AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,38

sur 185 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Tout courant littéraire a, à sa base, un roman source d'où a jailli une tendance, une mode avant de devenir courant. Ce sont les petites rivières qui font les grands fleuves, dit-on, et bien, par sa taille (moins de 200 pages), "Le château d'Otrante" est un petit roman ; mais au XVIIIème siècle, son succès fit de lui un grand roman, précurseur et père du "roman gothique" qui inspira notablement une foule d'écrivains des deux sexes.

"Le château d'Otrante" posa donc les codes du roman gothique : une Italie médiévale fantasmée, un prince tyrannique, des princesses opprimées et menacées d'hymens peu séduisants, des enfants naturels cachés, des ecclésiastiques dépositaires de lourds secrets, du mystère, de la passion, de la violence, du blasphème, des sentiments contrariés, des complots, des traîtres, des héros, du pathos, de la sensualité et du drame, du drame, du drame. Un roman d'aventures, quoi ? Oui mais à une époque où il n'en existait pas (ou peu).

Le roman gothique, c'est la flambée du romanesque, c'est l'émancipation de l'imagination. Ce sont aussi des codes désormais assez désuets et qui prêtent à sourire par leur outrance ou leur prévisibilité. Tout cela fait du "Château d'Otrante" une lecture plus documentaire que réellement romanesque pour un lecteur d'aujourd'hui.


Challenge MULTI-DEFIS 2022
Challenge ABC 2022/2023
Challenge RIQUIQUI 2022
Commenter  J’apprécie          250
Je suis très partagé concernant ce livre. Il a rencontré un grand succès au moment de sa publication et il est facile de comprendre pourquoi. Il débroussaillait hardiment le chemin de nombreux genres romanesques modernes.

Il est difficile d'accuser de classicisme un précurseur. Et pourtant... L'élément fantastique paraît incongru. La romance est très prévisible et sans grand intérêt. le côté historique est peu mis en valeur. L'intrigue a lieu dans le sud de l'Italie, mais elle pourrait aussi bien se situer en France ou en Allemagne.

Je crois bien déceler assez clairement une envie de romaniser Corneille. Mais Theodore n'est pas le Cid. Les personnages sont d'ailleurs assez superficiels de manière générale. Et j'ai beau lui chercher des excuses, le fait est qu'une tragédie (ou tragi-comédie) française, pourtant plus courte, est plus épique, plus profonde, plus touchante, et plus dépaysante que ce petit roman.

A-t-il seulement mal vieilli ? Ou était-il déjà assez faible en son temps ? Car si l'histoire rend justice à Chrétien de Troyes ou à Daniel Defoe, pourquoi pas à Horace Walpole ?
Commenter  J’apprécie          221
Lorsque nous lisons la notice biographique se trouvant après le roman, on se dit que ce pauvre Château d'Otrante n'a rien pour lui : "Une psychologie sommaire", "un décor sommaire" et "(des) personnages artificiels".
Encore d'après cette notice, le Château d'Otrante a eu la chance de ne pas tomber dans l'oubli parce qu'il est le premier roman terrifiant ou "roman noir".
Il influença des romanciers tels que Radcliffe, Mathurin ou encore Nodier et Théophile Gautier.
(La notice que je cite se trouve dans "Romans terrifiants", ed. Robert Laffont qui regroupe plusieurs livre dont celui-ci)

Certes, les personnages sont des coquilles vides de vie, des personnages-symboles.
Nous avons le héros chevaleresque, la belle jeune fille vertueuse ou encore la femme dévouée. Un peu trop même.
Pour le décor, c'est vrai que nous ne quittons que rarement les murs du château et si nous le faisons, ce n'est pas pour aller très loin.
Pour ma part, cela m'a fait penser à un décor de théâtre.
D'ailleurs, les nombreux quiproquos et les coups de...théâtre qui ont mis mes nerfs à rude épreuve, m'ont aussi donné l'impression de lire une pièce.
Un conte théâtral, je préciserai, car nous ne sommes pas dans des descriptions à rallonge mais plutôt dans la narration d'action.
C'est à peine si nous sachons à quoi ressemble les protagonistes.

Personnellement, tout ceci n'a pas dérangé ma lecture.
Bien au contraire, je me suis laissée prendre par l'histoire et j'étais parfois frustrée de ces malentendus, curieuse de connaître la suite ou touchée des sentiments naissants.
Alors oui, il ne sera pas un de mes livres de référence et encore moins dans la catégorie "roman terrifiant" car, de ce côté, j'ai trouvé cela assez léger mais j'ai passé un bon moment en le découvrant.
Alors, j'espère que le Château d'Otrante ne tombera pas dans l'oubli non seulement pour son influence dans l'histoire de la littérature mais aussi pour ce qu'il m'a semblé être, une histoire qui provoque des émotions.
Commenter  J’apprécie          100
Voici donc le premier roman gothique, celui qui offre des modèles pour les futures oeuvres du genre (personnages types, ton tragique incluant quelques éléments classiques et thèmes Shakespeariens tels que le château personnage central, secrets, prophéties et malédictions, romance, drame familial, impostures, sprectres et autres interventions surnaturelles)...
La lecture de ce court roman est pour moi sauvée par les préfaces de l'auteur indiquant les conditions de publication, en en faisant d'abord une traduction de manuscrit medieval italien authentique, puis admettant ses intentions en tant qu'auteur veritable, mais surtout par les interventions comiques sans lesquelles l'atmosphère excessivement mélodramatique en aurait fait une tragédie plutôt banale.
Une relecture en parallèle avec le contexte historique et social révélera sans doute d'autres éléments intéressants, mais j'avoue que je préfère laisser le XVIIIème britannique à mes souvenirs universitaires...
Commenter  J’apprécie          90
Au Moyen-Age, dans le château d'Otrante, le Prince Manfred est heureux : son fils Conrad va se marier avec Isabelle. Il espère que le mariage sera suivi d'héritier car il craint que la famille va perdre son territoire. Malheureusement, la tragédie arrive : le fils meurt... écrasé par un casque géant ! Manfred, complètement désespéré, sombre dans la folie et formule un plan sordide : répudier sa femme qui l'aime pour épouser... Isabelle ! Mais elle s'enfuit. Comme si ça ne suffit pas, les spectres vont se réveiller et d'étranges événements vont commencer...
Donc, qu'est-ce que ce roman ? Eh bien, très simple : c'est CE roman qui a inventé le genre gothique. Oui, c'est ce petit livre ne faisant même pas un centaine de pages qui a inventé le genre gothique et ses poncifs fantastiques, genre qui par la suite va engendrer les chefs d'oeuvres comme Mystère d'Udolphe où le Moine (dévorée voilà quelques temps). Ayant eu du succès, ce livre peut se targuer d'être le père du genre mais aussi, si on veut, l'un des pères du fantastique moderne.
Dans cette histoire, on a tout : cadre médiévale et sombre, prophétie inquiétante qui se réalise, fantômes sortant de leurs tombes, fuites, enlèvements, personnages tragiques, sentiment exacerbé et tout le reste. Tout ce qui deviendra par la suite les clichés même du " roman terrifiant" a été inventé dans ce roman qui s'il est très sympathique, n'est hélas pas parfait.
En effet, on a quelques défauts qui gâchent la lecture : déjà, on n'a AUCUNE idée où se passe le lieu, enfin même si grâce à quelques indications temporelles, on sait qu'on est au Moyen-Age. le problème est que les lieux sont peu décrits, même le château ne bénéficie pas d'un grande description. du coup, on a aucune image des environs dont baigne l'histoire.
Les personnages : pareil, peu de description physique, (pour Mathilde " femme très belle", merci mais un mot sur ses cheveux, ses yeux voire même sa taille ? Mince, pour Cunégonde de Candide, il y avait déjà quelques adjectif et voilà, je savais déjà comment elle ressemblait !) et surtout le gros défaut : la psychologie sommaire. Eh oui, les personnages, mêmes s'ils peuvent être émouvants, ont peu de psychologie. Les serviteurs en particulier sont assez... vides. Quelques personnages m'ont semblé un peu plus consistant comme Jacques le Paysan où encore le terrible Manfred (on remarque que les femmes ne sont pas assez développées, tiens...).
Le récit est court et c'est aussi un autre problème : on accélère les choses, on rentre vite parfois en omettant des détails et pour justifier des trucs invraisemblables , mettant des explications surréalistes ! Argh !
Et puis la fin qui est brève, abrupte !
Par contre, le roman n'est pas à jeter, ah non. Comme précisé, il est quand même resté dans l'histoire littéraire pour avoir fondé le genre, donc déjà, un peu de compassion. Cela explique tous ces défauts donc.
Ensuite, l'histoire est assez intéressante et prenante tout à fait. Si je reprochais que le récit se déroule trop vite, par contre, il nous fait entrer dans l'histoire de manière géniale.
Le côté fantastique est joliment exploité, il y a qu'avoir le casque géant (où l'auteur se permet de décrire même le cadavre du pauvre petit, eurk), les statues saignantes, les spectres flippants...
Il y aussi les personnages en proie au désespoir et/où à la folie comme le fameux et monstrueux Mandred, qui finit par tout perdre, obstiné à posséder la pauvre Isabelle.
Il y a aussi les réflexions qu'on peut en tirer : peut-on se battre contre le destin ? Comment concilier la religion et le devoir à un puissant lorsqu'on veut s'opposer au second alors qu'on ne veut pas s'opposer au premier (vous comprendrez en lisant le livre) ? Quel est le sens des ensembles de nos vies ?
Et l'écriture qui est vraiment pas mal, même si elle n'est pas proche du fabuleux style du Moine.
A lire par intérêt tout de même.
Commenter  J’apprécie          60
Publié pour la première fois en 1764, il s'agit ni plus ni moins du tout premier "roman noir", "roman terrifiant" ou "roman gothique", genre littéraire ayant perduré jusqu'en 1820 avant de s'effacer devant les mouvements nouveaux qui prirent sa suite, à savoir le courant romantique, puis le fantastique. Faisant ainsi figure de précurseur du courant gothique, le Château d'Otrante, bref roman très original pour son époque et qui connut en son temps un franc succès, se présente comme un curieux hybride de récit d'aventure chevaleresque (l'action se déroule au Moyen-Âge dans le sud de l'Italie) et de drame shakespearien, sur lequel viennent se greffer quelques éléments surnaturels... Bien sûr, l'oeuvre, bien qu'étant dans son ensemble rédigée dans un style vivant et étonnamment "moderne", faisant la part belle à l'action, semble aujourd'hui datée. de surcroit, elle pèche quelque peu par un manque de descriptions qui nuit à la création d'atmosphères immersives, tout comme il empêche de s'attacher ou de s'identifier vraiment aux personnages de l'intrigue. Reste qu'au-delà de ce regrettable défaut, l'ensemble se lit plutôt bien, de nos jours encore. Au-delà de ses inévitables archaïsmes et de ses défauts, il faut donc surtout prendre cette oeuvre pour ce qu'elle est restée, à savoir une pièce d'archéologie littéraire, vénérable ancêtre et pierre fondatrice de tout un courant dont descend en droite ligne le fantastique moderne.

Commenter  J’apprécie          30
Voilà un roman qui m'a donné beaucoup de mal.
Ce n'est pas tant la langue qui m'a posé problème, bien que certains mots soient en vieil anglais (ce roman datant du XVIIIe siècle, mais il est accessible si vous êtes bilingue), mais la mise en page.
En fait, chaque chapitre n'est constitué que de quelques énormes paragraphes. Même les dialogues se suivent, ce qui donne un truc du genre "As-tu tué mon fils ? Non, messire, je n'aurais pas osé. Alors qui l'a fait ? Je n'en sais rien." Et je vous assure que 150 pages à lire de la sorte, c'est loin d'être agréable.
Plusieurs fois, je me suis perdue dans les dialogues (car il n'est que rarement fait mention de celui/celle qui parle, histoire de simplifier les choses), ne sachant plus qui parlait à qui : j'étais alors condamnée à revenir cinq pages en arrière (horreur) pour reprendre le dialogue dès le début (horreur bis) afin de comprendre qui jase à qui et sans être certaine d'y parvenir (horreur ter).
Je suppose que je n'ai donc pas besoin de vous expliquer plus en détail pourquoi je suis un peu passée à côté de ce classique. A la fin et malgré une histoire intéressante, je n'avais même plus envie de lire ce roman, parce que je savais déjà que j'allais retomber sur des paragraphes qui feraient pâlir de jalousie Marcel Proust.
Je me dis que c'est aussi peut-être un problème d'édition, mon roman étant assez "vieux". du coup, comme c'est un roman libre de droit, j'essaierai de le trouver sous format numérique : peut-être a-t-il été remis en page et est-il plus lisible de cette façon.
Commenter  J’apprécie          30
Considéré comme le premier roman gothique, l'histoire, comme son nom l'indique, se déroule dans un château italien du moyen-âge. Manfred, usurpateur de la lignée d'Otrante cherche à avoir un héritier en mariant d'abord son fils à la belle Isabella mais celui-ci est écrasé par un casque géant le jour de ses noces. Mauvais présage. Manfred ne se démonte pas et se rabat lui-même sur la jeune Isabella afin de lui faire ce fameux héritier. Celle-ci, choquée, se sauve par les bas-fonds du château, aidée dans sa fuite par Théodore fils caché et véritable héritier d'Otrante et du père Jérôme, le prêtre du château.
Sur ces entrefaites, arrive Frédéric, le père d'Isabella que Théodore blesse malencontreusement en voulant protéger Isabella à qui il a confié son amour pour Matilda, fille de Manfred et d'Hippolita. D'intrigues en intrigues, Manfred (quel maladroit!) fera encore une bourde en tuant sa fille dans la confusion, et Théodore récupérera son château après que le fantôme du Duc d'Otrante se fut manifesté contre les agissements de Manfred.
On pourrait lire ça comme un polar ou un bon roman d'aventures si les coïncidences n'étaient pas si grotesques et attendues.
Ce récit ouvre les portes du genre avec tous les ingrédients gothiques : nuits sombres et châteaux hantés qu'on retrouve avec plus de subtilité un siècle plus tard dans certaines histoires de Poe.
Commenter  J’apprécie          20
vous aimez les châteaux hantés? les spectres? les chevaliers qui reviennent des croisades? vous aimez les jeunes damoiseaux, les châtelaines parfaites, mères aimantes, pieuses épouses dévouées?
vous aimez les histoires de famille compliquées, les malédictions à la 3ème ou 4ème génération?
Vous lisez des romans gothiques?
vous suivez les sagas à la télé?
vous allez être servis.
Moi, je n'aime rien de tout cela.
Et pourtant,
Captivée,
j'en ai loupé la station de bus où je descends quotidiennement, ce qui ne m'était jamais arrivé.
Il faut dire que l'intrigue est bien tournée, qu'on n'est jamais à l'abri d'une invraisemblance, et que je me suis, malgré moi, laissé prendre.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
Commenter  J’apprécie          20
Un des premiers romans gothiques de l'histoire, et on a l'impression qu'il est déjà plein de clichés... Peut-être qu'avec notre regard désormais habitué à ce type de littérature on a plus de mal à frisonner, mais j'ai trouvé les effets souvent trop gros, pas assez subtils. A lire néanmoins pour comprendre l'influence de ce roman sur le reste de la littérature européenne.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (519) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11131 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}