Beaucoup de filles sont des fées qui s'ignorent; elles ne savent pas qu'elles sont magiques.
Je n’arrive plus à être malheureux devant cette fille. Je ne sais pas ce que je ressens. Elle ne m’excite pas ; elle m’enchante. Elle doit penser que je la drague et c’est moi qu’elle séduit, sans le vouloir ; tout m’attire en elle et rien ne me retient : j’aime qu’elle soit près de moi et je n’ai pas envie d’elle. Moi qui n’ai jamais connu l’amitié avec une femme autrement qu’en étant son amant, et inversement, je me sens complètement chaviré par ce coup de foudre sans passion ni désir, ce lien déjà si profond, si intime avec cette petite Irakienne qui parle ma langue mieux que moi, qui démonte mon pays pour me faire voir combien les rouages en sont absurdes, et qui évoque le ratage de sa vie avec autant de lucidité que je vis l’effondrement de la mienne.
J’attends une lettre du rectorat pour savoir si l’embargo contre l’Irak me permet ou non d’être admissible à la Sorbonne, j’attends que Fabien sorte de prison pour s’occuper de son chat et me dire en face qu’il me quitte, j’attends que la France rétablisse ses relations postales avec mon pays pour que mes parents puissent toucher les mandats que je n’aurai plus les moyens de leur envoyer, j’attends qu’on se prononce sur le renouvellement de mon permis de séjour, qui dépend de l’obtention de ma carte d’étudiante pour laquelle on me demande mon permis de séjour ; j’attends l’impossible et les jours où je n’y crois plus, j’attends d’être vieille pour n’avoir plus rien à attendre.
Le problème, avec les rêves, c'est que parfois ils se réalisent.
"- Je vais t’expliquer : tu es une fée. Mais tu te rappelles plus: alors faut que je te recharge les piles, que je te ractive tes pouvoirs. " Raoul 8 ans.
C’est vrai que le bonheur peut devenir une habitude, un avantage acquis, un état naturel. En quatre ans et demie, je ne me suis jamais senti en danger avec Ingrid. Je ne me suis pas ennuyé une seconde, entre elle et Raoul. Pas une dispute, pas un malentendu, pas l’ombre d’un rapport de force. La deuxième fois où l’on a fait l’amour, on se connaissait déjà par coeur, et on ne s’est jamais rassasiés, jamais lassés -moi, en tout cas. Elle était le rêve de femme que je poursuivais de brouillon en brouillon. J’étais le premier avec qui elle partageait le plaisir qu’auparavant elle se donnait toute seule. Et même si ce n’était pas tout à fait vrai, c’était si bon de le croire.
On se donne nos enfances comme on échangerait notre sang.
Et le problème,avec les rêves,c'est que parfois ils se réalisent.
Les larmes ont lézardé sa voix sans monter jusqu'à ses yeux.
Pourquoi a-t-il fallu que ce soit en France que je découvre la peur ? La vraie peur,celle qui dessèche et paralyse;pas celle de mourir,celle de vivre.