Et le problème, avec les rêves, c’est que parfois ils se réalisent.
Seuls les vrais solitaires, quand ils se rencontrent, peuvent s'aimer sans s'abîmer parce qu'ils n'ont pas besoin de se fuir, d'exercer un pouvoir sur l'autre ou de considérer la durée comme une fin en soi.
[...] Par solidarité forcée envers sa grand-mère avec qui il s'est montré grossier, hier midi, et je me suis tenu de sévir alors qu'elle me gonfle autant que lui avec cette manie de faire taire les enfants à table. Tout le monde n'a pas la chance, comme elle, de n'avoir rien à dire.
Vous meublerez mon absence, la vôtre me détruirait.
Seuls les vrais solitaires, quand ils se rencontrent, peuvent aimer sans s’abîmer parce qu'ils n'ont pas besoin de se fuir, d’exercer un pouvoir sur l'autre ou de considérer la durée comme une fin en soi.
Vous écoutez ce que vous allez me dire ?
J'attends une lettre du rectorat pour savoir si l'embargo contre l'Irak me permet ou non d'être admissible à la Sorbonne, j'attends que Fabien sorte de prison pour s'occuper de son chat et me dire en face qu'il me quitte, j'attends que la France rétablisse ses relations postales avec mon pays pour que mes parents puissent toucher les mandats que je n'aurai plus les moyens de leur envoyer , j'attends qu'on se prononce sur le renouvellement de mon permis de séjour, qui dépend de l'obtention de ma carte d'étudiante pour laquelle on me demande mon permis de séjour ; j'attends l'impossible et, les jours où je n'y crois plus, j'attends d'être vieille pour ne plus rien attendre.
Il faut avoir senti en soi la montée du suicide, cette fusion froide,cette boule de courage qui enfle et durcit jusqu'à étouffer l'idée même de lacheté, pour apprécier le pouvoir incroyable du supplement de vie qu'on s'accorde.
Moi qui n'ai jamais conçu l'amitié avec une femme autrement qu'en étant son amant, et inversement, je me sens complètement chaviré par ce coup de foudre sans passion ni désirs, ce lien déjà si profond, si intime avec cette petite Irakienne qui parle ma langue mieux que moi, qui démonte mon pays pour me faire voir combien les rouages en sont absurdes, et qui évoque le ratage de sa vie avec autant de lucidité que je vis l'effondrement de la mienne.
Les heures de bonheur, on les a pour la vie, mais les heures perdues ne se rattrapent jamais.