AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean-Gérard Chauffeteau (Traducteur)Gilbert Vivier (Traducteur)
EAN : 9782234021341
318 pages
Stock (30/11/-1)
3.83/5   33 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:

« Être mort, pensa-t-il, c’était savoir que rien, jamais, ne serait autrement. Il pensa : Moi, je suis vivant. » Là où la guerre de Sécession bat son plein, quelque part en Virginie, Adam Rosenzweig décide de lutter pour la libération des Noirs. Animé par une grande soif de liberté et de justice, ce jeune Allemand d’origine juive pénètre au cœur d’une nature sauvage, soumise à la furie indomptable de l’Histoire. Dans un monde ... >Voir plus
Que lire après La grande forêtVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,83

sur 33 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Au XXème siècle, la littérature américaine a connu son explosion, comme pour les autres disciplines artistiques, fournissant au monde un très grand nombre de romanciers aux talents protéiformes. En établir la liste exhaustive relève de la gageure ; preuve en est : une liste des 100 plus grands postée sur notre site ; très vite, elle s'avère incomplète, sans qu'il soit évident d'y remplacer l'un par l'autre…
À ce jeu, Robert Penn Warren fait souvent office d'oublié-idéal (comme Richard Brautigan…) ; toute comparaison avec son illustre aîné William Faulkner apparait vaine, bien que leur terroir commun la justifie.
D'un classicisme de grand conteur, sa plume est belle sans avoir recours à de grands effets ; elle sonne juste.

Dans ce roman, il assemble une histoire avec des éléments à priori difficile à réunir sans que cela semble tiré par les cheveux : un roman d'apprentissage, au déroulé picaresque, avec un héros qui tient lieu d'expérience symbolique, d'hypothèse farfelue et humaniste, celle de catapulter un juif-allemand handicapé d'un pied bot au milieu de la Guerre de Sécession afin de, prétend-il, « combattre pour la liberté » ;
prenez le parti un peu voyant de l'affubler du nom du tout premier homme ; ajoutez à cela quelques dilemmes entre tradition et modernité, universalisme et communautarisme, et vous obtiendrez un mélange sur le papier assez difficile à tenir, promettant entre de mauvaises mains une accumulation de poncifs, voire un relativisme de bon ton avec sa possible construction en thèse-antithèse-synthèse.
Pourtant, le miracle a lieu : malgré ce garçon que parfois l'on aimerait rouer de coup — qui ferait passer Candide pour un amiral-vétéran, ou le prince Idiot Mychkine pour le père Karamazov — l'histoire s'épanouit sans jamais tomber dans le ridicule ou dans l'impression de « forcée ».

Les descriptions de nature viennent considérablement enrichir le récit, allant même jusqu'à lui donner une âme romantique, résonnant avec celle de notre héros.

On ne peut que s'incliner devant la facture « classique » de ce roman, au sens de sa grande justesse, venant enrichir les éternelles réflexions du lecteur de Dostoïevski, ainsi qu'apportant une contribution limpide aux interrogations racialistes essentielles à la civilisation étasunienne.
Commenter  J’apprécie          10317
Grosse déception avec ce roman, présenté comme un grand roman sur la guerre de Sécession et l'idéalisme du jeune Adam Rosenzweig, jeune allemand avec un pied-bot parti pour se battre pour les droits des Noirs ; entre les nombreuses coquilles et les lourdeurs de la traduction (et pourtant ils étaient deux !), la lecture de ce roman a été pénible. La seule chose que je retiens est la construction assez originale par petites saynètes qui reconstituent au final l'image complète.
Mais je suis loin de recommander cette lecture, très dispensable...

Coquilles :
p70 : Les gens qui ont maltraité les Noirs avaient immobile... au lieu de "un mobile"
p 162 : S'il l'avait craint, il aurait décroché des mûries deux pistolets de cavalerie... au lieu "des murs"
p 181 : Même à cette heure - l'heure du repos - il y avait moins départies de cartes... au lieu "de parties de cartes".
p 256 : Puis, sans transition, sapeur disparut... au lieu de "sa peur".
p 280 : Une savait pas ce qu'il lui faudrait faire... au lieu de "Il ne savait pas ce qu'il lui"...

Lourdeurs de traductions :
Il fit un temps au lieu de : il fit une pause...(faire un temps au marathon je comprendrais...)
p 203 : Sur cette pensée, Adam Rosenzweig se sentit rasséréné . Il se sentit rendu à un commencement d'espoir.
p 214 : Et pendant qu'Adam remuait ces réflexions, une nouvelle pensée commença de croître sous son crâne.
p 229 : Une étrange exaltation le visita. Il se sentit trembler au bord d'une révélation.
Commenter  J’apprécie          238
Adam Rosenweig veut se battre pour la liberté des hommes. de TOUS les hommes. Étant lui-même juif et handicapé, il subit la discrimination au quotidien, mais ce n'est rien face à ce qui arrive aux Noirs de l'autre côté de l'Atlantique. Il décide de rejoindre l'armée glorieuse des États-Unis, afin de faire cesser la rébellion confédérée. Un parcours qui s'annonce noble, épique et avec une immense récompense à la fin : celle d'avoir servi la plus merveilleuse de toutes les nations du monde. Attendez une seconde.
La réalité qui attend le jeune immigré en Amérique est bien plus prosaïque : Robert Penn Warren nous dépeint une guerre de Sécession sclérosée, raciste des deux côtés, où les soldats attendent des mois dans la crasse avant d'aller se faire tuer. La Bavière dont Adam vient n'est pas reluisante non plus, avec sa xénophobie mesquine et ses religieux ombrageux. Des hommes et des femmes brisés sillonnent ainsi un monde sans prestige ni héroïsme. de forêt et même de nature, il ne sera finalement que peu question (on ne saura même pas pourquoi diable on a mis un dada sur la couverture), mais toujours avec un lyrisme élégiaque contrastant avec le prosaïsme ambiant.
Adam erre en tentant de trouver un sens à sa vie. le jeune homme au départ sûr dans ses convictions bascule peu à peu dans un parcours initiatique doublé d'une descente aux enfers. Tentant de faire triompher son humanisme, il va se dresser contre la volonté divine qui semble interdire aux vivants la justice ; sans doute le plus humain de tous les hybris. Mais ses idéaux extrêmement nobles (se battre contre des idées plutôt que des hommes, offrir à tous l'égalité) se heurtent à la bêtise et la méchanceté de ses contemporains, et au fait que lui-même finisse par y prendre goût. On veut aider tous les êtres humains, et au final on ne parvient pas à regarder dans les yeux quelqu'un de plus mal en point que soi. Parce que la misère est trop grande. Parce qu'on préfère vivre dans nos idées.
Où trouver la grandeur morale, finalement ? Peut-être la liberté n'est-elle qu'illusoire, ainsi que le clame un chapitre final mystique. Et peut-être aussi qu'il nous faut accepter notre condition. Même quand elle est inacceptable ? le livre se conclut sans véritablement proposer d'éthique sur comment aider son prochain, mais il punit sévèrement l'orgueil et rappelle à l'Homme sa petitesse malgré ses hautes aspirations.
La grande forêt n'est pas un livre facile, ni même agréable. Il frappe autant par le sublime qu'il fait naître dans de simples paysages que par la bassesse de ses personnages. Comme le désert des tartares, il conte une désillusion existentielle ; comme Walden, il faut le lire dans le monde sauvage après une longue marche pour réellement l'apprécier. Ce que je n'ai que trop peu fait et qui demandera peut-être une relecture dans un futur lointain. En attendant, ça fait toujours un plus à ma culture…
Commenter  J’apprécie          70
Roman intrigant car très loin de celui attendu: la guerre de Sécession n'est pas visible, pourtant elle est là, à la fois si proche et si lointaine. Eclate seulement ce qu'elle fait des hommes qui l'approchent et en fond ce qu'il restera vraiment en eux une fois qu'elle entrera dans L Histoire et y sera "adoucie". Et là, l'exercice est magistral, le choix non conventionnel des personnages et des situations est remarquable et l'écriture sobre sur les faits et les personnages prend des allures lyriques sur les descriptions.
Commenter  J’apprécie          140
À l'été 1863, Adam Rosenzweig quitte la Bavière et part aux États-Unis pour se battre pour la liberté pendant la guerre civile. Poussé par un idéalisme révolutionnaire hérité de son père, il espère aider une cause qu'il croit aussi simple qu'il sait qu'elle est juste. Mais son pied-bot va l'empêcher d'être engagé dans l'armée de l'Union. Il n'aura pas le droit de combattre. Il va vivre la guerre hors champs et devenir témoin d'un monde dont la complexité ne se conforme pas facilement à ses idéaux de liberté.

L'intrigue - s'il y en a une - réside dans la recherche d'Adam de «ce qu'un homme doit savoir pour être un homme» et dans sa vision utopique de la liberté. Mais le propos n'est vraiment pas évident à saisir. La plume de Warren baigne dans une métaphysique déconcertante qui n'aide pas à percer les personnages complexes qu'il a créé. de Robert Penn Warren je n'avais lu que « Tous les hommes du roi », livre que je place dans mon panthéon littéraire. Je ne m'attendais donc pas à ramer autant avec ce roman. Ce fut à la limite du pénible pendant toute la première partie et même si mon intérêt c'est enfin réveillé vers la fin, je suis passée à côté, tout comme le héros passe à côté de la guerre. L'écriture est parfois assez « ordinaire » dans le premier quart du livre (et on ne dira rien des coquilles). Les choses s'améliorent après, le livre devient plus captivant et l'intention de l'auteur s'éclaire jusqu'à une conclusion qui concentre tout l'intérêt du roman.

Même si la rencontre ne s'est pas faite avec ce livre, je suis contente d'avoir pu me faire une deuxième impression sur cet auteur et je ne compte pas rester là, bien décidée à lire les autres titres.

Traduit par Jean-Gérard Chauffeteau et Gilbert Vivier
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Adam avait contourné l'arbre. Il n'écoutait plus. Silencieusement, il s'approcha de l'endroit où était assis le jeune homme pâle. Le jeune homme n'écoutait pas, lui non plus. Il contemplait d'un air profondément absorbé un brin de paille qu'il faisait rouler entre le pouce et l'index. Adam s'accroupit doucement à côté de lui. Le jeune homme ne parut se rendre compte de rien. Adam avança une main, comme pour lui toucher le bras ou pour le tirer par la manche, mais il se retint, attendant que l'autre découvre sa présence.
Finalement, très bas, presque en murmure, il dit: "Vous... vous étiez ici, lors de la bataille?"
Le jeune homme tourna lentement les yeux. Il regarda Adam comme s'il le voyait de très loin, puis il remua l'épaule gauche ; sa manche s'agita, vide, flasque, imperceptiblement.
"Vous croyez que c'est un ours qui me l'a arraché?", dit-il d'un ton dépourvu d'expression.
Il avait reporté les yeux sur le brin de paille qu'il roulait entre le pouce et l'index. Adam baissa la tête et regarda aussi le brin de paille.
Commenter  J’apprécie          80
Mais il attendit en vain le soulagement. Son malaise empira. Tout à coup, il se rappela ce qu'il avait éprouvé lors de sa fuit de l'Elmyra en voyant que personne ne le poursuivait, que personne même ne criait pour signaler sa fuite. De nouveau, il eut la sensation d'être dépourvu de toute valeur, la triste sensation d'être un fantôme. Oui, conclut-il, c'était l'existence d'Aaron Blaustein qui lui avait permis, à lui, Adam Rosenzweig, de se sentir réel, qui lui avait permis de savoir qui il était.
Et maintenant, il se retrouvait seul.
Il leva le visage vers le ciel où la nuit munificente piquait des millions d'étoiles, et il se demanda comment on pouvait être seul et cependant pas tout à fait seul. Il se demanda comment on pouvait être dépourvu de toute valeur et cependant valoir quelque chose.
Il pensa: Il faut que j'élucide cette question. Si je suis destiné à vivre.
Commenter  J’apprécie          80
"Ouais, fiston, dit le caporal, c'est par là qu'on s'en ira. C'est par là que le général Grant va t'emmener... Et je te le jure, je souhaite de tout mon coeur qu'il ait un peu plus de cervelle que le général Hooker... Hooker nous a conduits tout droit dans la grande forêt et quand on a été dans les bois, les rebelles nous sont tombés dessus. J'y étais, moi, à Chancellorsville, et je t'assure que ça chauffait. Et si Grant nous ramène par là-bas, ce sera un nouveau Chancellorsville... Avec toutes ces broussailles, tous ces chênes nains, ces pins nains, on y voit pas à trois pas. Se lancer dans ces bois à la poursuite du général Lee, bonsoir ! C'est comme si on essayait de se glisser en rampant dans une grotte pour s'attaquer à un ours, et que cette grotte soit justement celle que l'ours connaît dans tous ses recoins."
Commenter  J’apprécie          60
Si la montagne n'avait pas étincelé d'un éclat aussi blanc.
Si là-bas, au-dessous des blancs sommets, la ligne irrégulière des forêts de sapins n'avait pas paru d'un bleu aussi noir.
Si le ciel, au-dessus des miroitements neigeux du Zelzsteinberg, n'avait pas été d'un bleu tout neuf, déchirant d'innocence. Si un léger nuage, tel un flocon de crème fouettée, n'avait pas flâné très haut dans ce bleu purifié, éblouissant. Si l'univers n'avait pas été d'une beauté absolue.
Si aucune de ces choses n'avait été ce qu'elles étaient, lui, Adam Rosenzweig, aurait pu se réfugier en son moi profond, dans les paradoxes de l'Histoire et de la connaissance, dans cette sagesse qui est résignation.
Commenter  J’apprécie          70
p172 Une fois, il avait observé à la dérobée le visage de Simms Purdew, le seul homme au monde qu'il détestait. Il avait d'abord vu la mâchoire épaisse, veule, mal rasée, s'ouvrir et se refermer pour émettre une raillerie obscène,......, et puis, tout d'un coup, il n'avait plus vu les traits de cet être abominable. Il avait vu, en quelque sorte, le visage d'un petit garçon --- celui que Simms Purdew avait été jadis ---, un petit garçon aux cheveux d'un blond fauve, aux yeux bleus éclatants de gaieté, et dont la bouche souriait innocemment au milieu des taches de rousseur.
Durant cette brève vision, Adam avait entendu une voix dire en lui : Je ne dois pas le détester, je ne dois pas le détester sinon je mourrai.
Son coeur s'était ouvert à la joie.
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Robert Penn Warren (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Penn Warren
📖 Livres mentionnés : Memphis de Tara M. Stringfellow Au bout du rêve de Farrah Rochon Amari, tome 2 de B.B. Alston Au nom des noirs de Robert Penn Warren
autres livres classés : guerre de sécessionVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (68) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..