Après avoir rempli une série de formalités administratives particulièrement tatillonnes, le narrateur de ce curieux roman est admis à séjourner dans le pays d'Eps, où il rencontre un homme disposé, malgré les risques encourus, à lui en exposer quelques-uns des usages. Rapidement, le narrateur comme son informateur s'effacent du récit, et ne reste plus que la description de l'existence cauchemardesque à laquelle sont soumis les habitants d'Eps.
De la loterie dont les prix varient depuis le gain d'une fortune à l'amputation d'un ou plusieurs membres (participation obligatoire) au sadisme obsessionnellement raffiné des punitions réservées à ceux qui sont convaincus d'attentats à la pudeur, en passant par l'évocation de la formation des acteurs de cinéma (appelés à tourner dans des films de guerre à la violence non simulée) et la conception locale originale de la Journée de la Femme (les femmes sont tout particulièrement opprimées en Eps), l'unique roman de
François Valorbe se présente pour l'essentiel comme un catalogue de cruautés à l'humour (si humour il y a) singulièrement noir et pince-sans-rire.
Ce livre étonnant n'est malheureusement plus édité, et n'est à 'heure actuelle disponible que chez les bouquinistes. On ne peut qu'espérer que ce soit temporaire, et qu'un éditeur le reprenne à son catalogue (il aurait tout à fait sa place à L'Arbre vengeur, par exemple, ou encore, aux côtés de "La Ville incertaine" de J.-M.-A. Paroutaud chez le Dilettante). J'en ai découvert l'existence via les listes proposées pour le Prix Nocturne - qui sont une mine pour les amateurs de récits excentriques et (plus ou moins) oubliés .