Un roman terminé depuis déjà quelques jours (l'an dernier !), et dont j'ai un peu de mal à faire la critique, parce que je balance entre des sentiments ambivalents par rapport à cette lecture.
Je m'explique, enfin j'essaie : l'intrigue tourne autour de la notion de consentement, en l'occurrence celui d'Olivia Lytton, assistante parlementaire du très séduisant James Whitehouse, sous-secrétaire d'Etat mais surtout ami de très longue date du
Premier Ministre britannique. James et Olivia ont été amants durant quelques mois, rien que de très classique, hélas, jusqu'à que Monsieur se lasse et préfère revenir à sa dévouée épouse Sophie, avec laquelle il a deux enfants. Mais voilà que James a un petit coup de revenez-y, et s'offre un dernier "bon moment" avec Olivia dans un ascenseur juste avant une réunion de travail. Sauf que...
Olivia ne voyait pas les choses comme ça. Toujours amoureuse et pensant que leur liaison allait reprendre, elle prend très mal une remarque post-coïtum en sortant de l'ascenseur : "Merci pour ce moment. C'est exactement ce dont j'avais besoin" p.54. Et à partir de là, tout va s'enchaîner.
C'est Kate, avocate pénaliste spécialisée dans les crimes à caractère sexuel qui va défendre Olivia devant le tribunal londonien. Kate qui est déterminée à démontrer qu'Olivia a bien été victime d'un viol, qu'elle ne consentait pas à ce dernier rapport, et que James doit payer. Mais payer pour quoi exactement ? C'est tout le propos de ce roman, qui va analyser au mot près à quel moment il aurait fallu s'arrêter et comprendre que finalement non, la partenaire ne voulait pas aller jusque-là, en tout cas pas dans ces circonstances-là.
L'histoire se déroule sur deux périodes : en 2016-2017 au moment du procès, et en 1992-1993, quand James est étudiant à Oxford, en même temps que Sophie (ils auront d'ailleurs une première liaison à cette période-là, avant de rompre brusquement, pour se retrouver une dizaine d'années plus tard et finalement se marier), et que Tom, le fidèle ami devenu
Premier Ministre. On fait aussi la connaissance de Holly Berry, qui a été admise dans cette prestigieuse université grâce à ses mérites et ses capacités, et non pas de ses origines ou de la fortune familiale. Holly a d'ailleurs du mal à s'intégrer, elle ne comprend pas les coutumes étranges de ces jeunes gens pour qui beuveries et orgies suivies de saccage des lieux sont monnaie courante ("vous serez dédommagés, bien sûr", lance un membre du club des Libertins au malheureux restaurateur qui voit son établissement détruit après une de ces soirées arrosées...d'ailleurs il devrait considérer que c'est un "honneur" d'avoir été choisi pour les accueillir).
Holly ne restera d'ailleurs pas très longtemps à Oxford, ce n'est pas son monde, et l'amitié d'Alison ne suffira pas à la retenir, ni son "binôme" Sophie.
On comprend assez vite que l'origine des faits de 2016 remonte à l'époque des études, ainsi que les rapports entre les différents protagonistes.
Il m'est difficile d'expliquer sans en dévoiler davantage pourquoi ma note n'est pas plus généreuse, mais je vais tenter quand même. La narration est agréable, l'intrigue fluide et bien conçue, les personnages vont éveiller chez le lecteur des émotions contraires mais en tout cas ne le laisseront pas indifférent (par exemple je n'ai pas du tout réussi à apprécier Kate, et j'ai eu du mal à comprendre Sophie, alors que j'étais totalement en empathie avec la jeune Holly ). Les "arrangements" entre politiciens, l'importance des appuis, tout ce pan est fort bien décrit et je pense très proche de la réalité. La fin est habile aussi. Mais qu'est-ce qui ne colle pas alors ? Et bien pour moi c'est le fond du propos. J'ai du mal à admettre l'idée qu'une avocate soit à ce point obnubilée par l'idée qu'il faut faire condamner à tout prix un homme, quitte à manipuler les faits et les mots pour les tourner dans le sens qui l'arrange. Je ne vous dirai pas si la stratégie a fonctionné ou pas, mais le procédé ne me plaît pas. Bien sûr, elle a ses raisons pour agir de la sorte, et James est l'archétype du mec qui pense que toutes les femmes ne rêvent que d'être séduites par lui, mais quand même...couper les cheveux en quatre sur le plus petit détail, j'en avais un peu marre au bout d'un moment.
Je comprends parfaitement les billets bien plus enthousiastes que le mien, mais c'est peut-être aussi une question de génération. Pour moi qui ai connu une jeunesse très libérée et fêtarde (mais pas destructrice comme dans le roman, je vous rassure !) bien loin de l'esprit #metoo, il y a dans cette histoire quelque chose qui me dérange, voire me choque. C'est un vaste débat que la notion de consentement, et des circonstances qui font qu'un rapport sexuel pourra plus tard être qualifié de viol, et ce n'est pas moi qui vais résoudre la question !
Cependant "
Anatomie d'un scandale" reste une lecture très recommandable.