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3,81

sur 416 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'histoire commence bien : un homme étrange et solitaire aimant se balader dans les bois, une disparition de fillette onze ans auparavant non élucidée, la soeur aînée qui enquête toujours, obsédée par ce tragique événement dont elle ne s'est jamais remise. La narration alterne les points de vue, l'atmosphère oscille entre le thriller et l'horreur.

Mais au bout d'un moment, l'intrigue m'a perdue, le mystère se parant de confusion. Un chat qui parle (un chapitre sur deux est raconté par Olivia, la minette de Ted), une fillette qui semble séquestrée (et maltraitée) mais dont l'âge ne correspond pas avec celle qui a disparu (Que devient Lauren quand elle n'est pas chez Ted ? Est-il vraiment son père ? Où se situe « la maison du week-end » ? Pourquoi ne peut-elle pas marcher?)… Dee, qui s'est installée dans la maison voisine pour espionner, ne semble guère plus stable psychologiquement : si elle apporte un peu de rationalité au départ, on sent rapidement combien elle est elle aussi torturée. Les indices, chichement lâchés par l'autrice, ont tendance à épaissir le brouillard plutôt que de nous éclairer sur la situation. Malgré tout j'ai poursuivi ma lecture, curieuse de connaître le fin mot de l'histoire.

Je ne regrette pas parce que j'ai appris plein de choses sur le TDI, « trouble dissociatif de l'identité » (également abordé dans la BD jeunesse « Elle(s) » de Kid Toussaint). C'est une sorte de fragmentation de l'esprit qui survient dans une situation intolérable (« L'esprit est très malin : quand la vie devient trop difficile, il est capable d'inventer quelque chose d'acceptable. »). En fait, dans ce roman, personne n'est celui·celle que l'on croit et le dénouement réserve de sacrées surprises. Il aurait cependant gagné, selon moi, à être plus condensé.
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ᴠᴇɴᴇᴢ ᴅᴇᴄᴏᴜᴠʀɪʀ ᴄᴇ ǫᴜɪ sᴇ ᴄᴀᴄʜᴇ ᴅᴀɴs ᴄᴇs ʙᴏɪs...

Ce matin, ça fait 11 ans que la petite fille à la glace au sirop a disparu au bord de lac. 11 ans déjà que Dee n'a plus revu sa soeur. 11 ans que Ted Bannerman a été interrogé car, pour beaucoup, il avait le profil du meurtrier. 11 ans que l'enquête piétine...

Pourtant Dee a décidé de revenir dans ce lieu maudit, angoissant, à l'orée du bois...

Pourtant dans la maison de Ted, il se passe d'étranges choses, une petite fille pleure, un chat miaule... Et ce matin :

"𝘈𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘥'𝘩𝘶𝘪 ç𝘢 𝘧𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘪𝘭𝘦 11 𝘢𝘯𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘢 𝘱𝘦𝘵𝘪𝘵𝘦 𝘧𝘪𝘭𝘭𝘦 à 𝘭𝘢 𝘨𝘭𝘢𝘤𝘦 𝘢𝘶 𝘴𝘪𝘳𝘰𝘱 𝘢 𝘥𝘪𝘴𝘱𝘢𝘳𝘶. 𝘊𝘦 𝘮𝘢𝘵𝘪𝘯, 𝘲𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶'𝘶𝘯 𝘢 𝘵𝘶é 𝘮𝘦𝘴 𝘰𝘪𝘴𝘦𝘢𝘶𝘹. 𝘌𝘵 𝘱𝘦𝘶𝘵 ê𝘵𝘳𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘤𝘦𝘴 𝘥𝘦𝘶𝘹 𝘧𝘢𝘪𝘵𝘴 𝘯'𝘰𝘯𝘵 𝘢𝘶𝘤𝘶𝘯 𝘳𝘢𝘱𝘱𝘰𝘳𝘵. 𝘓𝘦 𝘮𝘰𝘯𝘥𝘦 𝘦𝘴𝘵 𝘳𝘦𝘮𝘱𝘭𝘪 𝘥𝘦 𝘤𝘰ï𝘯𝘤𝘪𝘥𝘦𝘯𝘤𝘦𝘴. 𝘔𝘢𝘪𝘴 𝘱𝘦𝘶𝘵 ê𝘵𝘳𝘦 𝘢𝘶𝘴𝘴𝘪 𝘲𝘶'𝘪𝘭 𝘺 𝘢 𝘶𝘯 𝘭𝘪𝘦𝘯."

Il est certain que ce livre mérite que l'on vous parle de lui. le travail de recherche est énorme et donne au lecteur l'impression d'être immergé dans la situation, au coeur de l'horreur, de la folie, se confrontant chaque instant à l'irrationnel. Les personnages sont tour à tour attachants et repoussants. Les rebondissements sont nombreux. Même si l'on peut très vite avoir le sentiment d'avoir saisi le process à l'oeuvre, La dernière maison avant les bois ne se lassé pas de nous surprendre. L'ambiance est oppressante, le thriller psychologique immersif. Un sentiment d'inquiétante étrangeté ne nous quitte pas pendant toute la lecture.

Amateurs de thrillers psychologiques, ce livre est pour vous ! Aurez-vous l'audace de creuser dans ces bois ?
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ALERTE OVNI

Avez-vous vu le film Memento de Christopher Nolan ? Nous y suivons Léonard dont la mémoire à court terme est défaillante. Pour nous mettre dans la peau de son personnage, qui chaque matin doit tout remettre en question, le réalisateur choisi de monter le film sans tenir compte de la chronologie. Les scènes mises bout à bout ne se suivent pas, les tenants et aboutissants sont différents selon l'ordre des scènes. C'est au spectateur de faire le tri et ainsi faire la lumière sur la réalité. Nolan prend un malin plaisir à nous transporter dans la même confusion que le personnage principal. Tiens, tiens… et si ce procédé, était appliqué à un livre ? BAM, Catriona Ward l'a fait !

La dernière maison avant les bois est un roman choral, nous y faisons la connaissance de Ted, un homme plutôt simplet avec un gros penchant pour l'alcool. Il a une chatte, Olivia et une fille Lauren. Elles ne quittent jamais la maison crasseuse et calfeutrée de Ted. Enfin, nous accompagnons Dee dans son enquête. Sa jeune soeur a disparu lors d'une journée au lac, 11 années auparavant. Ted, l'homme marginal, est son principal suspect.

Comme Léonard de Memento, la mémoire de Ted lui fait défaut, si bien qu'il enregistre régulièrement ses pensées (envie d'un chocolat chaud à la menthe ? Ted a enregistré la recette). Son discours n'est pas toujours cohérant, il a sa propre façon de définir les choses, on voyage dans ses souvenirs flous, les ellipses temporelles sont fréquentes. Il est compliqué de se fier à lui pour démêler ce qui relève du fantasme ou de la réalité. Quant à sa chatte, elle entend des brides de conversations, voit des choses... mais quel est le sens de tout ça ?

La lecture de ce livre n'est pas difficile dans le sens littéraire. L'écriture est assez simple et fluide. La difficulté réside surtout dans la capacité à ne pas décrocher à force de lutter contre un sentiment omniprésent de confusion. C'est un livre exigeant qui demande de l'engagement mais cela vaut le coup, la révélation finale est vraiment intéressante !

Vous voilà averti, si vous débutez la lecture de ce livre : accrochez-vous. Vous allez vous perdre dans les théories encore et encore. Les apparences sont trompeuses, rien n'est jamais ce qu'il semble être.
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L'année dernière, je suis passée à coté de cette sortie thriller, et cette année de nouveaux ce livre fait parler de lui à l'occasion de sa sortie au format poche. Donc, je me suis laissée influencée...une fois de plus...

Bon pour moi c'est pas un coup de coeur ...toujours le problème quand on met la barre trop haut pour un livre...les attentes ne sont pas toujours à la hauteur.

Ce thriller est très original, l'idée, l'histoire, le dénouement vraiment cette histoire sort du lot, c'est indéniable vous n'allez pas en lire des comme ça tous les jours.Mais j'ai trouvé son style un peu lourd, je comprends qu'elle veuille brouiller un peu les pistes mais par moment j'ai décroché et j'ai eu un peu de mal à revenir à ma lecture. Après, elle a réussi son pari, elle a réussi à m'étonner , à me surprendre avec sa fin impeccable .

Donc, clairement, je ne vais pas me précipiter sur son nouveau roman, j'attends vos avis !!!

BREF... WAIT AND SEE
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Si vous cherchez un roman qui vous mène par le bout du nez avec de multiples rebondissements, vous pouvez dès alors frapper à cette porte qu'est La dernière Maison avant les bois. L'autrice casse tous les codes, pour nous embarquer, avec elle, dans une étrange histoire où une chatte lit la Bible. Ceci dit, cela ne m'étonne point de nos amis les félins, il suffit de les observer discrètement pour voir briller cette lueur malicieuse digne d'une intelligence supérieure.

Récit choral, ici, trois voix se mélangent. Il y a Ted Bannerman, le marginal du coin qui vit isolé avec sa chatte Olivia et sa fille Lauren. Ensuite, Dee, jeune femme obnubilée par la disparition de sa petite soeur et qui la recherche en vain depuis des années. Tous les soupçons convergent vers Ted. Elle va décider de s'installer à côté de chez lui pour pouvoir l'observer à sa guise.

Les pièces du puzzle vont s'assembler au fur et à mesure, néanmoins, Catriona Ward va vous secouer tout du long, une vérité cachant une autre.
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La dernière maison avant les bois, c'est celle de Ted Bannerman, un homme étrange, solitaire, à la personnalité aussi délavée que sa chemise. Il vit dans une maison dégueulasse aux fenêtres occultées par des planches avec sa chatte Olivia et sa fille Lauren qui lui rend visite de temps en temps. Il y a quelques années, il a été soupçonné d'avoir kidnappé une petite fille avant d'être innocenté, faute de preuves. C'est que sa maison se trouve à quelques kilomètres d'un lac, témoin de plusieurs disparitions troublantes et il faut bien avouer qu'il a tout du profil typique d'un kidnappeur… C'est d'ailleurs aussi ce que pense Dee, sa nouvelle voisine dont la petite soeur a disparu à l'âge de 6 ans au bord du même lac… Elle en est persuadée, c'est lui le coupable et elle est bien déterminée à le prouver.

N'offrant aucun répit, ce roman est un condensé de retournements de situations en cascade, de faux semblants, de révélations inattendues... On croit que... Et puis en fait non. À certains moments même, on se dégoûte presque d'éprouver de l'empathie pour Ted. C'est franchement déstabilisant mais j'ai adoré me faire retourner le cerveau !

Un bon page turner à découvrir sans tarder mais attention aux personnes sensibles, certaines scènes sont particulièrement difficiles.
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Lulu a disparu il y a 11 ans, par un bel après-midi de baignade au bord d'un lac. Nul ne sait ce qu'elle est devenue. Sa famille, ravagée par sa disparition, n'y survivra pas. Seule sa soeur Dee, traumatisée par ce drame, continue inlassablement (obsessionnellement ?) à la chercher.

De retour sur les lieux de la disparition, elle s'intéresse à Ted, qui a été suspecté un temps de l'enlèvement de sa soeur puis finalement innocenté. Tout est étrange autour de Ted : sa vie solitaire en apparence, ses absences, son obsession pour la forêt et les « dieux » qui l'habitent.

Après des débuts un peu poussif et embrouillés, ce roman m'a rapidement emporté. Il a la particularité d'être écrit à plusieurs voix, ce qui donne une perspective parfois irréelle aux événements qui se déroulent et permet une progression et un crescendo complètement maîtrisé dans l'intrigue et le suspens.

J'ai été bon public sur ce coup, je n'avais pas forcément vu venir la fin et j'ai docilement suivi l'auteure là où elle a bien voulu m'emmener et selon le tempo qu'elle a souhaité. Et tant mieux !
Un excellent thriller des Editions Sonatine qui me déçoivent rarement.
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Surprenant, déroutant... Ce n'est pas un roman noir ou un polar habituels. Ou un roman fantastique? On est perdu dès le départ. J'ai eu un peu de mal à accrocher dans les premières pages, le changement de narrateur m'a permis de me relancer. Je ne l'ai pas regretté.
Personne n'est ce qu'il semble être, rien ne se passe comme on le pressent. L'écriture est fluide, l'histoire bien construite.
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Il va être compliqué de parler de ce livre sans trop en révéler sur son intrigue. Aussi je vais être succincte. Est-ce que tu as l'habitude de trouver facilement le dénouement de l'intrigue avant qu'elle arrive ? Alors, je te mets au défi de trouver les secrets de celle-ci. Un indice, si tu penses avoir une piste sache qu'elle est forcément fausse. L'auteur va s'assurer de te laisser entrevoir une infime partie de la vérité pour te faire prendre confiance en tes intuitions.

Une ambiance sombre et psychologique, des personnages complexes et originaux dont un chat. Oui, tu as bien lu, un des narrateurs est un chat.

Un thriller qui n'épargne ni ses personnages ni ses lecteurs.
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Attention aux spoilers

Dans son ensemble, j'ai trouvé le livre bien écrit. Il m'a fait danser sur plusieurs théories, en me poussant parfois vers l'une avant de brusquement repasser vers une autre, mais sans jamais mettre un coup d'arrêt total à aucune d'elle.

Je pense que la post face est la partie la plus révélatrice de tout cela. Il faut absolument la lire. L'autrice voulait d'abord écrire une histoire sur un tueur, sa fille et son chat avant de basculer vers cette idée de troubles dissociatifs de l'identité. Est-ce que le début du livre était déjà écrit au moment de cette reconversion scénaristique ? Je ne pense pas. Il devait déjà y avoir des brides, les premiers actes, les mouvements et interconnexions des personnages étant déjà écrits dans une version qui ne sera finalement pas utilisée. Car la séparation du livres en chapitres reprenant les différents personnages/identités, les détails distillés subtilement (le tapis orange qui a semblé, pendant un instant, être bleu est un bon exemple), l'utilisation du magnétophone, les poupées russes… font entrer, dès le début, dans un univers où tout a sa place, où tout est à sa place.

Lors de cette première lecture, l'aspect qui semble être le moins remarquable, c'est l'histoire en elle-même. Les 90 premières pages, tout semble un peu fouillis. On part dans plusieurs directions, même si des théories afflues déjà afin de remettre un peu de cohérence dans tout cela. On ne sait pas pourquoi le chat parle, pourquoi certaines parties sont écrites en police normale et d'autres en italique (un chat qui utilise un magnétophone semble bizarre), pourquoi Lauren vient et repart sans qu'une mère vienne la chercher et la déposer (garde partagée ?). On sait qu'il y a cette histoire de tueur d'oiseau et de disparition de la petite fille à la glace. C'est l'arrivée de Dee qui a mis plus de dynamique à l'histoire. Avant cela, on pose un cadre qui nous perd lors de cette première lecture. J'ai hâte de le relire afin de voir l'agencement de tous ces éléments avec en tête la connaissance de tout ce que l'on apprend par la suite. Un peu comme revoir un film comme Fight Club ou Shutter Island. J'ai pris plus de temps à rentrer dans l'histoire et lire ces 90 premières pages qu'à lire les 310 autres. Je crois que je les ai dévorés quasi d'une traite. Ce livre mérite une seconde lecture afin de redonner une autre vision à ces premières pages. Ainsi qu'au reste du livre.

La théorie d'un TDI est l'une des premières qui me soient venues. Plusieurs fois elle m'a effleuré, touché, interpellé. Mais je crois que le moment où elle est devenue la théorie principale était celle où Ted et Lauren était au centre commercial. Les ricanements d'une des vendeuses pour l'essayage de certains collants n'étaient pas logique dans l'optique où une petite fille aimerait en trouver pour elle. Alors que si la demande vient d'un homme grand et barbu, cela porte à confusion. Et si une petite fille notait dans un vêtement une phrase telle que « à l'aide, je suis kidnappée… », aucune vendeuse, aucune personne saine d'esprit n'irait voir l'homme qui est avec la gamine en question pour lui dire que cette « farce » n'a rien d'amusant. Il me paraissait clair alors qu'il ne devait y avoir qu'un seul personnage entre Lauren et Ted. (je n'avais pas encore mis Olivia dedans).

Et cela, jusqu'au moment où justement, tout s'inverse et où il apparait qu'Olivia et Lauren sont justement la même entité. Qu'il s'agit d'une petite fille enlevée et kidnappée par Ted, celui-là même que sa mère dit être infecté par « un mal » qui le pousserait à être violent et sadique et qu'on pense donc alors capable du pire. Les explications de Lauren à Olivia semblent coller. Et cela colle avec le fait que l'on sait depuis le début qu'une petite fille aie été enlevée, séquestrée ou tuée. La théorie d'un Ted « méchant » n'a jamais été mise à l'écart, elle est toujours restée en suspens dans tout le déroulé du roman. Tout semble alors s'accorder. (Je note que j'utilise beaucoup le verbe « sembler », et je pense que c'est justement l'un des forces du roman, nous faire danser sur ce qui a l'air d'être, sans jamais nous dire ce qui est).

Au final, on se rend compte que tout n'est qu'une poupée russe, que la mère est la véritable « méchante » du livre et que c'est justement le fait qu'on ne la soupçonne jamais qui en fait une antagoniste particulièrement machiavélique au final. Et que Ted est la vraie victime. Que la petite fille à la glace a souffert d'avoir une coupe à la garçonne mais que son rôle dans l'histoire n'est au final que secondaire.

Car dès le début on pense à Lulu, on pense à Dee qui la cherche désespérément et que l'on voit s'enfoncer dans ses certitudes concernant Ted. Certitudes qui nous emmène avec elle. Son personnage aussi devient, selon moi, secondaire dans cette histoire. (je parle uniquement du narratif pour l'instant). Elle sert à nous amener avec elle sur de fausses pistes, à mettre du rythme, à nous faire penser que l'histoire principale est celle de la disparition de Lulu, que c'est cette petite fille et sa soeur qui sont les victimes et que Ted est probablement celui qui est à l'origine de tout. Quant à son rôle dans la disparition de Lulu, le fait qu'elle l'aie entrainé à l'écart et qu'elle aie décidé par la suite de se couvrir et de laisser sa soeur pour morte, je ne sais pas comment la juger. Elle n'a que 17 ans à l'époque. On est tous un peu con à cet âge. Juger son action/inaction et la peur qui lui embrume le cerveau, alors que je n'ai – heureusement – jamais eu à vivre pareil évènement à son âge me parait fortement subjectif et complexe. Je ne me laisserai pas aller à pareille condamnation d'un point de vue éthique. Je noterai juste que la vie qu'elle a vécu, son esprit qui semble avoir transformé et dissimulé au plus profond d'elle-même le véritable déroulé de cette terrible journée tendent à montrer qu'elle a souffert toute sa vie d'un accident dont elle n'est pas vraiment responsable (il s'agit avant tout d'un accident au moment où Dee, ado, oublie de surveiller sa soeur durant son premier baiser) et d'un instant de lâcheté. Est-ce que Lulu aurait survécu si elle n'avait pas été ensuite kidnappée par la mère de Ted ? On ne le saura jamais.

Le seul personnage dont je n'ai pas réussi à voir l'utilité, ou hormis être un prétexte pour voir Ted sortir de chez lui et Dee venir fouiller la maison, c'est l'homme scarabée. Ted aurait il été autrement s'il avait eu un suivi psychiatrique digne de ce nom, avec les médicaments efficaces ? Lulu, elle, était déjà morte à ce moment l, car Ted n'aurait pu avoir un véritable suivi qu'après la mort de sa mère.

Je pense que le point le plus intéressant du livre, c'est le regard que l'on porte sur les personnages, sur Ted en particulier. Dans un certain sens, j'ai pensé à Lolita de Nabokov. On est ici sur un personnage qu'on identifie comme étant un tueur/kidnappeur d'enfants. Mais pourtant, on dresse le portrait d'un personnage dont on perçoit un esprit simple, un père attentionné qui fait de son mieux, un homme aimant les animaux, une victime d'un lynchage de la part des autres citoyens de la ville suite à la simple publication d'une photo de lui comme suspect. On à toujours en tête qu'il est peut-être le véritable coupable. Mais on rentre dans son psyché, ses peurs et ses fragilités. On se rend compte à la fin que celles-ci sont le résultats des abus de sa mère, mais durant la majorité du roman, on a toujours cette épée de Damoclès qui est suspendue et dont on attend la chute du couperet confirmant ce que l'on pense : que Ted est coupable.

Et pourtant, on en arrive à prendre Ted en compassion, en pitié. On comprend ce qui se passe derrière l'image dépeinte de lui. On n'est pas au point de non-retour comme dans Lolita dont on connait les penchants et les actions réelles du personnage. Ici, on a toujours le doute, et comme on tend à apprécier Ted, on espère qu'il ne soit pas coupable. On est un peu comme Olivia, qui à la fin, se faisant manipuler par Lauren, en vient à détester Ted, à détester qu'elle ai aimé Ted mais a avoir difficile à croire qu'il est coupable de tant d'horreurs et à avoir difficile à passer à l'acte.

Cela amène à un second point de réflexion : la manipulation. Ted a le profil d'un tueur. Dee le mentionne. Il a la gueule qui va avec. Il est « anormal ». Il est reclus. Il est bizarre. On suit la vision de Dee, de Lauren et de la société car justement, il a tout ce qu'il faut pour être le coupable idéal. Combien de personnes ont été ainsi jugées et détruites par un battage médiatique sur le fait qu'il coche toutes les cases pour sembler être un meurtrier, un voleur, un coupable. Dans notre vie quotidienne, nous sommes tous les jours confrontés à nos préjugés, même ceux dont on se dit qu'ils n'en sont pas et qu'ils sont vérités. Ce sont ceux-là d'ailleurs dont il faut le plus se méfier. Dans notre monde, combien de Ted sont des victimes accusées d'être coupable sur des faux-semblants. Combien de gens sont mis de côté car différents ?

Derrière l'histoire, les réflexions affluent. Est-ce les réflexions voulues par l'autrice ou juste les miennes ? N'est-ce pas le propre d'un bon roman, le fait de permettre plusieurs lectures en une seule ?
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