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4,1

sur 1233 notes
L'histoire de ce livre est assez particulière et son contenu d'une très grande valeur littéraire.
Écrit en pleine guerre, en 1941, par Vercors, nom de résistance et de plume de Jean Bruller, "Le Silence de la mer" est la première publication des Éditions de Minuit, cofondées par Jean Bruller et Pierre de Lescure. L'ouvrage a été imprimé clandestinement à quelques centaines d'exemplaires dans un atelier du boulevard de l'Hôpital, à Paris.
Le succès a été immédiat et De Gaulle en a fait éditer de Londres pour le diffuser plus largement.
"Le Silence de la Mer" est un huis clos entre trois personnages, un homme et sa nièce habitant une ferme réquisitionnée et un officier allemand, Werner von Ebrennac, qui vit dans l'une des pièces de la maison.
L'officier, passionné par la culture française, parle un français parfait. Chaque soir, il fait part de ses idéaux et de sa passion pour la France à ses hôtes qui lui opposent un mutisme farouche et inébranlable, seul moyen pour eux de marquer leur hostilité à l'occupation allemande.
Werner von Ebrennac croit en une possible union entre l'Allemagne et la France. Mais lors d'une permission à Paris, l'officier découvre les véritables intentions de l'Allemagne nazie. Ecoeuré, il se porte volontaire pour le front russe.
Ce texte, vraiment poignant, évoque déjà la construction européenne alors que les deux pays sont en guerre, une union rêvée entre la « Belle et la Bête » qui n'aura pas lieu en 1941 mais bien des années plus tard.


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Recueil de nouvelles : Désespoir est mort, le silence de la mer, ce jour-là, le songe, l'impuissance, le cheval et la mort, l'imprimerie de Verdun. La nouvelle le silence de la mer donne son nom au recueil et les silences sont bien présents dans ces différentes nouvelles. Des silences lourds de sens, d'émotion quand les mots ne peuvent dire l'amour, l'horreur de la mort, la nécessité de la séparation, l'amitié malgré les différences, la révolte. L'indicible de cette guerre, l'auteur essaie dans montrer les différentes facettes.
Ils nous présentent des personnages révoltés, indécis, dans l'attente, déchirés. Ces portraits ne sont pas manichéens bien au contraire et rendent ces personnages proches et sensibles. Vercors a une plume acérée comme dans le Songe écrit en 1943 et qui décrit les colonnes de la mort ( c'est hallucinant et horrifique). J'ai été souvent ému par les différents récits (le silence de la mer, ce jour-là ou encore le songe avec une émotion plus forte presque un malaise pour ce dernier).
Un recueil court certes mais dense, riche, à ruminer, relire pour réfléchir à la guerre et ses atrocités.


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le courage!! une qualité qui ne doit pas être galvaudée aujourd hui, et surtout dans les periodes les plus sombre de notre histoire.
Le silence de la mer a ete justement publie clandestinement lors de la seconde guerre mondiale par des hommes qui ne manquait pas de cette qualité noble cité au debut de cette critique.
c est pour cette raison qu il faut lire absolument ce recueil de nouvelle qui temoigne des atrocites de la guerre et surtout un espoir de jours meilleurs
un grand manifeste de la resistance
emouvant!!!
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Jean Brullet, qui écrivit sous son pseudonyme de résistant : Vercors, n'est autre que le fondateur des Editions de Minuit pendant l'Occupation allemande de la France. le Silence de la mer est le récit d'un homme d'âge mûr sur l'occupation de sa maison par un Allemand durant la guerre. Cet homme et sa nièce décident durant sa présence au sein de la maison de maintenir un silence forcené.
Mais le silence va ouvrir une porte inattendue en eux. L'écoute de cet étranger déposera en eux, une petite chose douce qui transformera le silence. Ses mots, sa personnalité, son humanisme, sa douceur auront raison des réticences et des résistances de l'oncle et de la nièce. Cet homme marquera chacun d'eux et l'oralité de la nièce lors de son départ sera l'ultime mot de la compréhension mutuelle. Les ennemis ne sont plus ; les êtres …humains se font faces.
Le style est le miroir du silence qui occupe le livre. le style est une musique qui monte crescendo jusqu'à imposer une intensité extrême et descend decrescendo jusqu'à cet « adieu » final qui clôt la partition.
L'Allemand parle et l'oncle observe, scrute, détaille. le regard est aiguisé. Les descriptions sont précises « une main peut refléter les émotions aussi bien qu'un visage ». L'homme qui se tait peut tout voir, tout ressentir. Et Vercors nous dit que les paroles fausses sont trompées par les réactions corporelles. le corps ne ment pas, semble t'il nous dire.
La posture des antagonistes est merveilleusement mise en scène. L'homme près de la cheminée, l'oncle assis sur son fauteuil et la jeune fille en retrait au travail de couture. Tel un magnifique tableau de Hopper où chacun « s'affaire » à sa solitude.
La récurrence de certaines locutions comme « il frappa » ou « je vous souhaite une bonne nuit » donne du rythme au récit et soulage le lecteur. Les silences ont été respectés. le débordement n'a pas eu lieu. La peur s'étiole.
La poésie est omniprésente dans ce court récit.
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Ce qui m'a frappée chez cet auteur, c'est qu'on entre tout de suite dans l'histoire qu'il a créée. Dès les premières lignes, on est dans l'ambiance, quelle qu'elle soit.

Je suis en général assez réticente en ce qui concerne les récits de 2nde Guerre Mondiale où les allemands apparaissent souvent comme des brutes épaisses, au mieux ils sont idiots, au pire ils sont cruels. Je pense qu'il y avait de ces hommes-là mais aussi qu'il y en avait d'autres et que la nuance dans les caractères représente mieux la réalité. Cette nuance, je l'ai retrouvée dans ce recueil et ici, ce n'est pas tellement les hommes qui sont horribles mais plutôt ce que la guerre fait d'eux.

Je vais maintenant vous parler de chaque nouvelle en essayant de ne rien spoiler. Mes commentaires sur chaque pourront vous paraître bizarres ou incompréhensibles sans contexte mais je ne peux pas en dire plus sans vous révéler des éléments qu'il vaut mieux découvrir par soi même.



Le silence de la mer
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle. Bien qu'on ne devienne jamais très proches des personnages, ils ont tous un « quelque chose » qui les rend très touchants. Il y a beaucoup de non-dits qui se ressentent très bien, de nombreuses choses se passent dans le silence et c'est ce qui les rend si fortes. J'ai particulièrement aimé l'officier allemand qui est dépeint comme un homme plein de rêves et d'amour pour la France mais voit tous ses espoirs se briser. J'ai eu l'impression que dans chaque camp, on subissait et on acceptait des choses qu'on ne voulait pas vraiment, qu'on n'assumait son rôle à contrecoeur. La fin est très émouvante et c'est surtout parce que rien n'est vraiment dit que c'est une belle nouvelle.


Le songe
La seule nouvelle que je n'ai pas aimée. C'est très bien écrit et assez révélateur des mentalités de l'époque mais je l'ai trouvée trop moralisatrice. Ce n'était peut-être qu'une impression mais je n'aime pas les récits culpabilisants, surtout quand je me sens visée alors que je n'ai rien à voir avec les évènements, ça me met mal à l'aise.



Ce jour là
Je crois avoir lu cette nouvelle plus jeune mais ce n'est qu'aujourd'hui que je la trouve vraiment belle. On se met à la place du petit garçon qui ne comprend pas alors que nous, on comprend très bien ce qui se passe et à quel point c'est triste. J'ai été vraiment touchée par cette histoire, d'autant plus que rien n'est clairement dit.


La marche à l'étoile
J'ai eu du mal à comprendre les enchainements dans l'histoire et j'ai eu des doutes sur la fin tant elle m'a paru horrible. Je ne sais pas trop ce que l'auteur a voulu dire ou montrer mais j'ai peur de l'image des français que renvoie cette histoire. Et en même temps, le personnage principal nous donne une lueur d'espoir.


Le cheval et la mort
Une nouvelle originale et très étrange mais avec une fin qui justifie le tout.


L'imprimerie de Verdun
Une très belle histoire qui montre comment on peut se faire avoir quand on a confiance. Sans donner d'excuses à ceux qui ont cru les mauvaises personnes, il donne un aperçu qui me semble très réaliste de la situation.


Je dois avouer que je ne ressens aucune fierté d'être française, plutôt un amour pour ce que la France a pu être par le passé. Ces nouvelles font écho à mon sentiment mais sonnent parfois creux quand il s'agit de fierté. Ces nouvelles ont éveillé beaucoup de choses en moi et je conseille vraiment de lire ce recueil.
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Je n'irai pas par 4 chemins, ce vieux classique que j'ai ressorti du fond de ma bibliothèque, est un petit bijou, et en le relisant je me rappelle combien il m'avait marqué quand j'étais encore une jeune plante donc autant dire que cela fait un bon moment ! L'odeur du papier vieilli qui transpire à chaque changement de page me projette aussi loin que cette histoire ... Celle d'un vieil homme et de sa nièce qui se retrouve face à face chaque jour avec leur pire ennemi, un allemand : Werner von Ebrennac qui a réquisitionné leur demeure pendant l'occupation. (c'est marrant ça ! ma dernière chronique "les vestiges de l'aube" de D.S.Khara parle d'un Werner aussi, un redoutable vampire... drôle de coincidence ! bon reprenons... )

Le poids est lourd à porter pour tous les habitants de cette maison. Ils décident d'un commun accord de ne pas parler à leur hôte, et de l'ignorer lui signifiant ainsi leur dégoût pour leur invasion. L'officier allemand a beaucoup de courage, il tente le dialogue... qui lui sera refusé, il espère détendre l'atmosphère en parlant librement de la France qu'il aime, il parle de la musique qu'il connait bien et qui adoucit souvent les moeurs, il espère beaucoup de leur collaboration et espère aussi l'unification de leur deux pays. La littérature française est mise à l'honneur, elle est joliment défendu par l'envahisseur, il est conscient de la richesse culturelle de ces deux pays, la France et l' Allemagne, cette guerre est une aberration. Et pourtant, malgré son monologue rassurant, on sent poindre une certaine naïveté qui lui fera perdre le sourire ...

Cette liberté bafouée que les propriétaires de la maison se résignent "à exprimer en se taisant" génére des silences encore plus parlants, que de longs et beaux discours. Beaucoup d'émotions sous-jacentes, des regards qui trainent, des soupirs qui se meurent .. c'est très émouvant. Cette émotion est soutenue par une écriture simple, descriptive et qui nous plonge très vite dans cette ambiance. La première description du visage de l'allemand est magnifique, la beauté du diable ...

Beaucoup d'antagonismes et de surprises sur les sentiments qui évoluent dans cette histoire ...car à la haine s'ajoute des sentiments d'habitude, puis des sentiments tout courts ... et c'est étonnant comme certaines choses peuvent finir par manquer alors qu'on voudrait s'en débarrasser ...
Mais je parle trop... la nouvelle étant assez courte je ne vous livre rien de ce qui nait de cette "co-location" peu ordinaire ... Il faudra lire et vous armer d'une petite pièce de coton qui s'appelle "mouchoir" pour les plus sensibles ... Les messages sont très forts. A découvrir ou à redécouvrir ...
Lien : http://fanfanlatulipe85.blog..
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Le Silence de la mer c'est le drame d'une guerre entre deux cultures que tout oppose artificiellement mais que tout réunit, en fait, profondément. Un drame ayant pour cadre la lutte entre frères ennemis, car, pour autant qu'ils sont ennemis, ils sont surtout frères.
C'est la tragédie de deux pays – la France et l'Allemagne – entraînés dans un conflit qui dure depuis 1870 et la défaite française contre la Prusse. Autant dire deux rives liées par des ponts culturels indestructibles mais, le temps de trois actes guerriers, submergés par le bellicisme.
Dans ce court récit se déroulant en 1941, comment s'incarne la résistance à l'Occupant ? de la manière la plus insolite : un officier de la Wehrmacht, amoureux sincère de la France, est logé par un homme et sa nièce qui lui opposent un silence à chacune de ses tentatives de rapprochement.
Contre toute attente, l'extrême fin de cette triste histoire laissera entrevoir les prémisses d'une réconciliation, aujourd'hui effective, désormais que nos deux peuples ne dépendent plus des circonstances extraordinaires que sont les guerres.
L'auteur, Vercors – de son vrai nom Jean Bruller – était lui-même un résistant actif et co-fondateur des Editions de Minuit, alors clandestines, dont le Silence de la mer sera la première publication, en pleine Occupation.

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Une absolue délicatesse… le propos n'a pas une ride. Écrit en temps réel, il illustre magnifiquement le « Quelle connerie la guerre » de Prévert. L'amour devenu impossible. Lé résistance par le silence. L'espoir absurde et les mensonges que l'on s'administre pour que le pire ne soit pas au rendez-vous. Et nul n'échappe au pire. Vercors, résistant, offre ici un grand cri d'humanité et un diagnostic implacable : la guerre irrémédiablement crée des camps et des clans. Elle divise jusqu'à l'absurde. Elle éloigne chacun de ses espoirs mais, dans le fond de soi, il est possible toujours, silencieusement et vainement, une étincelle d'humanité. Mais ce qui est certain, c'est que le silence est le premier acte, le point zéro de lé résistance
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Epoque, saison, région et, soudain, désastre et tension deviennent quotidien.

Les cultures s'affrontent, s'opposent et les regards s'agressent par leurs silences et leurs défis.

Les pages se tournent, les minutes s'égrennent et l'histoire s'aventure au lendemain, celui que l'on n'ose deviner.

Mondes de silences sourds et d'ombres lasses se tempêtent dans un orage de fer et de sang.

Qui sont ils et pourquoi sont ils ainsi; ces gens ?

Silence à découvrir avec recul et réflexions sur ce temps qui, par son absence se rappelle à nos mémoires.
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Ce livre est pour moi l'un des textes les plus émouvants que j'ai lus.
Un officier allemand vient habiter dans une maison où vivent un oncle et sa nièce. Ces derniers, fidèles à leur devoir vont vouloir continuer à vivre comme s'il n'existait pas.
Mais voilà , l'ennemi est cultivé, mélomane et d'une courtoisie absolue. Il n'est pas un conquérant mais un homme de devoir.
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