AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 77 notes
5
8 avis
4
17 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
La dernière fois que je suis allée voir mon libraire, je lui ai demandé de me conseiller un « bon » polar. Il m'a tendu sans hésiter Battues, en me disant que je ne serais pas déçue.

L'intrigue se joue quelque part dans les profondeurs d'une France reculée. Là où les gens votent FN sans jamais avoir vu d'immigré, où la terre vaut de l'or et où les secrets les plus glauques sont enfouis sous les dents des charrues et les grumes qui s'empilent au bord des routes forestières, depuis des générations. Deux familles du village de R. se disputent les richesses du pays, les Courbier et les Messenet. Une haine ancestrale lie les hommes de père en fils. Les petits paysans du coin ont courbé la tête depuis longtemps. Tous, sauf Rémi Parrot, le garde forestier. L'accident qui a failli lui coûter la vie à l'adolescence l'a également détourné de sa destinée : invalide, défiguré, Rémi Parrot a découvert la lecture durant les deux années qu'il a passées à l'hôpital, au lieu de sombrer dans l'alcool comme tous ses congénères.

Une paix relative règne au village, jusqu'à ce que Michèle Messenet y revienne après de longues années d'éloignement. Rémi, l'homme que personne n'est capable de regarder en face sans frémir d'horreur, aime Michèle qui le lui rend bien. C'est en trop pour Didier Messenet, le frère, ainsi que pour Thierry Courbier qui souhaite l'épouser. S'ajoute à ce mélodrame un projet immobilier pourri découvert par un militant écologiste, ami de Rémi. Il n'en faut pas plus pour embraser le pays.

Antonin Varenne plonge le lecteur dans un univers de taiseux. Question de principe, d'amitié ou d'honneur. Qui n'est pas de R. n'apprendra rien. le commandant de gendarmerie Vanberten essaie bien de démêler les imbroglios, mais il restera toujours un étranger dans ce village. Les affaires se règlent entre adversaires, directement.

Si vous ne connaissez pas ces arrières pays de notre chère patrie, lisez Battues et vous serez servi. Tout y est. La haine, l'alcool, les magouilles. La chasse, les chiens, les sangliers, les fusils. La rivière, les forêts, les cabanons. Les descriptions sont réalistes, les faits précis. On sentirait presque la sueur, l'alcool ou la haine qui relie les personnages les uns aux autres. L'odeur des sous-bois et l'humidité des couloirs des mines souterraines. Même l'amour écorché vif imprègne l'atmosphère.

Antonin Varenne a écrit un magnifique polar. L'écriture se joue de la chronologie sans jamais perdre le lecteur ; le style colle à la peau des personnages, sec et passionné comme eux. J'ai lu une étude de moeurs incroyable sur motif de polar. Un moment de lecture inoubliable.

Un bémol, tout de même : la qualité de la relecture et la correction des fautes laissent à désirer. Non seulement il reste quelques coquilles grossières (« au temps pour moi » ? Ohhh…), mais au détour de quelques suppressions, des bouts de phrases n'ont pas été effacés, n'apportant que confusion et incohérence. Il y en a peu, heureusement. Comme le roman est excellent par ailleurs, on pardonne.
Lien : http://akarinthi.com/2015/12..
Commenter  J’apprécie          22
Un bon thriller, entaché parfois de quelques invraisemblances venant ficeler un scénario malgré tout assez riche et complexe.
Il y a beaucoup de personnages au début, cela peut rebuter. Deux familles s'affrontent et il faut le temps de bien cerner qui sont les Messenet et les Courbier pour ensuite avancer aux côtés de Rémi, le garde chasse du coin, enfant du pays.

Un thriller sympathique donc, à découvrir sans plus tarder. Cela m'a donné envie de me plonger illico dans un autre roman de Varenne. Critique suivante à suivre, peut-être, si je suis aussi emballé que pour Battues.
Commenter  J’apprécie          10
La "Terre Noire" où s'est installé Rémi est le seul héritage de sa famille. Tout le reste des terres alentour a été grignoté par deux familles qui ont la main-mise sur l'économie (et la politique) de ce coin de Creuse : l'exode rural a frappé, les petits paysans n'ont pas pu résister aux grands propriétaires fonciers et le peu de manufactures industrielles ferme peu à peu.

On reconnaît Aubusson dans cette ville de R. (??) que décrit l'auteur : sous-préfecture, musée de la tapisserie, usine Philips . On identifie aussi très rapidement les rancunes et les rancoeurs des villes -presque villages- à l'écart du monde moderne, là où la battue aux sangliers peut permettre de décharger un surcroît de tensions…

Quand s'ajoutent des conflits écologiques, des souvenirs amoureux, un accident dramatique survenu vingt ans auparavant, la tension monte…

Le polar d'Antonin Varenne distille les doutes, remémore les conflits ancestraux, plonge au coeur de cet esprit rural (l'autre est un étranger et les alliances familiales défendent des patrimoines), ancré dans le « rural noir » qui émerge dans les polars français récents, il est en tout cas profondément réaliste, vif et rythmé : les personnages ne sont ni bons ni mauvais (et j'apprécie quand les auteurs évitent tout manichéisme!), chacun son passé et sa part d'ombre.

Le tout dans une narration maîtrisée, une intrigue intelligente qui laisse encore quelques zones d'ombre, bref un polar que j'ai beaucoup aimé et que je recommande !
Commenter  J’apprécie          10
Belle et sombre histoire. Petite ville et campagne du centre de la France. Je me suis attaché à Rémi. le style simple et puissant, presque de tous les jours, sert à merveille la mise en place d'une atmosphère sous pression et des développements d'une intrigue policière qui ne faiblit pas.
Commenter  J’apprécie          10
« Battues » – Antonin Varenne
Éditions La manufacture de livres – Collection Territori

Antonin Varenne, c'est la première fois que je le lis.
Tu vas voir que ça risque de pas être la dernière.

Bon.
La nature, encore le personnage principal de ce livre. En même temps, on est chez Territori. Donc, c'est logique. On sait pas vraiment où ils habitent. La ville, c'est R.
Ça peut être l'initiale de quelque chose, ou de Rien.
La ville, on croit qu'elle a pas d'importance. Elle est juste là.
« Quand j'y suis née, R. était encore une ville. »
Ça suppose que ce n'en est plus une.

Dans le livre, y a des gens.
Le type que tu vas suivre pendant 280 pages, il s'appelle Rémi. Il est Flic. Pas vraiment flic, en fait. Il bosse à l'ONF. Garde-chasse. Donc il est un peu le flic des forêts, des braconniers, des chasseurs aussi.
Il habite à La Terre Noire. C'est beau, la Terre Noire. C'est le seul coin qu'il a voulu garder quand sa soeur et lui, ils ont vendu les terres de leurs parents.
Alors, il y a construit une maison. Pour lui, sans doute.
Mais je te dis pas. Tu verras.

Il y a d'autres gens, forcément.
Deux familles, surtout. Avec celle de Rémi, ça fait trois. Et trois, c'est la guerre. T'as déjà vu ça.
Des exploitants qu'en ont rien à péter des arbres, et ça c'est pas bien.
Des éleveurs, qu'en ont rien à péter des arbres non plus.

Il y a une fille aussi. Forcément.
Les histoires d'amour, c'est souvent ce qui fout le bazar entre les familles.
Elle s'appelle Michèle.
Elle est belle.
« C'est vrai ce que t'as dit à Vanberten ?
– Quoi ?
Que je suis une fille trop belle pour ici.
– C'est vrai. »

Il y a les manouches. Ils parlent pas beaucoup, mais ils disent les choses.
« Tu chasses le démon, garde.
Rémi sourit.
« J'ai picolé, je sais pas ce que je fais ici.
– L'alcool te fait seulement tomber là où tu regardes. »

Tu te souviens de « Retour à la nuit ». J'en ai parlé il y a pas longtemps. Les cicatrices du type, cachées par les vêtements. Là, Rémy, il en a aussi des cicatrices. Elles sont pas cachées. Il les porte sur sa gueule. Parce que sa gueule à lui, elle est cassée. Il a eu un genre d'accident. Pas simple.
Pas simple quand t'es amoureux de la plus jolie fille de la région.
Pas simple, parce que les autres, ils pigent pas ce qu'elle te trouve. Ils croient que le physique est la seule chose importante dans les histoires d'amour.
Ils ont rien compris.
Alors ils te haïssent.
La haine, ça fabrique des coups, des colères, des meurtres aussi.

Quand tu finis un chapitre, tu crois que t'y vois plus clair. T'imagines que tu tiens le fil de l'histoire. Tu te goures. le fil, c'est Antonin Varenne qui le tient. Il te laisse juste des morceaux pour que tu te croies malin.

Puis tu commences à comprendre que la ville, celle dont tu penses depuis le début qu'elle a pas d'importance, c'est peut-être aussi un des personnages. Que la ville elle a péché. Grave.
Que la rédemption, c'est pas forcément dans le pardon que tu la trouves.

Varenne, il me fait penser à un de ces Compagnons du Tour de France. Ceux qui bossent toute leur vie pour maîtriser l'art qu'ils ont choisi. Il est comme ça. Parce que se balader à ce point dans le passé et le présent, c'est juste diabolique. Tu pourrais croire au début que tu vas te perdre. Tu te goures. Tu te perds pas. Jamais.

Il aurait pu aussi tomber dans le piège des trucs à la mode. Tu sais, les trucs écolo-branchouilles. Il en est à des kilomètres. Parce que la nature, dans son bouquin, elle est omniprésente à travers les personnages. Sans eux, elle n'existe pas et les hommes, ils font des conneries. Mais je te dis pas.

Comme d'hab.
Va le commander chez ton libraire.
Fais-moi confiance.

Lien : http://www.leslivresdelie.com
Commenter  J’apprécie          10
J'ai apprécié Antonin Varenne dans 3000 chevaux vapeur. Son dernier roman m'a autant emballé. Cette fois, je le qualifierais plutôt de thriller rural.
Imaginez un charmant village paumé, perdu dans cette France profonde, qui peut donner cette impression de douceur de vivre, mais qui en réalité cache bien des secrets de familles, des jalousies, des désirs de vengeance.
Le début de l'histoire est plutôt perturbant, car il faut y entrer, s'y retrouver parmi les différents personnages, et en plus se situer dans une chronologie désordonnée entre passé et présent. Avec un peu de persévérance, on arrive finalement à bien cerner les protagonistes, et apprécier une intrigue bien ficelée.
A lire de préférence si vous avez un peu de temps devant vous -le livre fait moins de 300 pages. Evitez l'option un chapitre par jour !
Commenter  J’apprécie          10
Une visite chez un libraire lyonnais et me voilà reparti avec ce livre et la promesse d'une visite au quai du polar...j'avais lu Trois mille chevaux vapeur et j'avais aimé le voyage. Avec Battues c'est une nouvelle rencontre, des caractères, des convictions, un idéal, des personnages avec une histoire forte. Et me voilà heureux de lire, une fois de plus c'est du plaisir au quotidien.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (176) Voir plus



Quiz Voir plus

trois mille chevaux vapeur

Comment se nommait l'homme qui mort au tout début du livre dans un accident de cheval ?

Cole
Neville
Rooney
Scholes

20 questions
17 lecteurs ont répondu
Thème : Trois mille chevaux vapeur de Antonin VarenneCréer un quiz sur ce livre

{* *}