« L'amas d'Alastor compte une trentaine de milliers d'étoiles actives, des coques abandonnées sans nombre et d'énormes quantités de détritus interstellaires. Il est accroché au bord intérieur de la Galaxie, devant le Désert du Malheur, avec, au-delà le Golfe du Néant et, sur le côté, la Frange de Gaé, comme une brume étincelante. »
Ce fort volume regroupe trois romans portant le nom de planètes différentes,
Trullion : Alastor 2262 –
Marune : Alastor 933 –
Wyst : Alastor 1716. Inscrits dans un même univers, les trois romans peuvent être lus indépendamment les uns des autres. Ils ont été écrits dans les années 1970.
Il y a tout de même un fil conducteur, en la personne du Connatic, le super-politique à la tête de cet empire ou de cette confédération, on ne sait pas trop. Ce dirigeant exemplaire (on est dans la SF pur jus, ne l'oublions pas) est à la fois avisé, bien informé et son pouvoir n'est pas contesté. Il a un bras armé, la Whelm, qui peut le cas échéant ramener le calme, y compris par des moyens extrêmes, sur toute planète qui entrerait en rébellion.
Sur Trullion, nous suivrons plus particulièrement Glinnes, qui s'était justement engagé dix ans dans la Whelm et qui revient dans sa famille après le décès de son père et la disparition de son frère aîné, pour y reprendre la propriété familiale. Ce qui n'ira pas sans mal.
Pour Marune, nous vibrerons avec « Pardero » un jeune amnésique dont les souvenirs ont été effacés, et qui se « réveille » sur une autre planète, éloignée de Marune. La quête de son identité l'emmènera aussi à Lusz, sur Numénès, la planète où réside le Connatic. Puis sur Marune, qui pourrait être son monde d'origine.
Enfin, sur Wyst, une planète qui se veut égalitariste, et qui est un décalque drôle et terrifiant de sociétés collectivistes, nous assisterons aux navrantes aventures de Jantiff Ravensroke, un jeune homme qui se cherche et qui décide de quitter sa famille pour voir d'autres mondes. Choisir Wyst comme première étape ne se révèlera pas être une décision très judicieuse… Mais nous nous rapprocherons de la personne du Connatic.
Mais quelle faconde, quelle énergie dans la prose de
Jack Vance ! Des inventions comme s'il en pleuvait… de l'humour, pas toujours de très bon goût, mais drôlement efficace. Il est vrai que les dames ne sont pas toujours bien traitées, comme dans ce sport collectif, la Hussade, qui occupe beaucoup de place sur Trullion, où les descriptions de parties sont un peu trop longues à mon goût.
Les fins sont un peu abruptes, comme s'il fallait conclure un peu au petit bonheur. Mais là encore, l'impression globale de fantaisie débridée l'a emporté pour moi.
S'il fallait n'en lire qu'un, je pencherais plutôt pour « Wyst .