Pour que je me plonge dans un roman de science-fiction et que j'y reste immergé, il fallait la promesse d'un roman abordable par un néophyte mais assez caractéristique du genre pour garder cette sensation de découvrir un genre jusque-là très rarement exploré par moi.
KOZM ne m'a pas fait de grandes promesses, si ce n'est l'assurance de le recevoir une fois que la campagne de financement participatif lancée par son auteur (le roman est auto-édité) serait terminée. C'était un pari avec un engagement envers moi-même : si je n'adhérais pas à l'univers, aux personnages, à l'intrigue, à l'écriture, je ne me ferai pas l'écho de l'existence de
Kozm. Et me voilà donc devant mon ordi, une fois la dernière page tournée.
Mission accomplie.
Kozm est un roman de science-fiction qui se réclame d'horreur cosmique en référence au maître du genre,
HP Lovecraft (que je n'ai jamais réussi à lire). On y trouve tous les ingrédients nécessaires pour s'accrocher à sa lecture avec la furieuse envie de savoir comment tout cela se termine. Son univers futuriste est assez crédible pour être accessible aux lecteurs peu habitués à se balader au-delà du 22ème siècle : les Hommes ont tellement bousillé la Terre que son atmosphère bien trop chaude les oblige à vivre dans des cités souterraines creusées par exemple à l'intérieur des montagnes. Et comme cultiver ou élever la moindre chose sur Terre est mission quasi-impossible, l'Homme a investi la planète Mars pour y implanter des fermes protégées de l'atmosphère martienne par d'énormes bulles façon Dôme (
S. King) où vivent des familles chargées de produire la nourriture qui sera congelée puis envoyée par fusée aux Terriens tous les deux ans.
Voilà pour l'univers où vit Icare, le personnage terrien principal qui n'est qu'un responsable des chaines d'approvisionnement parmi tant d'autres chargé de surveiller la bonne arrivée et répartition des denrées venues de Mars et qui se voit envoyer en mission sur Mars pour observer et rendre compte de l'activité des martiens et tenter d'expliquer ainsi une baisse de la production, une épidémie qui semble principalement toucher les hommes et leurs organes génitaux et une vague de mystérieuses mutilations d'animaux.
Le lecteur se voit donc embarquer dans cette sorte d'enquête, accompagnant Icare et découvrant ainsi la vie martienne. En parallèle, la vie sous Terre continue et les pratiquants d'une Eglise aux ambitions secrètes s'organisent pour étendre leur influence, y compris sur Mars.
On l'aura compris,
Kozm fourmille de mystères, d'expériences scientifiques et mystiques qui semblent organisées par des êtres supérieurs dont on ne sait s'il s'agit d'une élite humaine ou d'un panthéon d'inspiration christiano-islamique (ou islamo-chrétienne, pas de jaloux).
Le seul bémol que certains pourraient trouver à cette intrigue prenante et bien construite et à l'écriture f
luide de
Jérémy Vassinov seraient peut-être cette part de mystère qui reste obscure jusqu'à la fin du roman, tout ne se résout pas explicitement, tout ne s'explique pas complètement, et la fin ouverte laisse espérer un deuxième tome qui peut-être ne viendra jamais. Qu'à cela ne tienne, on savoure le temps de ces 300 pages une écriture vivante et riche de symboles, de sensations, de couleurs (on soulignera la magnifique couverture de Isaac Grange) et d'une nébulosité assumée qui laisse le lecteur suspendu entre Terre et Mars, dans un flou savamment mis en mots pour
lui laisser la possibilité d'y glisser ses propres mythes et croyances.
Kozm est le type de roman qui me donne envie d'aller creuser un peu plus le monde de la science-fiction…