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Citations sur Stello (19)

Comme le pouvoir est une science de convention, selon les temps, et que tout ordre social est basé sur un mensonge plus ou moins ridicule, tandis qu'au contraire les beautés de tout art ne sont possibles que dérivant de la vérité la plus intime, vous comprenez que le Pouvoir, quel qu'il soit, trouve une continuelle opposition dans toute œuvre ainsi créée. De là ses efforts éternels pour comprimer ou séduire.
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P 70 « Savez-vous qu’il existe une race d’homme au cœur sec et à l’œil microscopique, armée de pinces et de griffes ? Cette fourmilière se presse, se roule, se rue sur le moindre de tous les livres, le ronge, le perce, le lacère, le traverse plus vite et plus profondément que le ver ennemi des bibliothèques. Nulle émotion n’entrave cette impérissable famille, nulle inspiration ne l’enlève, nulle clarté ne la réjouit, ni l’échauffe ; cette race indestructible et destructive, dont le sang est froid comme celui de la vipère et du crapaud, voit clairement les trois taches du soleil, et n’a jamais remarqué ses rayons ; elle va droit à tous les défauts ; elle pullule sans fin sur les blessures mêmes qu’elle a faites, dans le sang et les larmes qu’elle a fait couler ; toujours mordante et jamais mordue, elle est à l’abri des coups par sa ténuité, son abaissement, ses détours subtils et ses sinuosités perfides ; ce qu’elle attaque se sent blessé au cœur comme par les insectes verts et innombrables que la peste d’Asie fait pleuvoir sur son chemin ; ce qu’elle a blessé se dessèche, se dissout intérieurement, et, sitôt que l’air le frappe, tombe au premier souffle ou au moindre toucher. »
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P271 Le pouvoir n’a plus depuis longtemps ni la force ni la grâce— Ses jours de grandeurs et de fêtes ne sont plus. On cherche mieux que lui. Le tenir en main, cela s’est toujours pu réduire à l’action de manier des idiots et des circonstances, et ces circonstance et ces idiots, ballottés ensemble, amènent des chances imprévues et nécessaires, auxquelles les plus grands ont confessé qu’ils devaient la plus belle partie de leur renommée.
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Ne pas espérer qu'un grand œuvre soit contemplé, qu'un livre soit lu, comme ils ont été faits.

Si votre livre est écrit dans la solitude, l'étude et le recueillement je souhaite qu'il soit lu dans le recueillement, l'étude et la solitude : mais soyez à peu près certain qu'il sera lu à la promenade, au café, en calèche, entre les causerîes, les disputes, les verres, les jeux et les éclats de rire, ou pas du tout.

Et, s'il est original, Dieu vous puisse garder des pales imitateurs, troupe nuisibles et innombrable de singes salissants et maladroits !

Et, après tout cela, vous aurez mis au jour quelque volume qui, pareil à toutes les œuvres des hommes, lesquelles n'ont jamais exprimé qu'une question et un soupir, pourra se résumer infailliblement par les deux mots qui ne cesseront jamais d'exprimer notre destinée de doute et de douleur :

POURQUOI ? et HÉLAS !
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IV. — Avoir toujours présentes à la pensée les images, choisies entre mille, de Gilbert, de Chatterton et d'André Chénier.

Parce que, ces trois jeunes ombres étant sans cesse devant vous, chacune d'elles gardera l'une des routes politiques où vous pourriez égarer vos pieds. L'un des trois fantômes adorables vous montrera sa clef, l'autre sa fiole de poison, et l'autre sa guillotine. Ils vous crieront ceci :

Le Poète a une malédiction sur sa vie et une bénédiction sur son nom. Le Poète, apôtre de la vérité toujours jeune, cause un éternel ombrage à l'homme du Pouvoir, apôtre d'une vieille fiction, parce que l'un a l'inspiration, l'autre seulement l'attention ou l'aptitude d'esprit ; parce que le Poète laissera une œuvre où sera écrit le jugement des actions publiques et de leurs acteurs ; parce qu'au moment même où ces acteurs disparaissent pour toujours à la mort, l'auteur commence une longue vie. Suivez votre vocation. Votre royaume n'est pas de ce monde sur lequel vos yeux sont ouverts, mais de celui qui sera quand vos yeux seront fermés.
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Comme le Pouvoir est une science de convention, selon les temps, et que tout ordre social est basé sur un mensonge plus ou moins ridicule, tandis qu'au contraire les beautés de tout Art ne sont possibles que dérivant de la vérité la plus intime, vous comprenez que le Pouvoir, quel qu'il soit, trouve une continuelle opposition dans toute œuvre ainsi créée. De là ses efforts éternels pour comprimer ou séduire.
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C'est en effet une chose toute commode aux médiocrités qu'un temps de révolution. Alors que le beuglement de la voix étouffe l’expression pure de la pensée, que la hauteur de la taille est plus prisée que la grandeur du caractère, que la harangue sur la borne fait taire l’éloquence à la tribune, que l’injure des feuilles publiques voile momentanément la sagesse durable des livres : quand un scandale de la rue fait une petite gloire et un petit nom ; quand les ambitieux centenaires feignent, pour les" piper, d'écouter les écoliers imberbes qui les endoctrinent ; quand l'enfant se guinde sur le bout du pied pour prêcher les hommes ; quand les grands noms sont secoués pêle-mêle dans des sacs de boue, et tirés à la loterie populaire par la main des pamphlétiers ; quand les vieilles hontes de famille redeviennent des espèces d’honneurs, hérédité chère à bien des Capacités connues ; quand les taches de sang font auréole au front, sur ma foi, c'est un bon temps.
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J'entendis la voix creuse et douce de Chatterton, qui fit cette singulière réponse en saccadant ses paroles et s'arrêtant à chaque phrase :

« L'Angleterre est un vaisseau : notre île en a la forme ; la proue tournée au nord, elle est comme à l'ancre au milieu des mers, surveillant le continent. Sans cesse elle tire de ses flancs d'autres vaisseaux faits à son image et qui vont la représenter sur toutes les côtes du monde. Mais c'est à bord du grand navire qu'est notre ouvrage à tous. Le Roi, les Lords, les Communes, sont au pavillon, au gouvernail et à la boussole ; nous autres, nous devons tous avoir la main aux cordages, monter aux mats, tendre les voiles et charger les canons ; nous sommes tous de l'équipage, et nul n'est inutile dans la manœuvre de notre glorieux navire. »

Cela fit sensation. On s'approcha sans trop comprendre et sans savoir si l'on devait se moquer ou applaudir, situation accoutumée du vulgaire.

« Well, very well ! cria le gros Beckford, c'est bien, mon enfant ! c'est noblement représenter notre bienheureuse patrie ! Rule Britannia ! chanta-t-il en fredonnant l'air national. Mais. mon garçon, je vous prends par vos paroles. Que diable peut faire le Poète dans la manœuvre ? »

Chatterton resta dans sa première immobilité : c'était celle d'un homme absorbé par un travail intérieur qui ne cesse jamais et qui lui fait voir des ombres sur ses pas. Il leva seulement les yeux au plafond, et dit :

« Le Poète cherche aux étoiles quelle route nous montre le doigt du Seigneur. »
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Près du lit des mourants, les parents m'ont toujours importuné.

— Et pourquoi cela ? dit Stello...

Quand une maladie devient un peu longue, les parents jouent le plus mediocre rôle qui se puisse voir. Pendant les huit premiers jours, sentant la mort qui vient, ils pleurent et se tordent les bras ; les huit jours suivants, ils s'habituent à la mort de l’homme, calculent ses suites et spéculent sur elle ; les huit jours qui suivent, ils se disent à l'oreille : Les veilles nous tuent ; on prolonge ses souffrances ; il serait plus heureux pour tout le monde que cela finît. Et s'il reste encore quelques jours après, on me regarde de travers. Ma foi, j’aime mieux les gardés-malades ; elles tâtent bien, à la dérobée, les draps du lit, mais elles ne parlent pas.
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Les Terroristes [le Docteur parle des membres du Comité de Salut Public de l'An II de la République] se laissèrent platement entraîner à l'instinct absurde de la cruauté et aux nécessités dégoûtantes de leur position. Cela leur advint à cause de leur médiocrité, comme j'ai dit.
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