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Si certains ont conservé quelque sympathie pour l'espèce humaine et ses sociétés, ce roman devrait contribuer, comme tant d'autres, à les éclairer. Un policier ukrainien de la région du Donbass, région minière, pauvre, enlaidie par les activités humaines, impliquée précocément dans le déploiement impérialiste russe en Ukraine, se lance sur la piste de l'assassin d'un garçonnet retrouvé poignardé dans la neige. A l'occasion de cette enquête, l'auteur décrit les paysages du Donbass, le désarroi de nombreux habitants, la frénésie cupide de la minorité dominante des deux côtés de la zone de front. Il nous parle aussi des vétérans de la guerre d'Afghanistan, de la porosité de la violence d'un champ à l'autre, de la guerre institutionnelle à la vie quotidienne, une fois qu'elle devient la compagne ordinaire d'une vie. Néanmoins, on se sent parfois pris dans la nasse des clichés alors que les traits anti-héroïques du commandant de police ne font qu'accentuer cette impression gênante.
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Un livre que j'avais lu avant "l'opération spéciale" de Poutine, mais qui illustre bien cette zone grise qu'est le Donbass. L'intrigue n'est pas l'essentielle, quoi que la fin lui redonne de l'intérêt. le noyau dur de ce roman est de pénétrer au coeur d'une guerre civile où il n'y a pas d'un côté les bons de Kiev pro occidentaux et les méchants de l'Est prosoviétiques, mais une même population déshéritée partagée entre deux systèmes de valeurs, jusqu'à une guerre absurde et fratricide, que l'on a oublié complètement mais qui tue chaque jour des innocents. le Donbass, une région maudite, que beaucoup ses habitants ne semblent pourtant vouloir quitter pour rien au monde. Mais depuis 18 mois, ce n'est plus qu'une zone de guerre, dont on ignore si une réconciliation sera possible.
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Excellent roman pour qui aime le polar mais surtout pour qui veut se plonger dans une atmosphère toute particulière dans l'Ukraine contemporaine et qui explique en partie ce qui s'est déroulé depuis 2014 là-bas, avant que la guerre ne soit déclenchée par Poutine. Roman qui vaut vraiment le détour !
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2018. A Avdiïvka, petite ville du Donbass proche de la ligne de front, un gamin de six ans est retrouvé assassiné, cloué au sol par un poignard planté dans son ventre. le colonel Henrik Kavadze, chef de la police locale, mène l'enquête. Henrik est un multi-traumatisé: vétéran d'Afghanistan il a de plus perdu sa fille unique, morte accidentellement. Il gère tout cela en s'alcoolisant. Il est beaucoup question des conséquences de l'intervention soviétique en Afghanistan. Pour les vétérans comme Henrik mais aussi pour les familles des soldats morts là-bas, la guerre qui débute en 2014 réactive des souvenirs douloureux.

L'enquête policière est ici un prétexte pour nous présenter la situation du Donbass en guerre que Benoît Vitkine semble bien connaître. Les habitants de cette région ont souffert sur plusieurs générations. L'auteur nous rappelle qu'on est ici au coeur des Terres de sang: "Les massacres étaient une spécialité locale:chaque époque avait offert les siens. Les fosses communes creusées par les communistes dans les années trente n'avaient pas toutes été découvertes, pas plus que celles utilisées par les nazis pour assassiner les Juifs durant la guerre. Les os pouvaient aussi être ceux d'un paysan parti mourir dans la forêt pendant la grande famine provoquée par Staline en 1932-1933. Ou ceux d'un combattant mort en 2014".

La chute de l'URSS a entraîné une crise économique. L'industrie et les mines de charbon qui faisaient la fierté du Donbass ont été bradées au profit de quelques oligarques mafieux. La corruption, déjà présente à l'époque communiste, s'est généralisée. La guerre entre les séparatistes pro-Russes et l'Ukraine a fini d'achever cette région où restent essentiellement ceux qui n'ont pas pu partir, beaucoup de vieilles femmes et des paumés.

Je trouve que tout ceci est très bien expliqué et dans la nuance. L'auteur ne juge pas les choix de ses personnages, il nous donne des éléments pour les comprendre. C'est un roman qui date de 2020 et dont la lecture est tout à fait d'actualité avec la guerre en Ukraine. Cette lecture m'a intéressée.
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Benoît Vitkine est un journaliste français, spécialiste de la Russie et des ex-pays soviétiques, correspondant du Monde à Moscou, il faut le suivre, sur twitter notamment, car il est une source quotidienne, fiable et passionnante de ce qui se passe à l'est, et entre autres, dans le Donbass, ou d'autres contrées qui ne font pas forcément les gros titres de nos journaux.

C'est un livre que j'aurais fini par lire tôt ou tard car à l'exception de rares évocations sommaires sur la région et le conflit géopolitique qui la déchire, je n'avais pas eu l'occasion de me pencher sérieusement sur la nature des conflits. Benoît Vitkine en première ligne de la guerre présente avec clarté tous les enjeux autour desquels se déchirent séparatistes, largement soutenus par le voisin russe quelque peu intrusif, et loyalistes. Comme il le souligne à travers la voix désenchantée de son colonel, le conflit du Donbass n'est pas celui qui préoccupe en premier lieu l'Union Européenne même si le traité de Minsk a sensiblement apaisé le débat. S'impliquer – efficacement – dans un conflit dont l'une des parties est soutenue par Vladimir Poutine, c'est aussi affronter l'ire froide et rancunière du dirigeant russe, colère dont l'Union Européenne se passe aisément, j'imagine. Comme celle du Haut-Karabagh, la guerre du Donbass est de celles qui nous sont tellement éloignées, que l'on n'arriverait pas même à situer le Donbass sur une carte, ni même à la définir, étant données les deux républiques autoproclamées, mais non reconnues qui composent entre autres la partie indépendantiste du bassin et l'instabilité des lignes de fronts entre loyalistes ukrainiens et séparatistes prorusses.

Si Benoît Vitkine nous laisse à porter de main les principales clefs pour comprendre le conflit qui agite la région, je pense à la révolution de Maïdan, qui tient son nom d'une des places principales de Kiev, ce roman reste un polar. Clairement la part géopolitique occupe la majeure place du roman, ce qui a totalement répondu à mes attentes. S'il a choisi la fiction (encore que, jusqu'à quel point l'est-elle ?), la narration s'ancre sur un terrain tout ce qu'il y a de plus réel. Peut-être que loin des reportages qui ne sont pas forcément aussi attrayants qu'un bon polar, ce mode est idéal pour raconter une guerre dont l'occident peine à connaître le nom. Déplacer le conflit dans la zone de la fiction, qui lui laisse un champ d'action plus personnel et plus souple au niveau écriture, lui a peut-être permis d'attirer un lectorat sans doute plus large, plus diversifié. En tout cas, depuis son rôle de journaliste et de spécialiste de la zone d'Europe Orientale, il apporte une clarté nouvelle et bienvenue sur l'écheveau complexe qui s'est noué là-bas et dont les fils semblent être assez difficiles à dénouer.

Il a choisi de donner une orientation policière à son roman pour parler du Donbass, qui me semble après tout en parfaite concordance avec l'atmosphère des lieux, compte tenu le champs de mines et de destructions qu'est devenue la région. Depuis son rôle de romancier, il a bâti une intrigue, qui s'appuie en très grande partie sur le contexte belliqueux et mortifère, sépulcral, ingérable, presque, d'une guerre poussée jusqu'à l'absurde, qui divise les ukrainiens, dont les plus retors ressortent saufs. Un spectacle de pantomimes dont le Tsar russe semble s'absoudre, avec peut-être un air d'innocence à peine trop exagérée. Ces assassinats d'enfants, qui sont en temps de guerre, la dernière étape peut-être avant le basculement complet dans la folie inhumaine des belligérants – il le souligne – sont prétexte à étudier des destins individuels, qui ont tous un rapport étroitement complexe, ambiguë et funeste avec la guerre, et la mort. Cette mort est le fil rouge du roman, comme une malediction imprescriptible pour à la fois l'Ukraine en tant qu'ex-république soviétique, et la Russie, dont la guerre du Donbass n'est pas la seule coupable.

Le narrateur, Henrik Kavadze, ne tranche pas sur ce fond surexposé à la guerre, assez obturé par les instruments et les blessures de guerre, les stigmates laissées sur cette terre douloureuse, qui n'appartient plus à personne. Tout comme les gens sont dépossédés des leurs, il ne leur reste plus que leurs morts, leurs deuils, leur mémoire et leur peine. L'industrie qui marche encore, la cokerie, n'est pas là pour remettre un peu de couleur à la vie des Donois, décidément bien noire. Les voies de sortie ne sont qu'artificielles, l'alcool, la drogue, n'apporte que ce flash de vie vif et aveuglant, aussi artificiel qu'éphémère, qui finit par brûler la rétine.

Si cette guerre est éloignée géographiquement parlant, elle est étonnamment proche au point du vu temporel, et lire des 2014, des 2015 met un coup de semonce bienvenue pour les ouest-européens que nous sommes. Ce qui est particulièrement frappant, quand on lit à travers les lignes de ce roman, c'est de constater à quel point cette guerre semble ne pas vouloir trouver de fin, si les mortiers continuent à voler de part et d'autre plus par la force de l'habitude que par conviction, les soldats, eux ont le geste aussi automatique que leurs armes. Si cette guerre n'en finit pas, le chagrin des survivants en est à son image : infini, immuable, indélébile. La guerre se nourrit de ses décombres et de ses morts, la Russie de ses guerres, de cette mélancolie soviétique, qui aura peut-être du mal à se défaire de ses désirs mortifères d'expansion. Surement pas avec un homme aussi mégalomane que Poutine à sa tête.
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Henrik Kavadze, ancien militaire en Afghanistan, est flic, a choisi le camp ukrainien. Comme tout prototype de flic, il est désabusé, ivrogne, peu causant, cynique, plus intègre que ses collègues. Son supérieur est tout occupé à se faire bien voir, opinant dès que la haute sphère lève le petit doigt. Les trafics en tout genre font florès. J'allais oublier, la pute, maîtresse d'Henrik. Tous les ingrédients d'un bon polar traditionnel sont réunis.
Oui, mais voilà, nous sommes en Ukraine, la guerre civile fait rage, la région du Donbass est en pleine ligne de mire. le Donbass, région minière, à l'est de l'Ukraine et plus particulièrement la ville d'Avdiïvka prise et reprise par les deux parties ; les civils sont les premières victimes des combats.
Un jour, le corps d'un petit garçon de 6 ans est découvert, il s'agit de Sacha Zourabov. Arrivé depuis trois semaines environ, il vivait avec sa grand-mère dans l'un des immeubles quasi abandonnés. « Le cadavre était étendu à l'extrémité d'un terrain vague…. Il émergeait à moitié d'un petit monticule de neige. Vêtu seulement d'un maillot de corps relevé jusqu'à la poitrine et d'un slip qui ne cachait plus son petit sexe. » Ce ne peut être qu'un crime, mais pourquoi s'en prendre à un gamin de six ans ? Pourquoi « un poignard au manche de bois était planté jusqu'à la garde dans le ventre de l'enfant » ? « Comme un papillon épinglé dans le carnet d'un entomologiste...Un frêle papillon de nuit aux ailes pâles et fragiles »

C'est plus un roman noir, très noir qu'un polar qu'a écrit Benoît Vitkine pour parler de cette guerre fratricide armée par la Russie. Il déroule le tapis noir de la guérilla avec les trous de kalachnikov, d'obus de mortier…Il n'y a pas que le charbon du coke qui est noir. Ici, tout n'est que violence, trafic, corruption, abandon de toute humanité. « On avait enterré les grandes idées et les espoirs fous, les questionnements, les identités tourmentées. On avait cessé de se disputer puisque seules les bombes étaient capables de se faire entendre. On n'espérait plus que la survie. » Ce petit corps cloué est comme le coup de poing de trop qui fait réagir et se rassembler les survivants lors des obsèques ; il y aura même une trêve le temps des funérailles



J'aurais aimé que certains personnages prennent plus de place dans le livre. Tenez, Levon Andrassian, roitelet du Donbass ami-ennemi de Kavadze, ils ont vécu dans le même quartier pourri « Cette histoire me concerne aussi parce que j'ai une responsabilité vis-à-vis de cette ville et de ses habitants. Ils attendent de nous qu'elle ne se transforme pas en Far West…. Moi, j'ai besoin d'un minimum d'ordre pour mes affaires. Et ce qui est important pour les affaires est important pour la ville…. C'est un équilibre subtil et fragile, le commerce avec l'ennemi. » Cet homme a une certaine épaisseur « Il s'était révélé aussi adroit dans la gestion des livres de comptes que dans le maniement des armes… Levon représentait à lui seul la pointe avancée de la modernité en ville, l'avant-garde du capitalisme à la sauce ukrainienne »… Mais c'eût été un autre livre.
Le véritable sujet de ce livre, c'est la guerre au Donbass, la mort du petit garçon en est le prétexte.
Une lecture prenante, un récit court mais très dense. L'auteur vomit cette guerre, ses enquêtes ukrainiennes pour en restituer l'inutilité, la violence, les souffrances.
Un premier roman au contenu très fort
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Donbass, avant ce roman je n'avais jamais entendu parlé de ce territoire. Pourtant, il y a une guerre là-bas, une guerre qui n'intéresse pas grand monde, un territoire où tout n'est que désolation, sous les bombes qui s'abattent inlassablement. Les habitants, en grande partie des veuves, sont blasés, ce martèlement les rend cyniques, alcooliques ou fous, mais il y a une solidarité qui entretien un mince espoir. Ce roman est une immersion totale dans un monde ravagé. L'intrigue est secondaire, mais pas inintéressante, elle tourne autour d'un flic désabusé, survivant de l'Afghanistan, de meurtres d'enfants, de trafics aussi, il y en a toujours pour tirer partie de la misère humaine. Après cette lecture, on est plus au fait du conflit qui oppose les Ukrainiens aux séparatistes pro-Russes et des conséquences que cela a sur une population oubliée de tous ou presque.
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Donbass : cette région orientale d'Ukraine est secouée depuis 2014 par un conflit opposant le gouvernement de Kiev à un mouvement séparatiste pro-russe. le Donbass a été le glorieux paradis du charbon et de l'acier de l'Union Soviétique, plus à l'ouest il y avait les champs de blé dorés. Puis il y a eu l'éclatement de l'URSS, l'indépendance de l'Ukraine et la révolution de Maïdan à Kiev, le renversement du président et la victoire des proeuropéens qui a suscité des révoltes en Crimée et dans la région minière et industrielle du Donbass qui comptent une forte proportion d'habitants d'origine russe. Les contre-offensives ukrainiennes ne sont pas venues à bout de la rébellion du Donbass qui bénéficie de l'aide en sous-main de Moscou, Donetsk la principale ville régionale est devenue la capitale des séparatistes.

Actuellement un front sert de frontière entre les territoires repris par l'armée ukrainienne et les séparatistes organisés en "républiques populaires" de Donetsk et de Lougansk. "Cessez-le-feu fragile" , "conflit larvé" ou "guerre de basse intensité" sont les termes officiels désignant des bombardements sporadiques et des tirs d'armes automatiques des séparatistes soutenus par Moscou ou venant de l'opération anti-terroriste menée par Kiev qui a remplacé les appelés par des soldats de métier et de plus en plus par des kontraktniki.

C'est dans cet univers pré-apocalyptique à la mi-mars 2018, que le colonel Henrik Kavadze entame une enquête délicate, le cadavre de Sacha, un petit garçon de 6 ans, a été découvert dans la neige d'un terrain vague. Seulement vêtu d'un slip, il a été poignardé. Kavadze, le chef de la police d'Avdiïvka ville située près de la ligne de front, est bien le seul à se préoccuper d'un cadavre dans un pays en guerre. Il a perdu toutes ses illusions et sa motivation. Il attend la retraite ressassant le chagrin de la mort de sa jeune fille Lena et ses idées noires ramenées des combats en Afghanistan. Même dans les bras de Ioulia la prostituée il n'oublie pas.

Benoît Vitkine privilégie le récit journaliste, chaque déplacement, chaque rencontre, chaque vision d'Henrik Kavadze renforce la tragédie vécue par cette région. La vie pourrait y être figée, d'ailleurs il ne semble y avoir plus que des veuves à Avdiïvka, des veuves de soldats, des veuves d'ouvriers, des veuves d'alcooliques. La corruption perdure, dans la police, parmi les dirigeants et les oligarques qui ont investi l'industrie du charbon et de l'acier. Kavadze va déterrer tous les trafics que la guerre a exacerbés plutôt que ralentis. Toutes les drogues possibles et imaginables circulent.

Kavadze enquête des deux côtés de la ligne de front qui sert de frontière, jusqu'à Donetsk sa ville natale. Un retour dans le passé qui le mène nulle part . Ses recherches sont plausibles mais ses découvertes le ramènent sans cesse à la routine d'une guerre enlisée, aux gestes de survie de la population, à ses vieux démons d'Afghanistan et à son chagrin de père. le récit de Benoît Vitkine est noir comme de l'anthracite, crédible et tragique. On croit entendre le bruit de fond lancinant et lointain des bombardements.

Peu-à-peu Kavadze et le lecteur se persuadent que le petit Sacha a été victime d'un maraudeur, jusqu'à ce que ...

Lien : http://romans-policiers-des-..
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Un roman assez court (moins de trois cent pages) et que j'ai trouvé très agréable à lire. le style de l'auteur - journaliste et prix Albert Londres 2019 - n'est absolument pas journalistique ou plat. Il y a le soucis de la belle phrase, de la bonne tournure et de la métaphore (quitte à en faire trop? Peut-être un peu).

Alors clairement, l'enquête policière est un prétexte pour découvrir la région et ses habitants, ou plutôt ses survivants. le colonel de police nous emmène de part et d'autre de la ligne de front, empruntant les routes défoncées du Donbass que la guerre a terminé de ruiner depuis 2014. J'ai trouvé le livre très visuel, avec des descriptions riches sans jamais être trop longues. le Donbass est ainsi dépeint uniformément en nuances de gris, recouvert d'une épaisse couche de résignation mêlée de désespoir, accompagnant parfaitement une houille omniprésente et odorante. J'ai voyagé en lisant Donbass. j'ai visité ces lieux désolés où même la tristesse semble être partie, comme les emplois, la vie et tout le reste.

Dans cette steppe crasseuse et mutilée se croisent des âmes errantes, plus ou moins abîmées, aux formes plus ou moins humaines. le personnage principal, flic cynique et désabusé, ex-lieutenant soviétique vétéran de la campagne d'Afghanistan en 79, est particulièrement attachant malgré tout. Certains personnages virent un peu à la caricature mais n'est-ce pas aussi le cas dans la vraie vie? On sent que Vitkine connaît bien la région et ses habitants, qu'ils les a côtoyés et partage leur malheur.

Alors oui, ce n'est pas le polar du siècle, clairement. Les meurtres d'enfants sur fond de guerre et de misère sociale ne me laisseront pas un souvenir impérissable. Par contre, la visite en monochrome de cette région du Donbass sinistrée par la chute de l'URSS puis achevée par la guerre séparatiste de 2014 ne laisse pas indifférent.
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Si l'on m'avait dit que l'actualité allait me pousser vers ce roman et donc une littérature inconnue pour moi...

Le support d'une enquête policière est le prétexte pour parler de cette région du monde qui est principalement connue à travers le conflit Ukraine/Russie.
Je m'attendais à y découvrir le quotidien de cette population teinté d'horreurs, de guerre avec des bombardements et des conflits armés quotidiens. Finalement, l'auteur parle de cette région en y faisant quelques descriptions mais ne s'y attarde pas dans trop de détails glauques. On sent tout de même la tension vécue au quotidien mais le "décor" de guerre semble malgré tout être banalisé par les habitants. C'est triste de se dire que l'être humain peut s'adapter à un contexte si particulier et violent! Quelques petits détails paraissent malgré tout questionnant: quand on passe dans le no man's land sans y voir trop de contrôles et de remontrances des peuples ennemis... C'est peut-être aussi mon imagination qui me donne certains préjugés.
L'enquête en elle-même est un peu décousue et le dénouement est bizarre. Ce n'est donc pas ça que je vais principalement retenir...
La particularité de l'écriture est que l'auteur s'éparpille alors qu'il a plutôt une écriture fluide et facile à comprendre.

Une découverte de cette région qui a un goût particulier avec la guerre en Ukraine actuellement. Cela fait froid dans le dos...
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