Citations sur Chansons pour elle et autres poèmes érotiques (24)
Elle a, ta chair, le charme sombre
Des maturités estivales,
Elle en a l'ambre, elle en a l'ombre
Ils me disent que tu es brune,
Qu'une brune a des yeux de braise
Et qu'un cœur qui cherche fortune
S'y brûle... Ô la bonne foutaise !
Ronde et fraîche comme la lune,
Vive ta gorge aux bouts de fraise !
Ah, ton corps noir et rose
Et clair de lune ! Ah, pose
Ton coude sur mon coeur,
Et tout ton corps vainqueur,
Tout ton corps que j'adore !
Ah, ton corps, qu'il repose
Sur mon âme morose
Et l'étouffe s'il peut,
Si ton caprice veut,
Encore, encore, encore !
(Séguidille)
Tu n'es pas la plus amoureuse
De celles qui m'ont pris ma chair ;
Tu n'es pas la plus savoureuse
De mes femmes de l'autre hiver.
Mais je t'adore tout de même !
D'ailleurs, ton corps doux et bénin
A tout, dans son calme suprême,
De si grassement féminin,
De si voluptueux sans phrase,
(…)
(A celle que l'on dit froide)
Et qui pourrait dire ce corps
Sinon moi, son chantre et son prêtre,
Et son esclave humble et son maître
Qui s'en damnerait sans remords,
Son corps rare, harmonieux,
Suave, blanc comme une rose
Blanche, blanc de lait pur, et rose
Comme un lys sous de pourpres cieux ?
(…)
Mignonne, allons voir si ton lit
A toujours sous le rideau rouge
L'oreiller sorcier qui tant bouge
Et les draps fous. Ô vers ton lit !
("Filles" - I A la Princesse Roukhine)
Je suis hostile à toute robe
Qui plus ou moins cache et dérobe
Ces charmes, au fond les meilleurs :
Ta gorge, mon plus cher délice,
Tes épaules et la malice
De tes mollets ensorceleurs.
Sois-moi fidèle si possible
Et surtout si cela te plaît,
Mais reste souvent accessible
À mon désir, humble valet
Content d'un " viens ! " ou d'un soufflet.
" Hein ? passé le temps des prouesses ! "
Me disent les sots d'alentour.
Ça, non, car grâce à tes caresses
C'est encor, c'est toujours mon tour.
Vivent nous et vive l'amour !
Aimez, aimez ! ô chères Esseulées,
Puisqu'en ces jours de malheur, vous encore,
Le glorieux Stigmate vous décore.
Es-tu brune ou blonde ?
Sont-ils noirs ou bleus,
Tes yeux ?
Je n’en sais rien mais j’aime leur clarté profonde,
Mais j’adore le désordre de tes cheveux.
Es-tu douce ou dure ?
Est-il sensible ou moqueur,
Ton cœur ?
Je n’en sais rien mais je rends grâce à la nature
D’avoir fait de ton cœur mon maître et mon vainqueur.
Fidèle. Infidèle ?
Qu’est-ce que ça fait,
Au fait
Puisque toujours dispose à couronner mon zèle
Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.
Toutes deux regardaient s'enfuir les hirondelles :
L'une pâle aux cheveux de jais, et l'autre blonde
Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
Vaguement serpentaient, nuages, autour d'elles.
Et toutes deux, avec des langueurs d'asphodèles,
Tandis qu'au ciel montait la lune molle et ronde,
Savouraient à longs traits l'émotion profonde
Du soir et le bonheur triste des coeurs fidèles.
Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples,
Couple étrange qui prend pitié des autres couples,
Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes.
Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre,
Emphatique comme un trône de mélodrames
Et plein d'odeurs, le Lit, défait, s'ouvrait dans l'ombre.
(Les amies
I - Sur le balcon)