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3,38

sur 185 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le Château d'Otrante, peu connu en France, est pourtant un grand classique de la littérature anglaise. Il réunit à peu près tous les éléments qui sont aujourd'hui des stéréotypes des romans à sensation : belles jeunes filles vertueuses enfermées dans des châteaux hantés, beaux jeunes hommes courageux, passages secrets, paysages nocturnes terrifiants… On pourrait donc trouver ce roman sans intérêt, mais c'est oublier quelque chose d'assez incroyable quand on y pense : tous ces clichés étaient alors inédits, et Walpole en est l'inventeur !

Alors certes, un lecteur d'aujourd'hui découvre ce livre avec une impression de déjà vu, certes certains éléments (notamment de fantastique, comme de soudaines apparitions de fantômes) nous paraissent désormais artificiels, mais le Château d'Otranto a toujours son charme – c'est peut-être ce qui en fait un classique ? J'ai été happée par l'histoire, tout va très vite et j'avais toujours envie de connaître la suite.

Bref, j'ai beaucoup aimé cette courte lecture !
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Dans ce texte, publié en 1764 et considéré par Paul Eluard himself comme le premier roman noir ou gothique de l'histoire du monde, l'auteur se propose de remettre au goût du jour le récit chevaleresque. Et pour le lecteur d'aujourd'hui le présupposé interroge... C'est d'ailleurs un extrait de la préface qui a intrigué et alpagué la bibliothécaire jeunesse démoniaque que je suis : tout commence par un enfant écrasé par un objet improbable et démesuré tombé du ciel. Cet enfant n'étant autre que l'unique héritier du royaume son décès va engendrer toutes sortes de stratégies et de manigances. Personnages exilés, secret de naissance, prophéties alambiquées, fantômes intrusifs, guerre du trône, usurpation et trahisons seront au programme de ce roman intemporel.
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Commençons par le commencement, à savoir l'histoire. En tant que grande fan d'histoires de fantômes, de malédiction, de mystérieuses identités, j'ai tout simplement adoré celle que nous propose Horace Walpole. Nous sommes plongés dès la première phrase dans l'intrigue, il ne perd pas de temps en bavardages et nous entraîne tout de suite dans l'histoire de Manfred et de sa famille. J'ai aimé cette entrée directe dans l'univers du château, un peu abrupte néanmoins. le reste de l'intrigue offre plusieurs rebondissements, je crois qu'on apprend des choses à presque toutes les pages. Cependant, Horace Walpole reste centré sur son histoire, tout ce que l'on nous dit est lié avec l'intrigue principale. Un peu comme dans Carmilla: le livre est au final assez court et donc rapide à lire, mais très complet! Un bon point donc pour l'intrigue.

Ensuite, autre point que j'ai énormément aimé, les thèmes! L'auteur s'intéresse à la famille, à l'importance de garder au maximum la lignée en vie, et ce en lui imposant le lourd point d'une malédiction. La famille de Manfred est fragile: ils n'ont que deux ans, et il est dit que Manfred ne cesse de reprocher à sa femme son infertilité (qui serait causé par le fait qu'ils sont de la même famille à la base). J'ai beaucoup aimé voir jusqu'à quel point Manfred était prêt à aller pour prolonger sa lignée, sans se rendre compte qu'il est en train d'aller dans la direction opposée. Si vous aimez tout ce qui tourne autour de la malédiction, de la famille, mais aussi de la quête d'identité (avec le jeune paysan), vous aimerez ce roman!

Parlons à présent des personnages: il y en a quand même un bon nombre, sans en avoir trop ou pas assez. Ils sont assez bien développés et variés: Manfred, la "tête d'affiche" qu'on déteste mais dont la folie est quelque part compréhensible; Matilda la fille mal-aimée; Hippolita la pieuse mère prête à tout pour contenter son mari... On réagit face à leur aventure, on se demande ce qu'il va leur arriver. Personnellement j'ai beaucoup aimé le duo Isabella/Matilda, et de façon plus générale les personnages féminins du roman.

Terminons par THE point, important, celui de l'ambiance. Lorsque j'ai lu Carmilla, j'avais déjà souligné l'ambiance un peu macabre très réussie. Dans le Château d'Otrante, là aussi, c'est très réussi! Je me suis régalée avec l'image du soldat fantôme (le casque géant), les bruits dans le château, l'impression de folie.... Un plaisir!

En bref, vous l'aurez compris, j'ai passé un excellent moment avec ce roman qui, je pense, mériterait d'être un peu plus connu! On peut lui reprocher un petit côté vieillot qui selon moi ne manque pas de charme. Donc si vous cherchez un bon livre pour Halloween, avec une ambiance macabre, et une histoire tragique, jetez-vous sur The Castle of Otranto!
Lien : http://livroscope.blogspot.f..
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Un livre que j'avais pris beaucoup de plaisir à lire mais qui m'avait amenée à me poser de nombreuses questions.

Tout d'abord il s'agit d'un des romans précurseur du genre gothique et donc de ce qui est devenu longtemps plus tard, le roman fantastique puis le roman policier.
Autant dire qu'il aurait été dommage de passer à côté !
En conclusion, niveau lecture pure, je m'étais régalée !

Toutefois, je possédais la version dont la préface était écrite par Paul Eluard.
À l'intérieur, la traductrice Dominique Corticchiato nous précisait qu' Horace Walpole avait vécu entre 1717 et 1797. Jusque là pas de problème.
Seulement, à la fin du livre la préface de la première édition disait je cite «c'est dans la bibliothèque d'une très ancienne famille catholique du nord de l'Angleterre que cet ouvrage fut découvert. Il avait été imprimé à Naples en caractères gothiques, au cours de l'an 1529.»
Conclusion, Horace Walpole ne pouvait donc pas en être l'auteur...
Mystère...
Walpole en était-il bel et bien l'auteur et avait-il profité de la crédulité du lecteur pour faire parler de son livre à l'époque de sa sortie ?
Telle était la question que je me suis posée pendant un bon moment avant de réussir à obtenir le fin mot de l'histoire, avec une source sûre. Après maintes recherches, j'ai fini par résoudre le mystère :

« Edition originale.
Bien que datée de 1765, le roman parut en décembre 1764. Soucieux de l'accueil que le public aurait pu réserver à son oeuvre de haute imagination, Walpole publia anonymement son conte qu'il présenta comme la traduction d'un manuscrit imprimé à Naples en 1529 nouvellement découvert dans la bibliothèque d'une vieille famille catholique du nord de l'Angleterre.
On connaît depuis l'incroyable fortune de cette oeuvre, fondatrice d'un genre nouveau devenu extrêmement populaire durant plusieurs décennies, le roman noir.»

[Informations tirées de "La Salade" aux éditions "Librairie Pierre Saunier".
« Cette salade, conçue pour nourrir le pickwick gracieux et le 23 stricté, a été fatiguée dans nos bocaux de la rue de Savoie le 1er avril 2013.
Elle a été imprimé à Angoulême par Alket éditions».]

La salade étant en réalité le catalogue de la vente Drouault dont faisait parti l'une des première éditions du Château d'Otrante ;-)

Finalement, c'est la préface de la première édition qui m'aura marquée le plus après toutes les questions que je me suis posées sur l'auteur.

Quoi qu'il en soit, j'espère que vous vous aventurerez à le lire et que vous y prendrez autant de plaisir que moi.
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Très bon souvenir de lecture...
*
“Le château d'Otrante est un drame plastique, la forme la plus amère, la plus rugueuse, mais aussi la mieux taillée du malheur en amour. Seuls immortels, les désirs vont leur chemin, malgré d'extraordinaires obstacles, malgré les rideaux du sang et les miroirs vides, la nature exclue, l'existence approximative, la vue inutile, les ancêtres vomis par l'Enfer, malgré la peur, l'héroïsme, la férocité, malgré le marbre des tombeaux et les squelettes, les désirs sans cesse au fil de la mort, cherchent à briser avec l'imaginaire.

Horace Walpole a été le précurseur du Roman noir : de Maturin (pour la mise en scène), de Lewis (pour la précipitation passionnée des événements), d'Ann Radcliffe (pour l'atmosphère et le droit à l'absurde) et même d'Achim d'Arnim (pour la froideur dans le bizarre). Et quelques-uns des grands pans d'ombre du Château d'Otrante alimentent le terrible feu qu'allumèrent Sade, Poe et Lautréamont pour échapper au néant. Comme il n'y a qu'une grandeur, cela assure à jamais la gloire d'Horace Walpole.” - Paul Éluard

source : http://www.jose-corti.fr/titresromantiques/chateau-d-otrante.html
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biographie pour en savoir un peu plus sur l'auteur :


Horatio Walpole ou Horace Walpole (24 septembre 1717, Londres - 2 mars 1797), 4e comte d'Orford, fils de Robert Walpole, est un homme politique écrivain et esthète britannique.


Il a écrit le château d'Otrante, qui a lancé la vogue du roman noir (gothic tale en anglais). On lui doit également le concept de sérendipité (serendipity en anglais, qu'on pourrait traduire par deux périphrases : découverte heureuse ou inattendue ou don de faire des trouvailles).

Walpole est le plus jeune fils du premier Premier Ministre britannique, Robert Walpole. Il étudie instruit au collège d'Eton, puis au King's College de Cambridge.

Son homosexualité lui est révélée assez tôt, et il aurait eu des rapports avec le poète Thomas Gray et Henry Fiennes Clinton, 9e comte de Lincoln (futur second duc de Newcastle). Gray l'accompagne lors de son Grand Tour, mais ils se querellent, et Walpole retourne en 1741 en Angleterre, où il entre au Parlement. Il n'a aucune ambition politique, mais il demeure député après la mort de son père en 1745.

En dehors de la politique de son père, il est très dévoué au roi George II et à la reine Caroline, prenant leur parti contre leur fils, Frederick, prince de Galles, dont Walpole parlera plus tard avec rancune dans ses mémoires.

La demeure de Walpole, Strawberry Hill, près de Twickenham,
est un ensemble fantaisiste de style néogothique qui crée une nouvelle tendance architecturale.
En 1764, il publie son roman gothique le Château d'Otrante (The Castle of Otranto), créant un style littéraire allant de pair avec l'architecture.

À partir de 1762, il fait paraître ses Anecdotes de peintures en Angleterre, basé sur le manuscrit des notes de George Vertue. Ses mémoires de la scène sociale et politique géorgienne, bien que partisanes, sont une source de première main pour les historiens.
Il est aussi l'auteur de l'épigramme souvent cité : « La vie est une comédie pour ceux qui pensent et une tragédie pour ceux qui ressentent. »

Grand défenseur du style gothique à l'époque pré-romantique, Walpole fit édifier, décorer et meubler de 1748 à 1753 sa villa, où il installa ses très importantes collections d'objets d'art; il en assura la rennomée en publiant une description; la demeure est le modèle du "Château d'Otrante", qui fut ensuite une source d'inspiration pour Byron et Walter Scott.
Son père a été créé comte d'Orford en 1742.


Son frère aîné, Robert, 2e comte d'Orford (vers 1701-1751), a transmis le titre à son propre fils, George, 3e comte d'Orford (1730-1791). Quand son neveu George meurt célibataire, Horace devient le 4e comte d'Orford.

Sa nièce Maria (1739-1809), fille de son autre frère Edward, épousa en 1ères noces le comte James Waldegrave (+ 1763) dont elle eut Elizabeth-Laura (1760-1816), qui épousa...le 4ème comte Waldegrave (1751-1789); le 7ème comte épousa Frances ( + 1879), qui fut voisine et amie intime d'Henri d'Orléans, duc d'Aumale, exilé en Angletere de 1848 à 1871, à qui elle légua le double portrait de la mère et de la fille commnandé par Horace à Joshua REYNOLDS, qui le peignit en 1761.

( n° 2 du catalogue de l'exposition "l'art anglais dans les collections de l'Institut de France", musée Condé, Chantilly, 13/10/2004- 3/01/2005, Somogy 2004, p.48, reprod. p. 49).


Une photographie de Philip Henty Delamotte (1820-1889) de 1863 montre ce tableau dans une pièce de Strawberry Hill.

Le titre de comte d'Orford s'éteint à la mort de Walpole (1797). Les Walpole ne sont pas liés à Hugh Walpole (1884-1941), romancier populaire du XXe siècle. (wikipédia)
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Manfred, Prince d'Otrante, avait un fils et une fille : celle-ci, très belle jeune fille de dix-huit ans, s'appelait Mathilde. Conrad, le Prince héritier, de trois ans plus jeune, était un garçon sans originalité, maladif et d'un avenir médiocre. Il n'en était pas moins l'idole de son père qui n'éprouvait pas la moindre affection pour Mathilde. Manfred avait contracté, au nom de son fils, un mariage avec la fille du marquis de Vicence, Isabelle ; et ses tuteurs l'avaient déjà remise entre ses mains afin qu'il pût célébrer le mariage dès que le mauvais état de santé de Conrad le permettrait. L'impatience avec laquelle Manfred attendait la cérémonie fut remarquée par ses voisins et sa famille. Celle-ci, à la vérité, redoutant la colère du Prince, n'osait s'exprimer sur cette hâte.


Extrait :

Obéissant à un courant nouveau, qui a déjà fait traduire le Moine, de Lewis, à Antonin Artaud, un jeune homme de vive intelligence Dominique Cortichiatto, à qui de grands et immérités malheurs étaient, hélas ! promis, a donné tous ses soins à une traduction nouvelle du Château d'Otrante, qui devrait rester. Ce jeune écrivain, charchant un lien entre le passé et l'avenir, attache aujourd'hui son nom à celui d'Horace Walpole et nous ramène à une époque, dont la nôtre n'est pas très éloignée. Il nous rend actuelle et présente cette figure curieuse d'un grand seigneur, qui touche à la cour de Louis XV et chez qui le romantisme apparaît comme une sorte d'écriture automatique.

presse :

Paul Éluard, dans sa préface, traite le roman du Livre de l'Invisible. Ainsi Mallarmé célébrait Beckford et son Vathek. Quel est le secret du charme de ces récits fantastiques pour qu'ils résistent au temps ? de telles anomalies nous prouvent que des oeuvres sans perfection aucune, mais poétiques et singulières, ont parfois une survie plus longue que des chefs-d'oeuvre consacrés.
Edmond Jaloux, La Gazette de Lausanne, samedi 13 octobre 1945.
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Bien envie de le relire... surtout dans la collection illustrée par Dali.
Quel merveilleux roman.
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