Assise sur la chaise de l'expérience, la dame blanche patientait la te^te baissée et le regard perdu dans le vague. Bien qu'ils arrivaient à distinguer les traits de son visage, ils avaient l'impression de l'observer à travers un brouillard épais. Que ce soit sa peau ou le tissu de sa robe, tout en elle était trouble et vaporeux. Cet état physique semblait aussi affecter ses mouvements. Quand elle replaça une mèche dans ses cheveux, ses gestes parurent irréels. L'image de son bras répliqué sur son passage pendant quelques secondes avant de disparaitre. À mesure qu'Helen affinait ses réglages, l'apparence du spectre se fit plus nette et ses mouvements plus fluides. Les os qui filtraient en transparence s'effacèrent et, bien que sa peau diaphane soit encore floue, le cœur de Will se mit à battre plus fort...
Soudain frappée par cette terrible image, Olivia imagina le manoir comme une entité autonome, un monstre endormi qui attendait son heure, tapi au cœur de la forêt. Et si, à cause de l'orage, il venait justement de s'éveiller d'un long sommeil ? L'adage disait bien qu'un bruit violent pouvait réveiller un mort, alors pourquoi pas cette demeure ancienne chargée d'histoire ? Entre les mugissements du vent et le tonnerre, il y avait bien de quoi remuer tout un cimetière !
Si leur attention fut d'abord attirée par les frênes centenaires qui entouraient le lac, leur regard s'aimanta rapidement sur la vaste étendue d'eau bordée de neige. La surface lisse et sombre, imprimée par le ciel nocturne, reflétait l'astre mort tel un fantôme de la journée écoulée. Ce décor inversé leur paraissait si réel, qu'il donnait l'illusion de n'avoir qu'à se baisser pour recueillir une des étoiles scintillantes dans le creux de leur main.
En ce matin de Janvier, Will sillonnait une route forestière à bord de sa vieille Ford. Un tube d’AC/DC hurlant dans son poste radio, il observait d’un air songeur le paysage qui se métamorphosait sous une pluie de flocons. Au rythme d’un vent erratique, les branches épineuses des sapins s’emmitouflaient de doux renflements, les pierres tranchantes s’arrondissaient par couches successives, et les crevasses dans le sol se fardaient d’un blanc moelleux et scintillant. À croire que Valorne voulait dissimuler sa vraie nature l’espace d’une saison.
" Dans sa drôle de cohabitation avec la dame blanche, Will avait accompli l'impossible. A force de lui réclamer des preuves de sa présence, il avait fini par trouver le moyen de communiquer avec elle."
C'était comme si elle flottait sur une eau inerte, tirée par le fil invisible d'une canne à pêche dont le moulinet se rembobinait à toute vitesse. A quelques mètres d'eux, Ben sentit la chair de poule se répandre sur sa peau. Il ne comprit que trop tard qu'ils se trouvaient du mauvais côté de la ligne. La coupure de courant avait sans doute été l'hameçon qui les avait attiré dans ses filets.
Au rythme d'un vent erratique, les branches épineuses des sapins s'emmitouflaient de doux renflements, les pierres tranchantes s'arrondissaient par couches successives, et les crevasses dans le sol se fardaient d'un blanc moelleux et scintillant. A croire que Valorne voulait dissimuler sa vraie nature l'espace d'une saison.
Comme un pêcheur attendant sa proie, elle devait ferrer son problème sans un bruit jusqu'à ce que la solution lui apparaisse au grand jour.