Ça roule pour Bonape

On y projetait un vieux Ben-Hur en noir et blanc. Cochonnes ou non -à son avis plutôt cochonnes-, les images avaient fasciné Petit Bonape. Il s'était aussitôt imaginé, non pas dans la peau de Ben-Hur, bellâtre incarné par Ramon Navarro, mais dans celle de Messala, le ténébreux héros romain, cuirassé et empanaché, reçu à Rome par l'Empereur, glorifié par ses crimes et montant sous les exclamations des patriciens eux-mêmes le grand escalier de marbre blanc qui menait au Capitole et de là à la Divinité.
Bonape se vit alors dans un songe bleu, descendant les Champs-Elysées sur son char, paré de la pourpre consulaire, un glaive d'airain au côté, entouré d'un escadron de 300 CRS brandissant des boucliers transparents sur lesquels étaient peints en lettres d'or l'historique SPQR dont rêva Montherlant.