William Archibald Drever, surnommé « La panthère noire », « l'Eventreur du Yorkshire » ou « Jack l'imitateur » par la presse, les marchands de panique, les amateurs de sensations fortes, les plumitifs malfaisants aux formules immondes destinées à plonger l'opinion publique dans la terreur, est reconnu coupable du meurtre de trois prostituées. le verdict tombe, prononcé par 12 jurés inconnus qui prétendent le connaître mieux que son épouse, ses enfants, sa famille... Car ses proches sont sous le choc. Avant d'être décrit comme un sadique, un pervers, un boucher, un mutilateur, William était un bon mari et un bon père, un bon fils et un bon beau-frère, un gentil garçon, un camarade sympathique. Qu'un homme puisse être un monstre et paraître si ordinaire – si banal, si agréable – si propret et si beau, quelque chose cloche.
John Wainwright rappelle non sans humour qu'
Oscar Wilde avait tout faux avec
le portrait de Dorian Gray. le mal n'a pas d'apparence extérieure. Il ne se voit pas. Pas de pustules, pas de plaies suppurantes, pas d'yeux cernés et fixes. Rien. So what ?
La maison familiale des Drever est le théâtre principal de ce roman paru en 1982. Devant la propriété campe un journaliste, surnommé Snout – le groin -, toujours là où il faut être, attendant comme un vautour sa part de charogne. Car en vieux briscard du scoop, il pressent qu'un événement va se produire ou qu'une visite va servir de détonateur à l'explosion d'une bombe médiatique. Il a raison, un incroyable rebondissement survient ! En attendant, le lecteur découvre les bouleversements entraînés par les actes de William sur son épouse, son fils et sa fille, sa belle-soeur qui vit avec eux. Chacun exprime ses certitudes puis ses doutes, à part les parents du tueur qui n'ont jamais douté de leur fils et détestent leur belle-fille. Non sans une certaine facétie, William, qui donne son titre au roman puisqu'il en est le personnage principal, occupe les esprits, nourrit les conversations, alimente des hypothèses, est l'objet de tous les soins et critiques mais sans jamais apparaître, jouant les arlésiennes. Chacun parle de lui ; lui ne s'exprime jamais. C'est un aspect original de ce roman.
De
John Wainwright, j'ai beaucoup apprécié
Une confession et
Les aveux.
Les Trois meurtres de William Drever tempère légèrement mon enthousiasme préalable. Bien que le nombre des personnages ne soit pas exorbitant, et qu'ils se situent pour la plupart dans le noyau familial, j'ai parfois eu un peu de mal à bien les distinguer, soit parce que l'auteur n'a pas suffisamment différencié leurs particularités, soit parce que j'étais distraite. de plus, j'ai trouvé l'intrigue un peu brouillonne et poussive, et certains dialogues ou situations, redondants. L'épilogue est surprenant mais voit le jour au terme d'un cheminement tortueux et grâce à l'utilisation de forceps littéraires.
Au final, un agréable moment de lecture, qui souffre d'un manque de rythme dans son déroulement, de limpidité dans son style, de crédibilité dans sa chute et dont l'effet de surprise est cassé par l'éditeur n'ayant pu se retenir d'évoquer le ressort principal du roman dans la 4ème de couverture.