Citations sur Jean le Pérégrin (27)
Tu es jeune, et pour un être jeune, il est douloureux de constater que la vie n'est pas telle qu'il l'avait imaginée. Si tu veux réussir, tu dois, du bec et des ongles, ne rechercher que ton propre intérêt, car personne d'autre ne le fera pour toi. Mais toute réussite est une blessure pour l'âme. Et cependant, il est difficile, pour un homme de talent, de penser que le royaume des cieux sera son unique récompense : il voudrait, dès ce bas monde, recevoir une part de ce qu'il mérite. Aussi le plus raisonnable est-il de trouver le juste milieu entre la réussite et la souillure de l'âme. Sans être le pire des pires ni le plus vertueux des vertueux, sans être trop orgueilleux parmi les orgueilleux ni trop modeste parmi les humbles. Toute exagération est un vice, et l'absolu est un défaut, non moins dommageable que l'excés.
-Si jamais tu reviens à Constantinople, Jean le Pérégrin, sache que dans la boutique de mon père il y aura peut-être encore quelques livres précieux. Je prierai pour que tu aies une bonne traversée et ne fasses pas naufrage un livre entre les bras.
Chapitre 3
Tout ce que l'homme a besoin de connaître, c'est Dieu, c'est la grâce incompréhensible de la Rédemption. Tout ce qui trouble ce savoir-là est une science inutile et mauvaise. La poésie elle-même, sa beauté n'est qu'un reflet de la beauté céleste.
Je lui dis :
-Vous êtes certainement très heureuse si vous pensez connaître ce que vous croyez. Quand à moi, je ne peux pas croire que l'homme ne vive sur la terre que dans l'attente du ciel.
Chapitre 3
Car enfin vous ne savez rien de moi. Et je ne peux plus vous le cacher : je fais bel et bien partie des Frères du libre esprit. je suis un béguin, Madame Dorothée. Je ne cherche pas à réformer l'Eglise, mais j'adore Dieu dans mon coeur. Dieu est donc en moi. Aussi grand et aussi petit que moi.
Chapitre 1
Je ne désire posséder de biens, je ne souhaite avoir d'argent que dans la mesure où cela m'est nécessaire pour pouvoir lire et me procurer des livres dans lesquels rechercher la vérité. Je ne veux ni commander à autrui ni imposer à quiconque mes propres idées. Ce que je désire ? Sans doute seulement me connaître et justement découvrir ce qu'au plus profond de mon cœur je désire.
Cette belle Béatrice était pour moi aussi lointaine, aussi inaccessible que le ciel peut l'être de la terre. Mais si je continuais à sentir, tellement brûlante, la douceur de ces lèvres sur mes joues, c'était peut-être justement pour cela. Ma jeunesse, non sans mélancolie, aspirait à l'inaccessible : ce qui était à ma portée n'avait pour moi aucune valeur. Et si c'était là ma destinée, me disais-je, si c'était là ma malédiction ?
Chapitre 4
J'étais là, réfléchissant au mystère de la résurrection, au milieu des fragrances d'encens, du scintillement innombrable des cierges, de la claire allégresse d'une hymne que le choeur était en train de chanter, quand j'aperçus, dans cette compagnie, un visage de jeune fille, si beau, si vivant, éclairé d'un regard si pu et si plein de curiosité qu'à chaque instant, dès lors, je tournai les yeux vers elle. Beauté terrestre, mais transfigurée par son élan, elle ne faisait qu'un, pour moi, avec la céleste ferveur de cette liturgie.
Chapitre 4
-L'automne est arrivé, les feuilles se sont flétries, nous avons été crées toi et moi pour l'arrière-saison d'une époque.
Chapitre 3
-L'automne est arrivé, les feuilles se sont flétries, nous avons été crées toi et moi pour l'arrière-saison d'une époque. Toute pensée a été explorée, rien de nouveau ne peut plus arriver, les coeurs sont fatigués du monde. Peut-être pensait-on de même à la vieille du déluge.
Chapitre 3
Ne vois-tu pas toi-même que ton incroyance est encore de la foi ? Moi, je crois que tout a un sens; toi, tu crois que rien n'en a.
Chapitre 3