Citations sur L'Ile mystérieuse (90)
Les colons, haletants, sans faire un geste, sans prononcer une parole, regardèrent alors cette lutte des deux éléments. Quel spectacle que ce combat entre l’eau et le feu ! Quelle plume pourrait décrire cette scène d’une merveilleuse horreur, et quel pinceau la pourrait peindre ?
Je n'ai pas besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.
– Mais à quoi bon ? demanda le reporter.
– On ne sait pas. Faut voir ! »
Et sur cette réponse, il fut décidé qu’une embarcation serait construite, de manière à pouvoir prendre la mer vers le mois d’octobre prochain, au retour de la belle saison.
La providence faisait beaucoup pour eux, sans doute, mais fidèle au grand précepte, ils s'aidaient d'abord, et le ciel leur venait ensuite en aide.
Vers l'ouest, une bande nuageuse, nettement dessinée à l'horizon, accroissait les ténèbres, et l'oeil ne savait découvrir si le ciel et l'eau s'y confondaient sur une même ligne circulaire.
Mais, en un point de cet horizon, une vague lueur parut soudain, qui descendait lentement, à mesure que le nuage montait vers le zénith.
C' était le croissant délié de la Lune, déjà près de disparaître. Mais sa lumière suffit à dessiner nettement la ligne horizontale, alors détachée du nuage, et l'ingénieur put voir son image tremblotante se refléter un instant sur une surface liquide.
Cyrus Smith saisit la main du jeune garçon, et, d'une voix grave : 'Une île !' dit-il, au moment où le croissant lunaire s'éteignait dans les flots.
"Remontons-nous ?
- Non ! Au contraire ! Nous descendons !
- Pis que cela, Monsieur Cyrus ! Nous tombons !
- Pour Dieu ! Jetez du lest !
- Voilà le dernier sac vidé !
- Le ballon se relève-t-il ?
- Non !
- J'entends comme un clapotement de vagues !
- La mer est sous la nacelle !
- Elle ne doit pas être à cinq cents pieds de nous !"
Aussi une vingtaine de magnifiques peaux ornaient-elles déjà la grande salle de Granite-House, et si cela continuait, la race des jaguars serait bientôt éteinte de l'île, but que poursuivait les chasseurs.
Mais enfin, mon cher Cyrus, tout ce mouvement industriel et commercial auquel vous prédisez une progression constante, est-ce-qu'il ne court pas le danger d'être absolument arrêté tôt ou tard ?
- Arrêté ! Et par quoi ?
- Mais par le manque de ce charbon, qu'on peut justement appeler le plus précieux des minéraux ! (...) Cependant j'insiste, reprit Gédéon Spilett. Vous ne niez pas qu'un jour le charbon sera entièrement consommé ?
- Oh ! les gisements houillers sont encore considérables (...) après les gisements d'Europe de nouvelles machines permettront bientôt d'explorer plus à fond, les houillères d'Amériques et d'Australie fourniront longtemps encore à la consommation de l'industrie.
- Combien de temps ? demanda le reporter.
- Au moins deux cent cinquante ou trois cents ans.
- C'est rassurant pour nous, répondit Pencroff, mais inquiétant pour nos arrières petits-cousins !
Mais, comme disait le marin, ils dépassaient de cent coudées les Robinsons d’autrefois, pour qui tout était miracle à faire.
Et en effet, ils « savaient », et l’homme qui « sait » réussit là où d’autres végéteraient et périraient inévitablement.
-Et pourtant, ajouta Pencroff, [...] le monde est bien savant! Quel gros livre, Monsieur Cyrus, on ferait avec tout ce qu'on sait!
-Et quel plus gros livre encore avec tout ce qu'on ne sait pas, répondit Monsieur Cyrus Smith.