La narratrice est une journaliste canadienne qui se sent bien seule à New York où elle vit depuis quelques années. Son mariage bat de l'aile et elle se confie à une amie, Valérie, qui lui suggère, pour se distraire, d'aller dîner avec son père Edward, quatre-vingt-dix ans. Valérie s'inquiète en fait pour son père qui vit seul depuis le décès de sa mère quelques semaines auparavant, d'autant qu'elle doit rentrer au Canada.
C'est surtout pour tranquilliser Valérie que la narratrice accepte la proposition : elle se rend chez Edward, qui lui a préparé un délicieux dîner. Outre un fabuleux cuisinier, la narratrice, dont on devine qu'il s'agit de l'auteur, découvre un vieil homme alerte, cultivé, plein d'humour et de sensibilité. Sa conversation n'a d'égal que les plats qu'il prépare et, au fil des chapitres qui retracent autant de dîners et leurs préparatifs, une amitié naît et se développe jusqu'à devenir indispensable aux deux protagonistes qui reprennent ainsi rapidement goût à la vie.
Le roman que nous propose
Isabel Vincent est très plaisant : les amateurs de cuisine apprécieront les rendez-vous ponctuels entre les deux convives, les autres, dont je fais partie, ne seront pas lassés par les recettes évoquées, car elles sont surtout prétextes à parler d'amitié ou à évoquer le passé. Edward est nostalgique, on s'en doute, lui qui a vécu une grande histoire d'amour avec Paula, l'unique femme de sa vie. Il en tire quelques leçons qu'il essaie de transmettre à Isabel, empêtrée dans des relations difficiles ; pour autant, Edward n'est jamais moralisateur. La vie lui a enseigné qu'il valait mieux être pragmatique et comme tout ce qu'il veut, c'est le bonheur d'Isabel, il essaie de lui communiquer avant tout son amour de la vie.
« J'avais toujours vécu avec l'idée que le paradis se trouvait ailleurs. Mais Edward n'était pas dupe. Il savait que le paradis n'est pas un lieu mais les personnes qui peuplent votre existence. Combien de fois m'avait-il répété : « le paradis, c'était Paula et moi » ? » (p163)
Le roman nous transporte à New York dont il évoque certains quartiers et plus particulièrement Roosevelt Island et son téléphérique vers Manhattan. L'atmosphère des lieux est très bien restituée, celle de l'appartement d'Edward également, tellement chaleureuse. L'écriture d'
Isabel Vincent est douce et pudique. le deuil, omniprésent, est toujours évoqué avec délicatesse, en filigranes, comme la vieillesse à laquelle Edward essaie de s'habituer depuis qu'il vit seul.
Si «
Dîner avec Edward » apparaît d'abord comme un « feel-good book », il est servi par une belle écriture et par une certaine subtilité qui en font un livre sur l'amitié à la fois agréable à lire et intéressant.
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