Jules est de tous leurs rêves ; il comble le vide. A leur réveil, ça leur revient comme un coup dans le ventre, d’ailleurs, ça les cisaille.
Jules a disparu et il disparaît encore, chaque matin.
Il suffit d’ouvrir les yeux pour que la vie le leur arrache à nouveau.
Il y a un coucher de soleil rose flamboyant, qui rend presque jolis les trucs moches : ronds-points, zone industrielle, parkings. Ca aussi, ils y repenseraient plus tard : c’était un ciel de fin du monde, un ciel qui essayait de se faire pardonner.
Il y a des jours aux larmes qui ne s'arrêtent pas de couler, jamais ; et d'autres à la colère noire, où, de rage, on tourne en rond comme des fauves.
Jules a disparu et il disparaît, chaque matin.
Il suffit d'ouvrir les yeux pour que la vie leur arrache à nouveau.
Quand elle rejoint ses filles pour le dernier bisou du soir, Ariane leur répète à chacune, sans y croire vraiment, la gorge nouée, au creux de l’oreille :
“Tu reverras ton frère.”
“Tu reverras ton frère.”
Ca fait comme un refrain pour tenir, sans musique et sans joie, loin de toute fête.