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Citations sur La Dernière allumette (226)

Je suis comme ça, j'ai foi en l’humanité, je veux croire aux miracles. C'est mon plus grand défaut. 
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Rien de plus efficace qu'une tragédie pour vous catapulter sans préavis dans les névroses de l'âge adulte.
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- Les gens comme moi, ils reviennent de l'enfance aussi détruits que s'ils revenaient de la guerre. On devrait être contents d'en être sortis vivants, et c'est vrai, il y a des moments où ça va, où on est presque heureux.
Mais certains jours, les séquelles sont tellement lourdes à porter qu'on regrette de ne pas être mort au combat avec ceux qui n'en sont pas revenus.
(P. 312)
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Il était sobre. Il n'avait pas les yeux injectés de sang, il n'était pas un animal, il n'était pas fou. Il était juste un homme persuadé que son contrat de mariage constituait un titre de propriété. Il était sûr de son bon droit et laissait s'exprimer une colère qu'il estimait légitime.
(P. 295)
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Zoé plaque ses mains contre sa bouche. Elle continue de secouer la tête, les yeux suppliants.
Il ne la voit pas. Dans ses veines, pulse la violence de son père, de son grand-père et de ceux qui les ont précédés. Dans son corps, dans chacune de ses cellules, dans son éducation sont gravés deux cent mille ans de violence masculine, de glorification de la brutalité et de conquêtes sanglantes : les guerres, la traite des esclaves, les viols, les génocides, les explorateurs et les chefs de guerre encensés dans les manuels scolaires pour avoir été les plus forts, pour avoir exterminé des peuples au nom d'un drapeau, du pouvoir, de l'argent ou d'un Dieu indifférent. Comment pourrait-il, tout seul, résister à cela ?
(P. 292)
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Les larmes et les supplications de JB n'éveillent aucune compassion dans le coeur de mon frère. Rien.
Il sait comment ça se passe. Il sait que pardonner l'impardonnable, c'est juste donner l'autorisation de recommencer. Il sait que quatre ans de prison n'empêchent pas un homme violent de revenir harceler sa femme, de la terroriser, voire de la tuer, ni d'exiger de voir ses enfants. Il sait que tant que son bourreau respire, Aline et ses enfants ne seront jamais libres.
Comme Maman. Comme nous.
(P. 292)
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Personne ne peut être sauvé d'une enfance pareille.
Des gens savent forcément ce qu'il se passe chez nous. Ils savent, ils ne font rien.
(P. 262)
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Zoé, toutefois, n'a jamais connu tout cela. Elle a bien le début d'une idée, mais elle hésite. Elle a trop lu Zola.
Elle imagine que les hommes qui violent ou frappent leur femme sont des cinquantenaires alcooliques en jogging, chômeurs ou ouvriers, vivant dans des HLM, qui piquent des colères en public et cassent la figure de gens sans défense dans la rue. Certainement pas des cadres supérieurs, des flics ou des pédiatres à lunettes, charmants et pleins d'humour, des pères de famille investis dans les conseils de classe, qui préparent des marinades pour les barbecues et donnent avec générosité conseils, lits bébés et sièges auto à leur belle-sœur enceinte.
(P. 252)
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Quelque chose ne tourne pas rond. Elle a les pièces du puzzle, elle n'arrive pas encore à les assembler.
Moi, évidemment, je sais déjà tout. L'enfer quotidien d'Aline et ses rendez-vous chez le Dr Garnier du vendredi à 17 heures. Quand on a été funambule toute son enfance, en équilibre sur le mince fil qui sépare la normalité de l'éruption de la violence dans laquelle la vie peut basculer à tout instant, on développe un sixième sens. Je me souviens de cet état de veille. Ce mode survie permanent, inscrit dans ma chair, dans mes veines, dans mon ADN. Le son de la portière de l'Audi gris métallisée de Papa qui claque, le cliquetis de la clé dans la serrure, nos oreilles dressées, à l'affût du moindre signe. Bon ou mauvais jour ? Jour à cris ? Jour à coups ?
Jour à vaiselle cassée ? Le soulagement, toujours de courte durée. Je revois toutes ces tentatives désespérées de ma mère pour repousser l'inévitable. La peur qui émanait de chacun de ses pores, qui grignotait son âme de l'intérieur, qui creusait ses yeux, ses joues, sa confiance en elle, jour après jour, comme la rivière, l'air de rien, use les pierres les plus dures. Le ménage, toujours impeccable, le dîner ou le café toujours prêts et chauds sur la table, son journal et la télécommande de la télé à sa place, Dieu nous préserve qu'il ait à la chercher ne serait-ce que cinq secondes un mauvais jour.
Son linge lavé, repassé, plié, la maison rangée.
Et nous, Gabriel et Abigaëlle, tels Nicolas et Pimprenelle, propres, et en pyjama à 19 heures tapantes, plus sages et silencieux que les bibelots en porcelaine, pour éviter que Maman finisse comme eux, explosée en mille morceaux contre les murs. Une enfance sur le qui-vive. Une enfance à rendre fou, dont personne, à part peut-être notre Tante Pauline, ne s'est soucié de nous sortir. Nous avons été ces enfants funambules. Toujours en équilibre, toujours terrifiés à l'idée de la chute. Le pire, c'était l'attente, parce qu'au fond, nous savions que le calme ne durerait pas. Quelques jours, quelques semaines, peut-être. Jamais plus. Il suttirait d'une poussière dans l'engrenage si soigneusement huilé de notre foyer.
(P. 250)
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- Est-ce qu'on peut vraiment guérir de son enfance? Vous savez, pour Zoé, par exemple, j'ai l'impression que l'enfance, c'est un système immunitaire contre la souffrance, une espèce de réserve d'amour et d'insouciance qui lui donne la confiance et la force nécessaires pour affronter l'âge adulte avec sérénité...
- Et pour toi ?
Il hausse les épaules
- Les gens comme moi, ils reviennent de l'enfance aussi détruits que s'ils revenaient de la guerre. On devrait être contents d'en être sortis vivants, et c'est vrai, il y a des moments où ça va, où on est presque heureux. Mais certains jours, les séquelles sont tellement lourdes à porter qu'on regrette de ne pas être mort au combat avec ceux qui ne sont pas revenus.
page 312.
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