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Cinq semaines en ballon » est le premier véritable roman de
Jules Verne. Auparavant il avait écrit des nouvelles, des récits historiques, géographiques ou scientifiques et quelques pièces de théâtre. C'est son nouvel éditeur, Hetzel qui lui fait commande d'un roman qui soit « un vrai roman de voyage et non pas un récit ».
Jules Verne, grand admirateur d'
Edgar Poe, a lu les «
Histoires extraordinaires » traduites par
Baudelaire en 1856, et a été intéressé en particulier par la nouvelle intitulée «
le canard au ballon ». le ballon, il connaît un peu, son ami, le photographe Nadar, s'apprête à faire une ascension avec son immense aérostat appelé modestement « le Géant ». le voyage du roman se fera donc en ballon, mais à bord « je ne compte pas embarquer, sur mon ballon à moi, un canard, ni même un dindon qui serait le dindon de la farce, mais des humains ». de plus, le ballon sera adapté en fonction des dernières découvertes scientifiques, afin de tenir au moins plusieurs semaines. Reste le lieu de l'action. Les explorateurs Burton et Speke, qui ont fait une expédition en Afrique entre 1858 et 1860 ont émis l'hypothèse que le Nil prendrait sa source dans le lac Victoria.
Jules Verne tient son sujet : des explorateurs en ballon partent rechercher en Afrique les sources du Nil.
Le docteur Samuel Ferguson, accompagné de son ami Dick Kennedy et de son serviteur Joe, s'envolent de Zanzibar à bord du ballon « le Victoria » pour le lac du même nom afin d'établir la vérité sur les sources du Nil. Après avoir vérifié l'hypothèse de Burton et Speke, ils sont pris dans une série de péripéties aventureuses, tribus hostiles, rapaces agressifs, faim, soif, montagnes et déserts… finalement, après avoir traversé l'Afrique d'Est en Ouest, le ballon échoue à Saint-Louis (côte du Sénégal).
Le roman reçut un beau succès critique et public. Hetzel enchanté commanda un autre roman (ce sera «
Voyage au centre de la Terre », suivi par «
de la Terre à la Lune ») et fait paraître en feuilleton « Voyages du Capitaine Hatteras », écrit juste après «
Cinq semaines en ballon ». En 1866, naît la collection «
Voyages extraordinaires » où ces quatre romans prennent naturellement leur place. Inutile de rappeler que la collection comptera au total 62 romans et 18 nouvelles, dont la plupart sont encore lus de nos jours, je ne le rappellerai donc pas.
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Cinq semaines en ballon » porte en lui tous les ingrédients qui formeront l'ossature des romans à venir : un récit de voyage dans des endroits peu ou pas connus du commun des mortels ; un mode de transport original ; une utilisation pratique des dernières découvertes scientifiques ; enfin une observation, mi-sérieuse, mi-amusée, des populations rencontrées… Et dans les points moins positifs : la place des femmes dans l'histoire (pas de donzelle dans la nacelle) [dans l'ensemble des « Voyages », les femmes sont plus des faire-valoir qu'autre chose, sauf quelques exceptions («
Mistress Branican », «
Michel Strogoff »)], et déci-delà, quelques relents racistes ou antisémites (mais c'était le cas chez de nombreux écrivains, à l'époque).
Au cinéma, pas grand-chose à se mettre sous la dent : signalons pour la forme une (libre) adaptation du roman en 1962 : «
Cinq semaines en ballon », d'Irwin Allen, avec Cedrick
Hardwicke et Red Buttons.