Le spectacle était un défi au conservatisme alimentaire des passants, intimidés par les ennemis intérieurs engraissés à ces nourritures dangereuses. Dans tout ce qui était exposé, rien n’était mangeable, sauf les légumes et, encore, en quantités prudentes – comme si on pouvait manger des légumes prudemment. On ne peut pas manger prudemment. On ne doit pas manger prudemment. Si on ne peut pas manger, on ne mange pas, un point c’est tout.
Madame Thatcher déteste la littérature et les écrivains, à l’exception de Kipling dans sa dimension impériale. Si on l’avait laissé faire, elle aurait torturé de ses propres mains la plupart des infâmes écrivains contemporains, non parce qu’ils étaient infâmes, mais parce qu’ils étaient écrivains. Et elle a été forcée de lâcher un pactole pour protéger un sujet de l’empire qui est presque entièrement noir, quelle horreur !
Je déteste les animaux de ferme qui conservent l’aura de ce qu’ils ne sont plus.
Le pouvoir médiatique et le pouvoir critique étaient face à face, mais l’observateur innocent de la société littéraire, au lieu de s’attarder, aurait reporté son regard sur d’autres couples, d’autres trios, des groupes d’accrolettrés qui se formaient au gré des échanges d’amabilités, pour la plus grande joie des professionnels, financiers et rupins sans profil précis qui étaient venus au prix Venice pour voir et se faire voir.
Parfois, ne pas lire une œuvre magistrale est le meilleur service qu’un lecteur puisse rendre à un auteur magistral. Savoir qu’il est bon, c’est bien suffisant.
Éditeurs et agents littéraires professionnels accompagnaient leurs écrivains préférés, redoutant toujours qu’ils passent chez un concurrent. Les éditeurs étaient angoissés par l’énorme somme que Conesal pouvait mettre sur le tapis vert du marché littéraire, et les agents littéraires étaient alléchés à l’idée que la fortune de Conesal pouvait faire monter les enchères des nouveautés de leurs pupilles.