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4,4

sur 696 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Attention, livre magnifique mais histoire très dure :

Saul Indian Horse est un indien ojibwé qui grandit au Canada dans les années 60. Et c'est un grand handicap dans ce pays en pleine mutation pour un peuple qui vit hors du temps et en communion avec la nature.
Lorsque ses parents, déjà rongés par le chagrin après la disparition de la jeune soeur de Saul, partent pour essayer de sauver leur fils aîné atteint de tuberculose, Saul les attend avec sa grand-mère. Et lorsque jour après jour il devient clair qu'ils ne reviendront pas, la vielle femme tente de le sauver d'un hiver acéré tombé bien trop tôt. Au terme d'un périple héroïque mais fatal, elle meurt de froid, laissant Saul livré à lui-même et recueilli par un orphelinat.
Le cauchemar commence alors, les prêtres et bonnes soeurs en charge de ces jeunes n'ayant de cesse de chercher à les "dés-indianiser" à coup d'humiliations, de brimades psychologiques, de maltraitances physiques et sexuelles.

Saul cependant découvre le hockey sur glace. Ce sport le passione et il s'y révèle incroyablement doué, ce qui lui permet de quitter l'orphelinat pour une famille d'accueil bienveillante, puis pour une équipe professionnelle.
Malheureusement un nouvel écueil nommé racisme se dresse devant lui. Méprisé et maltraité par ses pairs et par le public, il réveille un part très noire de lui-même. Abandonnant ce sport qui l'avait sauvé, il tombe très bas avant de chercher le chemin difficile de la résilience.

Le hockey tient une place prépondérante dans ce roman, et je me suis passionnée pour ce jeu. Mais plus encore pour l'histoire du peuple Ojibwé.
Richard Wagamese exprime avec talent et sensibilité l'âme de son peuple, si digne, qui n'a pas su s'adapter à un société en perte de valeurs.
Les témoignages sur les enfants orphelins sont effrayants, c'est une véritable génération sacrifiée qui a du réussir à surmonter ces véritables traumatismes.
Déchirant et captivant.
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Je ne connaissais pas Richard Wagamese avant de commencer Jeu Blanc, et c'est une erreur qui est maintenant réparée !
Saul Indian Horse vient d'une famille ojibwée, et a vécu dans les légendes et traditions de ses ancêtres, au coeur des montagnes du Canada. Mais suite à la mort de son frère aîné et du départ de ses parents, il vit seul avec sa grand-mère alors que l'hiver arrive... Il n'a que huit ans lorsqu'il est récupéré par des Blancs, qui l'ont envoyé dans un orphelinat : St Jérôme, un établissement catholique réservé aux jeunes amérindiens. Et cet endroit est sans aucun doute l'enfer sur Terre. Tout les jeunes vivant là, garçons et filles, jeunes et grands, vont vivre une vie ponctuée de violences, de brimades, de sévices, où toutes les méthodes sont bonnes pour les « débarrasser » de leur nature « sauvage ». Si Saul a survécu à ces mauvais traitements, c'est d'abord grâce aux souvenirs auxquels il s'accroche opiniâtrement : ceux de sa famille, de l'enseignement de sa grand-mère, les grands espaces... Et un jour, il découvre grâce à un prêtre, le père Leboutilier, le sport national du Canada : le hockey. Saul est petit, malingre, et pourtant... Pourtant il a ce talent de lire l'espace, de décoder les mouvements du jeu, et surtout il a l'obstination pour aller loin, il compense sa petite taille par sa vitesse, il ne pense qu'au hockey, et n'hésite pas à se lever tôt ou se coucher tard pour s'entraîner en catimini, avec les moyens du bord. le hockey est la seule chose qui lui permette de tenir dans cet enfer, et il va rapidement intégrer l'équipe. Grâce à ce jeu, il va pouvoir avoir une nouvelle vie, peut-être d'espérer un jour devenir un joueur professionnel. Mais si Saul ne se préoccupe pas de sa nationalité ou de la couleur de sa peau, beaucoup de joueurs ne verront en lui « que l'Indien ». Et Saul va découvrir qu'on ne s'échappe pas si facilement de St Jérôme et de ses souvenirs...
Jeu blanc fait partie de ces livres difficile à décrire. J'aurais envie d'en parler en long, en large et en travers, mais je ne vais pas vous dévoiler tout les éléments de l'intrigue ! Surtout que c'est un roman assez court (environ 250 pages chez 10/8), mais qui demande malgré tout une grosse implication, tant l'histoire est à la fois touchante, dramatique et dense.

(Voir mon avis complet sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Heureusement que je ne lis pas attentivement les quatrièmes de couverture, car je serai passée à côté de ce roman que j'ai beaucoup aimé.
Ce roman raconte la vie de Saul ( Indian Horse), dans le Canada des années 60-70. Enfermé dans un centre de désintoxication, il raconte tout ce qui l'a conduit jusque- là. En réalité Saul est indigène et il a vu les injustices des blancs envers ses proches. Pour lui, c'est la passion de hockey qui va lui offrir la possibilité de sortir de sa condition. Mais le racisme se trouve même dans le sport et il va le comprendre durant tout son parcours.
J'ai adoré l'écriture de Richard Wagamese. Les quelques longueurs sur le hockey ne m'ont pas posé de problème, car ce sport est juste une métaphore pour expliquer le racisme dont les indigènes ont souffert. (l'auteur est décédé à l'âge de 62 ans)
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J'avais déjà été extrêmement ému par la lecture de : « Les étoiles s'éteignent à l'aube ».
Avec « Jeu blanc » c'est encore un grand moment d'émotion, de révolte contre le racisme des blancs et contre le christianisme, qui se voulait éducateur de populations d'indiens qui avaient d'autres croyances, d'autres valeurs. Ces religieux qui n'ont pas hésité à arracher de jeunes enfants à leurs familles pour les traiter comme du bétail avec violence, maltraitance, méchanceté et tout cela au nom de Dieu.
Des enfants, pour certains détruits à tout jamais, tout particulièrement par la pédophilie de ces religieux.
Beaucoup d'émotion de lire que Richard Wagames a puisé dans sa propre histoire pour écrire ce roman, de la tristesse aussi d'apprendre qu'il est décédé en 2017 et que le monde ne change pas tant que cela !
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Je suis sortie de cette lecture emplie d'une immense tristesse, avec le sentiment d'avoir accompagné l'auteur le héros dans un long cheminement, aussi intime que douloureux. D'être partie, à ses côtés, à la découverte d'un traumatisme si profondément enfoui qu'il ne s'est révélé, à lui comme à moi, que dans les ultimes pages de ce roman à la fois sobre et poignant.
Lorsque nous faisons sa connaissance, Saul Indian Horse, âgé d'une trentaine d'années, est en cure de désintoxication alcoolique. Il a décidé de raconter son histoire.

Ses plus vieux souvenirs sont ceux d'une enfance passée dans la forêt, au sein d'une petite bande dont sa grand-mère Naoni est la matriarche. Ils vivent en quasi-autarcie, dans la terreur de l'étranger blanc qui peut à tout moment venir enlever les enfants pour les placer à l'école. C'est ce qu'il advient de Rachel et Benjamin, soeur et frère de Saul. Incapable de surmonter cette perte, leur mère tombe dans un mutisme dont elle ne sort que pour prononcer le mot "école". Ses parents devenus alcooliques, ils entament une vie d'errance et de misère, d'un village de tentes à l'autre, en quête de boisson. Sa grand-mère le prend sous son aile ; elle lui apprend à chasser, lui raconte des histoires ojibwé, le tient éloigné des adultes lorsqu'ils sont sous l'emprise de l'alcool.

Puis, dans des circonstances que je n'évoquerai pas ici pour ne pas déflorer toute l'intrigue, Saul se retrouve seul, et envoyé à St Jerome's Indian Residential School, un pensionnat. Il ne reverra jamais sa famille.

"Tout ce que je connaissais d'indien disparut au cours de l'hiver 1961, quand j'avais huit ans. (...) St Jerome's vola toute la lumière de mon monde".

Là, on force les petits indiens à renier leurs racines et leur identité, à vivre dans l'humiliation et les violences. Enlevé à sa forêt et à son peuple, Saul découvre les corrections, les menaces, les besognes incessantes et l'épuisement, les maladies qui suscitent l'effroi. le pire, ce sont les assauts nocturnes, ces bruissements mystérieux et terrifiants qui laissent, au matin, des enfants brisés. Il voit certains de ses camarades mourir, de tuberculose, de grippe, de pneumonie, de suicide. Il n'y a jamais d'enterrement : les corps disparaissent, simplement. À force d'entendre dénigrer leur peuple et leur famille, mépriser leur mode de vie et leurs rituels, les pensionnaires finissent par se considérer comme des êtres inférieurs.

"Cette impression d'être indigne, c'est l'Enfer sur terre."

Saul apprend à disparaître en lui-même, à s'isoler. Puis il découvre le hockey, grâce au Père Gaston Leboutilier, qui détonne par sa jeunesse, son sens de l'humour et sa gentillesse. L'homme décèle chez le jeune Ojibwé un don pour ce sport, une vision du jeu hors norme, et le prend sous son aile. Pour Saul, plus qu'une découverte, c'est une libération, la communion avec quelque chose de bien plus grand que lui. Sa douleur de la perte et sa solitude s'effacent avec le lustre de la glace, l'air froid, le bruit de la crosse.

Son ascension est fulgurante, Saul connaît son heure de gloire. Puis il est confronté au racisme.

Arrive un moment où, à travers ce à quoi le renvoient ceux qui ne voient en lui que l'indien, et non le joueur talentueux, il est contraint de s'interroger sur la propre image qu'il a de lui-même. le jeu est devenu un combat violent, à l'encontre de sa vision du sport, et il n'y trouve plus aucune joie. Il se rend compte qu'il se perd, se sent démuni face à la colère qui bouillonne en lui, à cette part de rage qui ne l'a jamais quitté ; il réalise que sa vie n'a jusqu'alors été qu'une fuite en avant, pour échapper à ses souvenirs, et échapper à lui-même. Et c'est sans doute l'épreuve la plus difficile qui l'attend, mais aussi la seule qui pourra le sauver, que celle qui l'amènera à faire la lumière sur les ténèbres de son histoire personnelle.

Bouleversant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Voilà un roman poignant, lu avant les vacances, et qu'il est temps que je vous présente.
Au Canada, alors que devenu trentenaire, il est admis dans un centre de désintoxication pour alcoolique, Saul Indian Horse, finit par accepter de raconter son histoire, comme on le lui conseille pour aller mieux. Ne voulant pas parler devant tout le monde, il décide de l'écrire.
Elevé dans la pure tradition du clan des Poissons, choyé par sa famille et initié aux coutumes des indiens Ojibwés, Saul vit une enfance heureuse jusqu'au jour où il voit sa soeur, puis son frère, être enlevés par des Blancs pour être conduits dans un pensionnat, où ils seront éduqués et christianisés, afin d'effacer toute trace d'indianité en eux.
Saul ne reverra jamais sa soeur, mais son petit frère, un jour, réussit à se sauver et rejoint le campement. Il est atteint de tuberculose et bien que la famille soit partie rejoindre le berceau des ancêtres, il ne survivra pas. Alors que ses parents, détruits, retournent à la ville pour lui donner une sépulture décente, Saul reste seul avec Naomi, la grand-mère qui, voyant l'hiver arriver, tente de regagner la petite ville où habite son propre frère. Mais elle meurt d'épuisement et de froid en chemin...
Saul qui n'a que 8 ans, est retrouvé blotti dans ses bras. Il est alors emmené à son tour dans un orphelinat catholique. Il est terrorisé et ne voit autour de lui que de la souffrance, des privations, des enfants devenir fous ou même mettre fin à leurs jours, parce qu'on les a torturés ou enfermés au sous-sol pour avoir désobéi. Tout est fait pour les éloigner de leur culture. Lui, cherche à se rendre invisible le plus possible, il ne fait pas de vagues et a la chance de savoir déjà lire et écrire.
Un jour, le père Leboutilier lui parle du hockey sur glace, l'initiant malgré sa petite taille et son tout jeune âge à ce sport fabuleux sur une patinoire à ciel ouvert. Il lui propose dans un premier temps d'aider à l'entretenir. Mais, en cachette, le jeune Saul va s'entrainer tous les matins avec du crottin de cheval bien sec, et une crosse de sa fabrication. Ce faisant, il intègre les règles et les stratégies. Il va tellement mettre tout son coeur à la tâche, que le hockey va devenir pour lui, une véritable passion, au point que le jeune garçon quittera le pensionnat, pour rejoindre dans un premier temps l'équipe amérindienne des Moose, puis intégrer la prestigieuse "Ligue nationale canadienne de Hockey".
Mais très vite, il est confronté au racisme et à la violence. Tout ce qu'il subit, l'éloigne du plaisir de jouer. Un jour, il va lui falloir se défendre et devenir violent lui qui était la bonté incarnée. En fait, dans les années 60-70, même dans le sport et une équipe nationale, les Blancs étaient racistes et ne voulaient garder ce jeu que pour eux (d'où le titre du roman) ! Après avoir été admiré dans son équipe amérindienne, Saul comprend qu'il ne le sera jamais, malgré ses prouesses et son succès, ni par le public ni par ses coéquipiers, dans une équipe canadienne.
Il a de moins en moins prendre de plaisir à jouer. Il quitte alors l'équipe, perd pied et plonge dans l'alcool, ce refuge dans lequel tous les espoirs d'une vie meilleure sont permis.

Le roman débute durant les jeunes années de Saul, alors qu'il vit heureux avec sa famille.
Mais très vite le lecteur plonge dans l'horreur. Les pages concernant la vie au pensionnat sont très dures et l'auteur ne cache rien des morts accidentelles, ni des suicides, d'autant plus terribles qu'il s'agit de jeunes enfants, désespérés d'avoir été enlevés à leur famille. le comportement despotiques des prêtres et des soeurs, leurs manières d'abuser des enfants et de les maltraiter m'a totalement horrifié.

Je connaissais les conséquences terribles pour les indiens de ces tentatives d'éducation dans lesquelles après les avoir enlevés à leur famille, on leur a interdit de parler leur langue, de vivre selon les rites des ancêtres. Ils sont totalement exploités dès l'enfance car on les fait travailler au lieu de les éduquer. Ils sont victimes de violences, sexuelles, verbales et psychologiques. Ils sont affamés et maltraités en permanence par des prêtres et des soeurs, dans ces institutions pourtant catholiques. Ils y perdent non seulement leurs repères, mais aussi leur identité, ce qui les laissera meurtris pour toujours.
L'auteur a le don de nous conter cette terrible histoire avec finesse et réalisme, tout en apportant par-ci par-là quelques touches poétiques qui allègent un peu le récit.
Il a réussi à me faire aimer les pages consacrées au hockey alors que c'est un sport auquel je ne m'intéresse pas du tout. Heureusement pour les néophytes comme moi, une page à la fin du roman explique les différentes règles.
J'ai aimé aussi durant l'enfance de Saul, puis lorsqu'il part à la recherche de ses ancêtres, la description des paysages, la poésie qui se dégage de cette vie simple et paisible, imprégnée des croyances et légendes indiennes et du savoir-faire familial. Les détails autour de la récolte du riz sauvage, par exemple, ou des journées de pêche, nous donnent l'occasion de lire de magnifiques pages, imagées et colorées.
J'ai aimé les moments de partage et d'amitié, l'accueil qui est réservé à Saul, après le pensionnat, dans une famille aimante et compréhensive, les parents "adoptifs" étant passés par le même pensionnat des années auparavant, et ayant subi les mêmes violences que lui.
J'ai aimé aussi le parcours difficile qui va ramener Saul sur le chemin de ses ancêtres et qui lui permettra de découvrir qui il est vraiment. Heureusement, il a un don particulier, il voit ses ancêtres et les entend l'appeler et lui parler...
C'est un roman magnifique et le lecteur ne peut sortir que bouleversé par cette lecture, tout en se demandant quelle est la part d'autobiographie qu'il contient. Il a obtenu le "Burt Award for First nations, Métis and Inuit Literature", qui est un Prix Littéraire canadien qui désigne chaque année la meilleure oeuvre publiée par un auteur autochtone.
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Ceci n'est pas un résumé du livre ni une critique mais plutôt une réflexion. En ces temps où toute trace de colonialisme est diabolisée - souvent à juste titre- ne serait-il le moment également que les Etats Unis et le Canada se remettent en question face au sort qu'ils ont réservé aux Indiens. Jeu Blanc, roman quasi biographique, est un exemple criant.
A tous ceux qui souhaitent s'insurger contre les pratiques odieuses des autorités canadiennes, en l'occurrence, je conseille la lecture de cet ouvrage édifiant. Pour découvrir l'histoire de Saul Indian Horse je vous laisse à cette lecture pour comprendre comment les Zhaunagush (les Blancs) effaçaient toute trace d'indianité chez de jeunes Ojibwés entre autre dans les années 1960 -1970. le racisme des Blancs au Canada envers les Indiens est moins connu que celui qui règne aux USA mais il existe bel et bien : ségrégation, vexation, conversion religieuse...
Pour ce qui est de l'histoire: Saul Indian Horse membre des Ojibwés pense trouver son salut dans la pratique du hockey, sport auquel il a été initié par un prêtre (protecteur) du pensionnat dans lequel il vit et pour lequel il s'est avéré surdoué. Certains passages sur le déroulement des compétition sont un peu trop longs. Mais ce livre fait un grand écart entre le racisme envers les Indiens du Canada et les pratiques pédophiles du prêtre protecteur. Sous une plume qui semble aisée se cache des atrocités au détour d'une phrase. A vous de découvrir cet aspect de l'histoire du Canada. Je n'en dirai pas plus.
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Lc avec Bellonzo :-)

Saul Indian Horse, le narrateur, a 4 ans quand il commence à nous raconter son histoire : il vit avec son père, sa mère, son grand frère et leur tribu Ojibwé dans le grand nord canadien.
Le lecteur sait d'emblée que cette enfance idyllique dans la forêt parmi les siens va étre de courte durée. On apprend que les « blancs» enlèvent les enfants amérindiens pour les « scolariser » de force dans des pensionnats
Le but avoué est de leur enlever toute indianité.
Avant sa naissance, la soeur de Saul a été enlevée et ses parents ne l'ont jamais revue…un jour, quand Saul a 4 ans, c'est son frère Benjamin qui est kidnappé…Il fuguera et reviendra dans sa tribu quelques années plus tard mais atteint de tuberculose..

Leurs parents sombrent dans l'alcool et peinent à s'occuper de l'enfant qui leur reste Saul. Heureusement sa grand mère s'occupe de lui avec amour. Quelle tragédie pour ces familles à qui on enlève leurs enfants, leurs terres, leur mode de vie ! Sommes nous au XIXème siècle ? pas du tout, les faits se passent de 1950 à 1980…presque hier donc !

Sans trop raconter l'histoire, Saul arrive à huit ans dans un pensionnat (le passage où sa grand mère lui sauve la vie est à mes yeux aussi émouvant que le passage de la traversée de la tempête de Gwynplaine dans « L'homme qui rit ».)

Là, dans cette « école », fausse école puisque les enfants sont exploités, battus, violés, Saul découvre le hockey qui sera à la fois ce qui le sauvera et ce qui le fera chuter.
Jamais je n'aurais cru qu'un livre ou plus de la moitié est consacrée au hockey puisse être aussi passionnant : l'apprentissage sur les patins du jeune garçon est une magnifique leçon de joie et de ténacité…
Dans les années 70, Saul grandit et découvre l'amitié, la joie de faire partie d'une équipe et aussi le racisme (les équipes « blanches » de hockey sont très mauvaises perdantes et le public est atroce)

Quelle ténacité il y a dans l'histoire de ce petit bonhomme. La résilience sera t-elle au bout du chemin ?

Un livre qui sait se montrer émouvant sans sombrer dans le pathos…Un grand roman…

Je salue au passage ce titre jeu blanc pour sa double signification…blanc de la patinoire et/ou couleur de peau …
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L'an dernier, j'avais découvert Les étoiles s'éteignent à l'aube, le roman qui fit connaître au public français Richard Wagamese. Après ce succès, son éditeur en français a fait traduire ce roman publié en 2012 au Canada. Avec la même force que dans le précédent, Richard Wagamese explore l'histoire des Indiens canadiens et le racisme d'un pays qui, vu de France, paraît tellement inclusif et formidable...

Mais comme dans toutes les belles histoires il y a des esprits malins qui viennent noircir le tableau, dans Jeu blanc la vie en contact avec la nature de Saul ne pouvait se poursuivre... On comprend rapidement que des rafles ont lieu dans les secteurs où vivent les Indiens pour scolariser de force les enfants et les convertir au catholicisme. On tente de gommer en eux toute leur culture ancestrale, les rites et traditions. Ils doivent rentrer dans le moule de l'Homme blanc... Mais pas trop non plus... Car le jour où Saul découvre le hockey, le sport des Blancs, il découvre que malgré tout le talent qu'il peut avoir, il restera un Indien qui ne peut jouer dans les plus grands clubs...

Ce roman est puissant, il vous soulève, vous embarque, jusqu'à sa fin qui m'a scotchée, qui m'a laissée au bord de la patinoire stupéfaite. Je n'y avais pas trop pensé, je voyais Saul comme quelqu'un de détaché, et puis cette lame de fond qui arrive... Je n'en dis pas plus, je vous laisse plonger dans ce roman de Richard Wagamese, un vrai grand écrivain canadien devant l'éternel.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Voilà ce que j'écrivais il y a deux ans à propos de Les étoiles s'éteignent à l'aube :
″J'ai beaucoup apprécié ce roman ; et c'est à avec plaisir que je retrouverai l'auteur avec Jeu Blanc. ‶
Avec le recul, je crois bien qu'à cette époque je n'avais pas pleinement mesuré la qualité de plume de l'auteur, ni de la portée de ses écrits. Wagamese n'est plus, il me faudra prendre le temps de déguster son ultime roman, parce qu'après, ne resteront que les souvenirs …
Saul, indien de la tribu des Ojibwés est en cure de désintoxication alcoolique. Parce qu'en racontant leurs histoires, les buveurs invétérés sont sensés se libérer de la bouteille, Saul, persuadé de sortir de là plus vite se prête au jeu…
Alors qu'il perd ses parents et grands-parents, la famille étant déjà marquée par les méfaits de l'homme blanc, Saul se voit imposé brutalement le pensionnat catholique, afin d'y être éduqué, ou plus exactement dressé, et surtout débarrassé de son indianité, et de son humanité. Saul se prend de passion pour le hockey sur glace, sport pour lequel il devra lutter âprement pour pouvoir jouer, d'abord, et tenter de s'y épanouir dans sa vie d'adulte ensuite.
Jeu blanc raconte avec à la fois subtilité, dignité et violence le déni d'humanité à l'égard des indiens. Durant l'enfance de Saul, il fallait à tout prix effacer toute trace de culture indienne à ces peuples que l'on retrouve à l'âge adulte brisés et rompus aux addictions, et aux difficultés sociales inextricables.
Saul, s'accroche à sa passion, s'acharne au travail, à l'entrainement ; Il fait face avec courage au racisme très en vogue au Canada dans les années 70. Nul besoin d'être féru, et connaisseur de hockey pour apprécier pleinement ce livre ; présent mais pas trop, je n'ai ressenti aucune longueur lorsque nous suivons Saul dans son apprentissage et son perfectionnement. L'essentiel est finalement bien ailleurs, plus intime, plus enfoui ; seul le retour aux origines permettra à Saul de commencer à se libérer de ses démons.
″Ce sport me permettait d'éviter de voir la vérité, de devoir lui faire face jour après jour. Plus tard, après mon départ, le sport m'empêcha de me souvenir. Aussi longtemps que je pus m'y réfugier, je pus m'envoler. M'envoler et ne jamais devoir atterrir sur la terre brûlée de mon enfance. ″
Wagamese s'emploie, dans ce superbe roman à décrire un homme qui affronte avec courage son passé et ses traumatismes pour mieux retrouver ses racines, ses valeurs, et les richesses de l'identité indienne.
Un roman émouvant, révoltant, et beau car l'espoir y permis.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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