoin d'identité de son propre fils.
L'incipit est tout simplement magnifique. Les mots ont été travaillés, les phrases ciselées, j'ai tout à coup entendu la pluie tomber sur la tôle des toits de Butare. Beaucoup de sujets de débats féministes actuels sont soulevés par Beata Umubyeyi Mairesse, et cela tout en délicatesse. En parallèle, l'horreur du génocide n'en est que plus prégnante et s'imprime littéralement dans nos esprits. Les métaphores utilisées par l'auteure sont enivrantes, oniriques presque.
Magnifique.
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Rwanda, 1994, le pays se déchire, les Hutu massacrent les Tutsi, Blanche fuit la mort, son frère entre en guerre, sa mère Immaculata reste au pays. Viendront les années d'après-guerre, la découverte des massacres, les morts à enterrer, les vengeances qui ne demandent qu'à être assouvies.

Rwanda 1997, Blanche retourne au pays et tente de renouer le lien avec sa mère, avec son frère. Nous allons la suivre à travers ce chemin qu'elle va faire vers les siens, ceux qui sont encore là, ceux qu'elle a perdu pour toujours, ceux qu'elle a manqué, qui se sont perdus, qui ont disparu, et sans doute aussi, un chemin vers elle, pour s'accepter et vivre malgré tout.

Puis Stokely, son fils, va à son tour chercher à comprendre et connaître sa famille, ses origines.

Car comment peut-on vivre, ou seulement survire, quand les autres sont morts, exterminés, quand on se tient au bord de ce gouffre qui a enseveli une partie de la population anéantie par l'autre partie. Comment peut-on survivre quand on a fui pour ne pas être soi-même exterminée ?

Et comment arrive-t-on à communiquer avec ceux qui ont vu, qui ont vécu, qui ont vu mourir tant d'autres, qui ont cherché et trouvé tant de corps mutilés, de cadavres à enterrer, et que l'on est soi-même parti sans vivre tout ça de manière aussi intime.

C'est un roman qui dit la souffrance, la difficulté d'être, de se parler, de communiquer, de vivre tout simplement.

Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/03/06/tous-tes-enfants-disperses-beata-umubyeyi-mairesse/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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