AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Colin McNeil (Illustrateur)Carlos Ezquerra (Illustrateur)
EAN : 9781781088951
128 pages
2000 AD (22/06/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
Viva los humanos!

A deathbed request sends Judge Dredd on a diplomatic mission to Guatemala, a dictatorship ruled by the despotic robot El Presidente. Under the military rule of robots, humans are enslaved, trafficked and farmed for parts. El Presidente seeks to expand its repressive regime – and if Mega-City One doesn’t give into its demands, its nuclear arsenal will blow the city off the map!

From legendary Judge Dredd scribe John Wag... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Judge Dredd: GuatemalaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un récit de genre de niveau littéraire
-
D'une certaine manière, ce tome fait suite à Judge Dredd: Titan qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il comprend 5 histoires différentes, toutes écrites par John Wagner.

Guatemala (48 pages) sérialisé dans les progs 2150 à 2157 de l'hebdomadaire 2000 AD en 2019, dessiné et encré par Colin MacNeil, avec une mise en couleurs de Chris Blythe. Barbara Heshey repose sur son lit d'hôpital recevant les dernières visites avant l'injection létale. Joe Dredd est présent sur place et il lui confirme qu'il réalisera sa dernière requête. Un robot arrive avec la capsule à injecter. du fait de l'origine de l'infection potentiellement extraterrestre, le corps de l'ex juge-en-cheffe n'est pas acheminé vers les unités de recyclage, mais envoyé être consumé par le soleil à bord d'une petite navette spatiale. La requête : Judge Dredd et une délégation de juges doivent se rendre au Guatemala, officiellement pour négocier la remise de leurs armes nucléaires aux juges, officieusement pour délivrer la fille de Hershey. le pays est gouverné par une dictature de robots, avec à sa tête, l'un d'entre eux qui se fait appeler El Presidente, et qui s'est fait implanter une chevelure en cheveux humains et une moustache en poils humains.

Comme d'habitude, le lecteur est en admiration devant le savoir-faire de John Wagner. Il est possible de comprendre l'intrigue sans rien savoir du personnage principal ou de Barbara Hershey. Pour autant l'histoire s'avère plus riche si ces faits sont connus par le lecteur. Il met à profit la réputation de ce pays d'Amérique Centrale, le neuvième le plus inégalitaire au monde à la fin des années 2010, sans pour autant donner de leçon, prendre une position morale supérieure, ou mépriser le peuple. Il parvient à intégrer quelques éléments spécifiques au pays pour qu'il n'en soit pas réduit à un décor générique interchangeable. Il gère une distribution significative sans sacrifier de personnage. Il continue à développer un thème apparu dans une histoire précédente, à savoir le recours des juges à des robots sophistiqués pour le maintien de l'ordre, et les opérations commando.

Le lecteur retrouve avec grand plaisir un des dessinateurs réguliers des aventures de Judge Dredd, qui a laissé une empreinte indélébile dans sa mythologie avec Judge Dredd: America (1990). Certes il bénéficie d'un scénario en or, et il lui fait honneur. le lecteur savoure de nombreux moments : la silhouette du robot en ombre chinoise apportant la dose de produit létal sur un petit plateau carré, l'apparence particulièrement sinistre de El Presidente, l'impression de désolation de l'aéroport militaire où atterrit la délégation et la taille dérisoire du groupe de rebelles qui attaquent, la prestance de El Presidente dans sa nouvelle couche de peinture dorée, le regard résigné d'Elinora Garcia, l'usine des corps humains, l'arrivée des Mark 8 massifs. Chris Blythe complémente les éléments encrés, avec un art consommé pour densifier l'information visuelle dans les cases qui en ont besoin, en texture, ou en rappel des couleurs du décors, et pour conserver la lisibilité de celles déjà bien fournies. La narration visuelle est un régal pour les yeux.

Le lecteur sait bien que le scénariste ne va pas se limiter à un point de vue simpliste sur les dictatures en Amérique Centrale. de fait, il plonge dans une mission double : rapatrier une jeune femme, parvenir à un accord sur le démantèlement des armes nucléaires du Guatemala. Il prend forcément parti pour les humains, donc pour les juges de Mega-City One. Pour autant, il voit bien que le gouvernement des juges veut imposer ses conditions par la force, si la négociation n'aboutit pas, c'est-à-dire l'impérialisme à l'oeuvre, dans une forme totalitaire. Il fait également le parallèle entre la manière dont les robots traitent les humains, et celle dont les humains traitent les robots. Or depuis Judge Dredd - Mechanismo: Machine Law (2017), le scénariste a commencé à faire évoluer le regard de Dredd sur les robots intervenant pour le maintien de l'ordre. En cela, il intègre la réalité contemporaine : plusieurs systèmes d'intelligence artificielle sont maintenant plus compétents qu'un être humain, et même qu'un groupe d'êtres humains, à commencer par le guidage d'itinéraire. La richesse du récit en fait une véritable oeuvre littéraire combinant science-fiction, aventure, opération diplomatique et clandestine, réflexion le rapport de force entre nations, relativisation de l'importance de l'intelligence de l'être humain. Extraordinaire.

By private contract (12 pages) paru dans le prog 2000 de l'hebdomadaire 2000 AD en 2016, dessiné, encré et mis en couleurs par Carlos Ezquerra (1947-2018). Dredd se rend dans un bar où l'attendent des individus qui ont demandé à le voir : Johnny Alpha et ses deux coéquipiers Archibald McNulty et Kid Knee. le premier vient l'avertir que sa tête a été mise à prix dans le futur, et lui propose de les accompagner pour régler cette affaire avant que les chasseurs de prime ne débarquent à l'époque de Dredd pour l'éliminer.

Comme à leur habitude, les responsables éditoriaux complètent une histoire un peu courte avec d'autres pour faire un album complet. le lecteur sourit en découvrant ce récit court : il est donné aux auteurs de faire se rencontrer deux héros du magazine. Les aventures de Johnny Alpha sont narrées dans la série Strontium Dog créé en 1978 par Wagner & Ezquerra dans le magazine Starlord 1. En 12 pages, les auteurs font preuve de leur savoir-faire, avec une intrigue originale rondement menée (sous réserve de ne pas trop chercher la petite bête concernant la logique des voyages dans le temps), Dredd qui vole la vedette à Alpha, une ironie un peu vache, et un méchant pleinement justifié dans sa volonté de vengeance. Très sympathique et c'est également une façon élégante de rendre hommage à Ezquerra.

Get Jerry Sing (6 pages) paru dans le prog 2073 de l'hebdomadaire 2000 AD en 2018, dessiné, encré et mis en couleurs par Carlos Ezquerra. Quelqu'un a réalisé un énorme graffiti sur le mur du bloc Donald Trump : avoir Jerry Sing. Dans un premier temps, les gens s'interrogent : faut-il comprendre que c'est une forme d'invitation à rejoindre son fan club, ou à acheter son dernière livre à scandales sur le milieu du spectacle. Deux jours plus tard, quelqu'un a reproduit le graffiti sur le mur d'un autre bloc. Quelques jours plus tard, un spectateur agresse Jerry Sing sur scène avec un couteau pour le tuer.

Le scénariste est en très grande forme : un mystère sous la forme d'une inscription, des comportements déviants des habitants de Mega-City One du fait des conditions d'existence, un dénouement qui laisse Dredd le bec dans l'eau et une chute ironique à souhait avec une justice immanente particulièrement cruelle. Comme à son habitude, le dessinateur s'amuse bien avec les tronches des uns et des autres, et il donne la pleine mesure de son talent avec l'architecture des énormes immeubles (blocs) sur lesquels apparaisse le tag. Parfait.

The trouble with Harry (12 pages) paru dans le numéro 400 du mensuel Judge Dredd Meagazine, en 2018, dessiné, encré et mis en couleurs par Carlos Ezquerra. Tout a commencé avec le premier ministre du Royaume Uni prenant la décision de vendre la licence d'utilisation de la famille royale au plus offrant. Quelques décennies plus tard, la licence est toujours recherchée, mais il ne reste plus qu'un seul représentant, pas très bien dans sa tête, avec des pulsions meurtrières.

Wagner se lâche franchement contre la royauté et la consanguinité associée, et le libéralisme prêt à tout mettre sur le marché, à tout soumettre à un prix. Henry Flint est également un habitué de la série, et il se défend aussi bien que Ezquerra en termes de tronche, et d'environnements peu accueillants. La charge est peut-être légèrement trop lourde pour fonctionner sur le plan de la satire, mais le récit fonctionne parfaitement s'il est considéré comme relevant de l'absurde.

The victims of Bennett Beeny (36 pages), sérialisé dans les numéros 424 à 426 du mensuel Judge Dredd Megazine en 2020, dessinés et encrés par Colin MacNeil & Dan Cornwell, avec une mise en couleurs de Chris Blythe. Une cellule terroriste du mouvement Guerre Totale, a investi le bloc Bennett Beeny, abritant des logements de riches citoyens de Mega-City One. Ils disposent de plusieurs rayons Stub capables de trancher net dans une navette aérienne de police. Ils passent d'étage en étage en exécutant les personnalités qui ont ouvertement soutenu le régime des juges, soit financièrement, soit par des déclarations. Judge Dredd arrive sur place, avec une escouade de juges dont Beeny Bennett, la fille de Bennett Beeny, ainsi que deux juges-robots modèle 8.

Come pour le premier récit, John Wagner entremêle plusieurs composantes dans son récit : la mission en mode commando pour neutraliser les terroristes de Guerre Totale, l'étrange situation de la juge Bennett qui intervient pour sauver les résidents d'un bloc qui porte le nom de son père, le recours aux Mechanismos Modèle 8. Pas sûr que le lecteur voit d'un bon oeil le scénariste tirer sur la corde du succès de America, avec la fille de America Jara & Bennett Beeny. Ce n'est pas la première fois, mais ici le développement peine à convaincre. À l'opposé, l'intervention des juges dans le bloc est menée de main de maître, un thriller extraordinaire. Les terroristes sont bien organisés, bien armés, et savent qui ils veulent éliminer. Les juges font de leur mieux pour les neutraliser sans subir de pertes, et si possible sans mettre en danger les civils. Ils ne pouvaient pas prévoir un comité de défense de citoyens armés à l'intérieur du bloc, une initiative citoyenne pas des plus compétentes.

Les deux dessinateurs sont en pleine forme pour réussir à donner à voir tout ce qui se passe, que ce soit clair et que ce soit convaincant. le lecteur suit le reportage de plusieurs journalistes en train de couvrir l'événement en plein coeur de l'action. Outre le déroulement très clair de chaque phase, le lecteur en prend plein la vue, avec quelques touches d'humour noir à froid irrésistibles : les deux suicidés en train de tomber dans le vide, le bloc Bennett Beeny massif et gigantesque, en partie éclairé par les projecteurs des flotteurs aériens, l'aéronef tronçonné en trois par les armes laser, la descente des escaliers à partir du toit par les juges et les Mechanismos, l'aide à distance depuis le poste de commandement avec les écrans transmettant les images de surveillance, l'amateurisme irresponsable du groupe de défense citoyen, et bien sûr l'assaut final. Un régal de narration visuelle du début à la fin.

La deuxième grande histoire de ce recueil peut commencer par prendre le lecteur par son mauvais côté, avec sa volonté de se rattacher au récit America. Bien vite, il oublie cet élément pour suivre une opération anti-terroriste haletante, racontée factuellement et avec panache, montrant le courage des juges qui interviennent sans en faire des héros parfaits. Une réussite formidable.
Commenter  J’apprécie          192


Videos de John Wagner (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John Wagner
En 1998, la Dame Blanche Lucie partage son temps entre la départementale D74 et le manoir de Guenièvre Gahinet, une nonagénaire sénile. Guenièvre était connue autrefois pour ses communications avec les morts, mais à présent, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même ; après l'avoir négligée pendant des années, ses descendants envisagent de la placer en maison de retraite et de vendre sa demeure à un investisseur. Furieuse contre eux, Lucie fait appel à un esprit vengeur, Wagner, pour les terroriser et les punir. Les jours passant, elle se rapproche d'Antoine, un petit-neveu de Guenièvre, mais il est trop tard pour qu'elle revienne sur sa décision : sa vengeance est en marche. Wagner se montre d'autant plus zélé qu'il espère la séduire – et s'il peut écarter tous ses rivaux potentiels dans la foulée, c'est encore mieux !
+ Lire la suite
autres livres classés : robotsVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (1) Voir plus




{* *}