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3,52

sur 95 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le choix des lycéens de primer un livre portant un tel titre avait éveillé ma curiosité. le métier de mourir est un ouvrage qui sort de l'ordinaire, comme d'ailleurs son auteur, dont c'est le deuxième roman. Jean-René van der Plaetsen a mené une longue carrière de journaliste au Figaro, après avoir été, dans sa jeunesse, soldat en mission au Sud-Liban, en tant que Casque Bleu. Une expérience personnelle qui l'aura inspiré.

Quand ils évoquent le personnage principal d'un roman, les gens disent parfois « le héros », un terme souvent injustifié. Dans le métier de mourir, il serait légitime de l'employer pour Belleface. C'est en tout cas clair dans l'intention de l'auteur. Celui que ses hommes appellent le Vieux est un militaire de carrière juste et courageux, une personne de bonne moralité, qui a crapahuté en Indochine dans la Légion étrangère, participé aux campagnes de Tsahal, où il accède au grade de colonel, avant de prendre, à l'âge de la retraite, un poste dans l'Armée du Liban-Sud. En 1985, il est assigné à la surveillance du check-point de Ras-el-Bayada, à l'entrée d'une zone franche entre Israël et le Liban. Un endroit stratégique, susceptible d'être attaqué par le Hezbollah.

J'ai été impressionné par la table des matières, strictement cadrée : premier jour, deuxième jour, troisième jour. L'attente d'une hypothétique attaque terroriste rappelle un peu celle du roman culte de Dino Buzatti, le Désert des Tartares. Dans le métier de mourir, l'attente ne dure que trois jours, mais son intensité dramatique est d'autant plus forte. le dénouement est fracassant.

Le sujet du livre dépasse largement ces trois journées d'expectative, vécues sous un soleil de plomb, dans un paysage grandiose de premier matin du monde et dans un contexte politique conflictuel qui ne surprend plus personne. le roman restitue en effet toute la vie du héros, sous forme de témoignages indirects et de souvenirs qui lui reviennent, traînant avec eux leurs lots de nostalgie, de tristesse et de colère : l'enfance heureuse dans une famille juive aisée de Varsovie, la déportation et l'extermination des siens à Treblinka, le sacrifice d'un prêtre lui ayant permis d'en réchapper miraculeusement…

S'en est suivi un long parcours de baroudeur, au cours duquel Belleface a construit sa morale de soldat, une démarche nourrie aussi par la lecture de l'Ecclésiaste, ce livre de l'Ancien Testament constitué d'aphorismes sur le sens de la vie. Tout ne serait que vanité, il n'y aurait rien de nouveau sous le soleil… Faut-il alors se résoudre à ne rien transmettre de ce qu'on a appris ? Et si Favrier, le jeune soldat français présent aux côtés de Belleface, pouvait lui tenir lieu de fils spirituel et entendre le secret qui hante le vieux militaire ?

J'ai beaucoup aimé ma lecture… pendant les deux tiers du livre. Je l'ai trouvé superbement écrit, car j'apprécie les phrases longues à la syntaxe grammaticale impeccable. Les paysages sont rendus avec un lyrisme de bon aloi, les environnements sont décrits avec un sens du détail qui dénote des qualités d'observation et d'expression hors du commun. Les parcours familiaux et les configurations psychologiques des personnages sont captivants.

Mais j'ai fini par me lasser de l'immobilité de la narration, de son rythme ralenti par l'abus de détails et de son basculement vers le prêche philosophique, ponctué de révélations métaphysiques. Quant au grand secret inavouable, il ferait sourire les lecteurs de thrillers.

Le livre a cependant le mérite de rappeler certaines problématiques géopolitiques, dans un Liban multiculturel où ce sont les religions qui régissent les comportements. Un monde magnifique, mais désespérant. Car là où l'humanité s'est jadis civilisée, les fous de Dieu ont pris un avantage sur les sages qui doutent. Parmi les citations en exergue, un extrait d'une sourate m'a fait froid dans le dos.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Une autre vision de cette période. En 1985 le Liban est déchiré par la guerre et les attentats et ces soldats d'un techk point perdu au milieu de nulle part nous apporte un regard nouveau sur la guerre et ses méthodes. Nous plongeons dans leurs propres histoires et leurs propres parcours de combattants.
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Voici une de mes découvertes de la rentrée littéraire, à une époque où la littérature semblait encore indispensable à notre société dans une période troublée. Hélas, l'actualité nous montre aujourd'hui que certains pensent différemment, mais cela est un autre débat.
J'ai donc eu l'occasion, sur un salon, de rencontrer et d'échanger avec Jean-René van der Plaetsen l'auteur de ce roman qui a su, lors de notre conversation, éveiller ma curiosité.
Le métier de mourir, un titre qui suscite bien des interrogations, en tout cas, pour ma part, je me demandais bien à quoi il faisait allusion.
Van der Plaetsen nous éclaire bien vite, son "héros " est un soldat.
Oh, lui, ne se prend pas pour un héros, plutôt pour un survivant.
Adolescent il a échappé à la mort dans un camp de concentration, puis il a connu la légion en Indochine, il fut soldat de Tsahal (l'armée israélienne) et aujourd'hui (enfin, en 1985), il se retrouve commandant d'une poignée d'hommes pour l'Armée du Liban-Sud  sur un check-point,  à Ras-el-Bayada à la frontière avec Israël.
L'auteur va nous faire passer trois jours dans l'ombre de cet homme mystérieux qui semble avoir un lourd secret.
Un jeune soldat français, fraîchement arrivé, va tenter de savoir qui est ce Belleface qu'il admire. le vieux, c'est ainsi qu'il l'appelle, prend cette jeune recrue sous son aile et à bien l'intention de lui enseigner l'art de la guerre et surtout le mettre en garde sur les dangers qui les entourent.
Sous la plume de van der Plaetsen, les personnages vont se dévoiler. Lentement, mais ça, c'est la chaleur, il sait nous la faire ressentir, comme il sait faire monter la tension du lecteur.
Il y les personnages, bien sûr, mais il y a aussi l'ambiance. Nous sommes dans une région particulière. La mort rôde,  c'est palpable.
On sent bien qu'il va se passer quelque chose, mais comme dans la vraie vie, on ne sait pas quoi, ni quand.
Certes, le rythme de la narration peut perturber, mais encore une fois, c'est parce que l'écrivain tient compte du contexte et du climat. Une région isolée, un soleil de plomb, la Méditerranée, quelques hommes armés, une atmosphère presque trop calme....
L'auteur, dont l'expérience de casque bleu a certainement nourri ce récit, raconte ici, quelques jours de la vie d'un homme qui, me l'a-t-il avoué, a réellement existé.
De ces lectures que l'on n'attend pas forcément mais qui viennent enrichir votre bibliothèque.




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Nous sommes en 1985, auprès d'un check-point de Ras-el-Bayada, une zone tampon en territoire libanais où les soldats sont chargés de préserver Israël des attaques du Hezbollah. En ce lieu où l'attaque terroriste est une menace permanente, nous assistons à la relation naissante entre Belleface, le responsable du check-point et Favrier, un jeune soldat français nouvellement affecté.

Belleface, un surnom que nous comprendrons au fil de l'histoire, est un juif polonais de cinquante-huit ans, rescapé des camps de Treblinka. Peut-on survivre à la Shoah? Ancien légionnaire, retraité colonel de l'armée israélienne, il renonce à son grade pour intégrer l'Armée du Liban Sud. Énigmatique et secret, peu de gens connaissent réellement son histoire et c'est ce qui fascine Favrier, jeune homme incompris de son propre père.

D'ailleurs que fait-il là, ce jeune français? Fuit-il le confort familial, un amour perdu ou honore-t-il la mémoire d'un ami libanais en venant défendre cette terre si belle et chargée de la présence de Dieu? Comprendre Belleface pourrait lui apporter une réponse.

« Un idéal permet de pousser un homme jusqu'au bout de lui-même, jusqu'à ses dernières extrémités – et cela, c'était le territoire même des soldats, et leur quotidien en temps de guerre. »

Mais Belleface ne parle pas de lui, même si il sent en Favrier ce fils qu'il n'a jamais eu et auquel il pourrait transmettre sa mémoire.

» Il était bien gentil, ce Favrier, mais il ne connaissait encore rien de la vie. Que pouvait-il savoir, à son âge, de la souffrance? Et du désir de survie – ou plutôt de la nécessité de vaincre? »

Au fil des soirées solitaires et opiacées de Belleface, nous découvrons les périodes de son existence dont il ne parvient pas à tourner la page. La drogue lui permet d'atteindre ses souvenirs les plus enfouis, le drame de son enfance, les horreurs de la guerre au Vietnam aux côtés de légionnaires parfois sortis des rangs des nazis. La vie de Belleface est semée de pertes d'êtres chers. La mort se lit dans les yeux de celui qui n'a jamais tenu à la vie. Qui se souviendra de lui après sa mort?

» Compter aux yeux d'une personne, cela voulait dire qu'on avait servi à quelque chose lors de notre passage sur terre. »

Favrier peut-il être cette personne pour le soldat qui ne possède qu'une vieille bible et s'obstine à citer en permanence L'Ecclésiaste.

La rencontre des deux hommes est très belle en ce lieu perdu où le danger est imminent. Malgré un récit plutôt lent et lourd, marqué par l'attente et le poids de la guerre, Jean-René van der Plaetsen maintient le suspense en ne nous dévoilant qu'au fil de l'eau le mystère qui entoure la vie de Belleface et l'issue que l'on sent tragique de cette rencontre.
L'auteur, ancien casque bleu au Liban en 1985, connaît bien ce milieu. Je ne suis pas très réceptive aux métiers de la guerre même si je comprends et respecte l'engagement de certains, risquant leur vie pour sauvegarder les nôtres. Si les personnages sont très beaux, que nous comprenons les motivations de leur engagement, il n'en reste pas moins qu'il y a au fond d'eux ce besoin de vengeance, ce désir de mort, parfois difficile à accepter.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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