Car, désormais, qu'importe l'endroit où tu iras, il ressemblera à celui d'où tu t'es enfui, et tu pourrais tout aussi bien reprendre ta place, après tout, car rien n'est ta faute, ni celle de personne, puisque les choses sont toujours ce qu'elles sont. Et tu peux rentrer chez toi l'esprit léger, car tu auras appris deux très grandes vérités. La première, c'est que tu ne peux pas perdre ce que tu n'as jamais eu. La seconde, c'est que tu n'es jamais coupable du crime que tu n'as pas commis.
A l'Ouest, on retrouve l'innocence et l'opportunité d'un nouveau départ. A condition de croire au rêve qui t'attend, là bas.
La loi, c'est une couverture pour une personne dans un lit deux places où sont couchés trois types par une nuit glaciales. On aura beau tirer dans tous les sens, y aura jamais assez pour couvrir tout le monde et quelqu'un finira forcément par choper une pneumonie. Merde ! La loi c'est le pantalon acheté l'année dernière pour un gamin en pleine croissance qui se retrouve les mollets à l'air parce que les coutures ont craqué. La loi est toujours trop courte ou trop serrée pour une humanité en pleine expansion.
L'infamie de ma conduite ne m'inspirait ni remords ni horreur, uniquement ce sentiment d'invraisemblance que je viens de décrire. (C'est ce qu'on ressent lorsqu'on rompt pour la première fois avec une habitude, tandis que violer un principe éveille l'horreur. Ainsi, tout ce que j'avais connu d'honneur et de vertu dans ma vie passée n'avait jamais été que le fruit d'une hasardeuse habitude et non celui de ma volonté. Mais la vertu peut-elle dépendre de la volonté ? La pensée n'est qu'orgueil.)
« Il y a toujours quelque chose à déterrer. / Peut-être pas avec le juge. / L’homme est conçu dans le péché et élevé dans la corruption, il ne fait que passer de la puanteur des couches à la pestilence du linceul. Il y a toujours quelque chose. […] Et débrouille-toi pour que ça pue. » (p. 62)
Ainsi, la mort du juge se diluait sans effort dans la vie de la communauté telle une goutte de boue dans un verre d’eau claire, qui se propage, s’effiloche et s’amincit jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucune trace visible.
[...] Anne s'asseyait à nos côtés. Puis, beaucoup plus tard, la petite fille devint grande et je tombai tellement amoureux d'elle que j'eus l'impression de vivre un rêve. Dans celui-ci, mon coeur semblait prêt à éclater, car on eut dit qu'il contenait le monde et que le monde voulait en sortir pour être le monde.
En écoutant le cri de la foule, ce cri que sous-tendait une vibration rauque comme le ressac des vagues, on pouvait effectivement penser qu’elle était la cause des événements. De même, on pouvait penser que Willie Stark avait mis le feu aux poudres en corrompant la Législature et en la faisant chanter. Mais non, Willie Stark n’avait fait que lui permettre de révéler sa vraie nature.
Chacun de nous est le fils d’un million de pères.
Mon seul crime était d’être un homme dans un monde d’hommes, et cela n’impliquait aucune pénitence particulière. En pareil cas, crime et pénitence se confondent totalement. Ils sont identiques.
La réalité n’est pas fonction d’un événement en soi, mais de la relation de cet événement avec d’autres, passés et futurs.