Citations sur Les Aventures de Boro, reporter photographe : La Dame.. (12)
Plus tard, tu seras l'œil qui surveille le monde. Tu iras regarder les hommes jusqu'au fond de leur nuit.
Et il se mit à mitrailler : Maryika, Hoffmann, la vendeuse, le nouveau venu offrant ses fleurs, un homme qui regardait de l'autre côté de la porte, Hoffmann, crispé, contemplant la scène, Maryika, radieuse, l'inconnu assenant une tape amicale sur les fesses de la blonde, la blonde roucoulant sous la caresse, Maryika, heureuse, Hoffmann levant la main, l'inconnu se rendant compte qu'on l'avait photograhié et approchant, la blonde le considérant, perplexe, Maryika se dirigeant vers la porte, l'inconnu lâchant une phrase d'un ton sec, en allemand, Hoffmann interpellant Maryika et celle-ci, après avoir écouté, se tournant vers son cousin.
- Mademoiselle, vous êtes un vrai prix de Diane, lui dit-il en manière de compliment. Une longue carrière s’ouvre devant vous.
- Ben tiens, m’sieu ! rétorqua la gagneuse avec une jolie vulgarité sur la frimousse. Vous voudriez pas que j’abandonne le peignoir à dix-huit ans !
Nous espionnons un espion qui espionne.
Blèmia Borowicz, dit "Boro", est un jeune reporter photographe originaire de Hongrie. Il est de la race des Kertész et des Capa, venus comme lui chercher à Paris une terre d'asile et de liberté. Il a l'insolence de la bohème et l'élégance désinvolte d'un héros de Fitzgerald. Les déraisons de l'amour, les hasards de l'action et les fureurs de l'histoire le conduiront vers un destin exceptionnel. Avec sa canne et son Leica, il traversera l'Europe de 1930 pour voler au secours de sa cousine Maryika, jeune étoile montante du cinéma allemand dont il est éperdument amoureux. Celle-ci est prise dans la tourmente et les persécutions qui frappent les milieux intellectuels et artistique d'une Allemagne bientôt engloutie par la montée du nazisme.
(Boro) - J'ai la chance d'avoir un chauffeur, dit-il. C'est bien assez. Je ne mérite pas de domestique.
Le Noir s'approcha tandis que Boro s'écartait de la voiture pour mieux la contempler. Il siffla d'admiration.
- Je n'avais pas eu le temps de la voir, dit-il. Au bois de Boulogne, le père Bugatti m'en a empêché. Et ce matin, nous étions pressés.
- Six mètres de long, dit le chauffeur. Huit cylindres, mille trois cent centimètres cubes, arbre à cames en tête. Modèle unique.
- Et vous? demanda Boro en se tournant vers le Noir.
- Scipion. Modèle unique également. Devenu chauffeur par intérim pour nourrir mes huit enfants.
- Huit enfants? s'écria Boro.
- Répartis entre plusieurs femmes, le rassura Scipion.
Il ôta sa casquette, ses gants et ses lunettes. Il tendit la main à Boro. Celui-ci la serra en se présentant à son tour:
- Boro, reporter.
- Boro, c'est le nom ou le prénom?
- Blèmia, pour le prénom, Borowicz pour le nom, Boro pour la signature.
Plus tard, tu seras l’œil qui surveille le monde, annonça-t-elle d’une voix de crécelle. Tu iras regarder les hommes jusqu’au fond de leur nuit. Méfie-toi alors de ne pas mourir d’une balle en plein front.
Plus tard, tu seras l'œil qui surveille le monde. Tu iras regarder les hommes jusqu'au fond de leur nuit.
Le chauffeur de taxi était un ancien officier du Czar. Il s'appelait Féodor Alexeï Léontieff et pleurait comme un veau.
Bien sûr, la perte récente de son épouse justifiait amplement son chagrin, mais la présence consolatrice d'une bouteille de vodka qu'il n'abandonnait que pour tourner le volant de sa Renault n'était pas étrangère à la faconde de l'ex-commandant de la Garde impériale.
-Savez-vous pourquoi Hitler met toujours sa main entre ses cuisses pendant les défis? demanda-t-il entre deux hoquets.
Et devant leur stupéfaction, il ajouta:
- Pour protéger le dernier chômeur de Berlin!