On dirait nous

Si tu es d’accord, on l’appelera Blanche. Elle hausse un sourcil, goûte le prénom à mi voix, demande pourquoi.
Comme une page blanche. C’est ça , notre boulot de parents : l’aider à rester libre.
Elle soutient mon regard. Je poursuis :
Après, elle ira où bon lui semble , sur les traces de qui elle veut, mais au départ on lui laisse le choix. Moi en Tout cas, je serai ce genre de père.

Ilan n’est pas un prenom juif ?
Si, il signifie arbre.
Décidément, on t’a gâté au niveau des racines.

Ne laissez jamais votre cœur vieillir, mes chéris.

Nous mordions à l’hameçon. À leurs appâts respectifs. Nous étions sous leur emprise et sous leur charme.

(Ilan doit décider Soline et il sait que ce) ne sera pas une mince affaire. Surtout pour un athée comme moi qui, en termes d’utopies, ne croit qu’en la justice sociale, l’écologie apolitique et la paix favorisée par l’extinction des fanatismes.

Depuis qu'on vit ensemble, nos fantasmes n'ont cessé de se multiplier au rythme de nos soucis.

Il y a des phrases anodines qui peuvent influencer le destin avec autant de brutalité qu'un serment ou un pacte.

Yoa reposait à présent sur le petit lit de la chambre de détachement. Compris dans le pack "sérénité" au même titre que la mise en plis, les croque-morts lui avaient composé un sourire de Joconde et une pose digestive, mains croisées sur le nombril.

« Elle m’appelait mon amour vingt fois par jour, mais elle ne conjuguait jamais le verbe. C’est toujours moi qui le faisait en premier et elle disait moi aussi. »

Dans un monde qui ne veut plus de nos rêves, braver les interdits accessoires, nous mettre en danger comme si nous avions encore quelque chose à perdre, c'est notre seul moyen de résister.