On l’imagine pourtant, emmurée vivante dans sa douleur, penchée sur le livre ouvert, certainement le dernier dont elle ait lu quelques pages, écrivant à la lueur d’une bougie alors que le jour n’est pas encore levé :
Mon Dieu ! Ayez pitié de moi
Mes yeux n’ont plus de larmes
Pour pleurer pour vous mes pauvres
Enfants, adieu, adieu !
Il ne faut jamais négliger les ennuyeux car ils peuvent être implacables.
(Page 173)
Les drames se cachent toujours dans les replis de ce qui est tu.
(Page 74)
Comme aux beaux jours de l'Inquisition qui accordait une place essentielle à la confession et à l'aveu, mais dans une version laïcisée, la mort participe de ce processus de rédemption et de purification de la République tout entière.
Au-delà de l’odieux, il y a quelque chose de déprimant, à la toute fin du calvaire de Marie-Antoinette, dans cette substitution insensible des « instincts révolutionnaires » par lesquels elle a été jugée pour les « procédures administratives » qui désormais vont présider aux cérémonies de son exécution. Les deux dernières expressions sont de Tocqueville. On se souvient de ses inquiétudes à ce sujet, alors qu’il méditait sur la postérité de la Révolution dans « De la démocratie en Amérique ». Aujourd’hui, nous naissons et nous mourrons tous avec un numéro. L’ancienne reine de France, elle, achève sa vie dans un formulaire. Il suffira de remplir les blancs pour constater sa mort. Tout finit toujours par de la routine. Même la terreur.