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Citations sur Almanach des quatre saisons (6)

La distinction demande des dons. Si on en manque, chercher à l'obtenir en cultivant habituellement des soucis élevés, tels que sauver la France, avoir les oreilles propres, employer le subjonctif.

Tel que relevé pour "Les fils de la pensée" http://xn--rflchir-byac.net
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Crudités : Hygiéniques, mais évitez l'excès : le lapin blanc qui ne mange que des fanes de carottes, a les yeux roses et la moustache en éventail.
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Novembre


Novembre, onzième mois de l'année, rétréci par les premiers froids, n'a que trente jours sous un ciel noir. Jalonné par les cloches des Morts, les cors de saint Hubert, le clairon de l'armistice, la harpe de sainte Cécile, c'est le mois des tombes, des inscriptions dorées, des chrysanthèmes, des grands bilans, du cerf qui traverse le lac pour le calendrier des Postes, des fanfares qui meurent dans la brume, des feuilles qui finissent de tomber. (…)
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Octobre est le vrai mois des bilans. L'homme allume sa lampe et fume sa pipe. Le vent assiège sa maison, le souvenir sa mémoire.
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« Nécessaires vacances de l’esprit »
On ne se méfie jamais assez de l’intelligence. L’intelligence rend l’homme pensif. C’est un état qu’il ne supporte pas quand il n’en a pas l’habitude. Il tombe dans la neurasthénie, quelquefois même dans l’arithmomanie: il compte alors les lames de son plan­cher, les livres qu’il a lus, les rinceaux du plafond; il additionne le nombre des étoiles avec celui des sergents de ville; il se trompe, recommence, et il fait peine à voir. Jamais, d’ailleurs, son total n’est exact. C’est ce qui arriva à Louis XVI, après son retour de Varennes, suivant Mlle de Mirecourt.
Et ce n’est encore qu’un résultat lointain de l’abus des facultés intellectuelles. Il ne faut jamais mettre un homme, sans un entraîne­ment progressif, en face d’une situation qui l’oblige soudainement à réfléchir à plusieurs choses. Le sang afflue au cerveau, le teint passe au violet, le front se plisse, les yeux restent vides, la tête peut deve­nir aussi grosse que celle d’un académicien. Tout est à craindre en de telles conjonctures, comme du scaphandrier qui remonte à la sur­face après une importante plongée.
Le repos s’impose, et des bains de pieds à la moutarde. André Maurois rapporte un cas limite bien fait pour effrayer les esprits téméraires dans sa Vie de Disraeli: celui de M. Bentink, un parfait gentleman, membre de la chambre des Communes où il n’avait jamais rien dit. Disraeli le prit pour coéquipier et M. Bentink fut obligé de penser un peu. On le retrouva mort dans un champ, il y était tombé sur la face. « C’était un homme, explique Maurois, peu habitué au travail de l’esprit. » Et cependant, pour ne pas faire deux choses, il avait vendu tous ses chevaux.
On voit par là les gros dangers de l’intelligence. L’homme se fane comme l’herbe des champs. Il risque de tomber sur la face. De lon­gues vacances sont à prescrire immédiatement.
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Les rigueurs de l’hiver
L’hiver remonte à la plus haute antiquité. Il y eut même une période glaciaire pendant laquelle il durait toute l’année. La France était couverte de neige. On ne voyait plus que les coqs des clochers. Le mammouth s’ébrouait autour. On a retrouvé des œufs de mammouth jusqu’au bord de la nationale 7.
Les rigueurs de l’hiver ne sont pas moins anciennes. Chyme le Bronchitaire, dans sesLettres des champs, nous décrit les mouve­ments rythmiques par lesquels il essaie, dans sa maison de campa­gne, de réchauffer ses membres engourdis, en sautillant d’un pied sur l’autre sur la froide mosaïque de son tepidarium. Il est navrant de voir sautiller d’un pied sur l’autre sur une mosaïque historiée un homme si grave et si savant. Telles sont pourtant les rigueurs de l’hiver.
Naguère encore, quand les maisons avaient une cheminée, le vent s’y engouffrait en grondant. Il apportait l’appel plaintif du célibataire, les hurlements du loup, le cri plus rauque du veuf. Les gens soufflaient sur trois tisons en toussotant, le grand-père s’appro­chait le plus possible, son nez gouttait dans son écuelle tremblante. On lui mettait un bonnet de coton. La science, depuis, a fait des pas de géant. Les rigueurs de l’hiver s’en sont beaucoup accrues. Le chauffage central rend les maisons brûlantes. L’été, l’automne ont des journées fraîches, l’hiver ne connaît qu’un air torride et dessé­ché. Les angines, la toux se multiplient. Il faut aller dans les stations de ski. L’homme, sans cheminée, n’entend plus le cri du vent, mais le bruit de la chasse d’eau du voisin.
Il y faut ajouter que les progrès de la science ont transformé le cadre cosmique. On a appris la forme exacte de toute chose: on sait par Lunar Orbiter que la Lune est en forme de poire, la Terre aussi, et Paris en forme de foie de veau. Il en résulte un dépayse­ment. On ne passe pas sans malaise de la vie sur une boule à l’éxis­tance plus fatigante qui surmène sur un sol concave. Résumons-nous: les progrès de la science et de l’industrie ont aggravé les rigueurs de l’hiver. Au lieu de le passer à entendre le cri rauque du veuf par la cheminée sur une terre en forme de pomme, l’homme écoute le bruit de la chasse d’eau sur une terre en forme de poire.
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