Dans le cadre de la dernière Masse Critique privilégiée de Babelio pour l'année 2020, j'ai eu le privilège de recevoir le premier roman d'Anthony van den Bossche : "
Grand Platinum". Une première de couverture peu commune : poisson rouge strié de noir, fond bleu comme l'onde et titre mystérieux. J'ai pourtant tout de suite eu envie de plonger.
J'ai aimé ce roman avant même d'en lire le premier mot parce que…"Le premier avec toi, le deuxième pour toi.", une dédicace qui ne dit rien et pourtant tout, et l'incipit, signé
Henri Michaux, poète trop peu souvent cité à mon goût. Puis "Louise traversa le Palais Royal, énumérant ce qu'elle pouvait repousser au lendemain…" Louise c'est le personnage principal de ce roman. Elle possède une agence de communication, se bat avec sa clientèle et notamment Stan, un designer plutôt capricieux. Elle a un frère, atteint de misophonie et quelque peu asocial, un amant aux fantasmes délirants et une bande de vieux amis fidèles. Mais surtout, il y a les carpes, des carpes japonaises, héritage d'un père récemment décédé.
J'ai aimé les magnifiques balades parisiennes à la recherche des fameuses "Koï", les promenades milanaises d'une Louise en déplacement professionnel, l'équipée japonaise du père et ses superbes trouvailles. J'ai aimé les personnages aux particularités étonnantes et touchantes : Mehdi, le jardinier municipal complice et gardien du trésor, mais aussi le Maire, Ernesto et Jean et forcément Stan dont j'ai parlé plus haut. J'ai aimé les
passages virevoltant du présent au passé, le véritable tourbillon, léger, enlevé, dans un monde fluide fait de mares, de fleuves, dans un monde parfois semblable à un rêve. J'ai aimé l'attachement au père d'une fille prête à toutes les incongruités pour sauver son héritage, l'amour d'une soeur pour son frère au-delà des convenances.
Ce roman à plusieurs strates est étrange, curieux, déconcertant. Sa construction, volontairement bancale, nous guide d'un endroit vers un autre, d'une idée vers une suivante sans réel lien ni ordre, véritable kaléidoscope de stories infinies. Mais son originalité n'a d'égale que son incroyable richesse. Il est le genre de récit capable de révéler à chacune des lectures un message nouveau, enfoui dans les replis de ses mots. L‘écriture est très belle, travaillée, élégante et racée et la syntaxe parfaite qui use à merveille de l'emploi des différents temps de conjugaison.
En un mot, et même si la formule est éculée, je dirai que "pour un coup d'essai, c'est un coup de maître".
Je remercie chaleureusement Babelio et les Editions du Seuil pour cette lecture magique en avant-première !
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