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Citations sur Changements (28)

Dans une large mesure, le processus de socialisation consiste à enseigner aux jeunes ce qu'ils ne doivent pas voir, ni entendre, ni sentir ou dire.
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Les utopies positives impliquent un monde « sans problèmes », les négatives un monde « sans solutions ». Les deux ont ceci de semblable qu’elles définissent les difficultés et plaisirs normaux de la vie comme des anomalies.
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Il n’est pas besoin d’un esprit créatif pour déceler une mauvaise solution ; mais il en faut un pour déceler une mauvaise question (Anthony Jay)
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Une des erreurs les plus courantes concernant le changement est de conclure que, si quelque chose est mauvais, son contraire est nécessairement bon. Une femme qui divorce d'avec un mari "faible" pour en épouser un "fort" découvre souvent, pour son malheur, que son deuxième mariage, qui devrait être exactement le contraire du premier, est en fait plutôt semblable. L'invocation du contraste puissant a toujours constitué un instrument de prédilection pour la propagande des politiciens et des dictateurs. "Le national-socialisme ou le chaos bolchévique ?" demandait avec arrogance une affiche nazie, faisant croire par là que seule existait cette alternative et que, pour tous les hommes de bonne volonté, le choix était évident. "Erdäpfel oder Kartoffel ?" (Patates ou pommes de terre ?) répondait une petite bande de papier qu'un groupe clandestin colla sur des centaines de ces grandes affiches, déclenchant ainsi une enquête massive de la Gestapo.
L'étrange interdépendance des contraire était déjà bien connue par Héraclite, le grand philosophe du changement, qui l'appelait enantiodromia.
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Lorsqu’un élève zélé, cherchant avec ferveur le satori, demanda à son maître Zen ce qui signifiait être éclairé, ce dernier répondit : « Rentrer chez soi et se reposer confortablement.
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Mon but est de vous enseigner à passer d’une absurdité déguisée à une absurdité patente. (Wittgenstein)
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La vie deviendrait horriblement compliquée si on ne pouvait mettre en réserve des solutions ou des adaptations réussies pour pouvoir les appliquer à nouveau à l'avenir. Mais ces solutions deviennent de terribles simplifications, répétons-le, si on ne prend pas en considération le fait que les circonstances évoluent sans cesse et que les solutions doivent changer au même rythme.
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Laing : « Si je ne sais pas que je ne sais pas, je crois savoir. Si je ne sais pas que je sais, je crois ne pas savoir. »
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Le syndrome d’Utopie
Le recours à l’extrémisme pour régler les problèmes humains survient le plus souvent, semble-t-il, à la suite de la conviction d’avoir trouvé (ou même de pouvoir trouver) la solution définitive, totale. Celui qui s’attache à cette croyance est, dès lors, logiquement forcé de vouloir mettre en pratique sa solution – de fait, il se renierait lui-même s’il n’essayait pas. Le comportement qui en découle – nous l’appellerons syndrome d’utopie – prend l’une des trois formes suivantes.
La première forme pourrait être qualifiée d’« introjective ». Ses manifestations appellent une définition plus psychiatrique que sociale, car elles proviennent d’un profond et douloureux sentiment d’impuissance personnelle à atteindre le but qu’on s’est posé. L’acte-même de se poser un but utopique crée une situation dans laquelle, vraisemblablement, l’inaccessibilité du but ne sera pas imputée à sa nature utopique, mais plutôt à l’impuissance du sujet qui, par exemple, se dira : alors que ma vie devrait être remplie d’expériences et de joies, je suis plongé dans la banalité et l’ennui ; je devrais éprouver des sentiments intenses, mais je suis incapable de les faire naître en moi. L’abandon, la dépression, le retrait, peut-être le suicide, voilà quelques résultats prévisibles de cette impasse. [...]
Cette première forme du syndrome d’utopie admet d’autres conséquences, parmi lesquelles on trouve l’aliénation, le divorce, le nihilisme. L’alcoolisme et la toxicomanie s’y rattachent souvent ; les euphories passagères qu’ils procurent sont évidemment suivies d’un retour à une réalité encore plus froide et grise, retour qui rend encore plus attrayant l’abandon existentiel.
La deuxième forme du syndrome d’utopie est beaucoup moins dramatique et peut même posséder un certain charme. Elle fait sien le célèbre aphorisme de Robert Louis Stevenson (probablement tiré d’un proverbe japonais) : « Il vaut mieux voyager avec espoir qu’arriver à destination. » L’utopiste, ici, au lieu de condamner son impuissance à réaliser un changement utopique, choisit une manière innocente et presque enjouée de temporiser. Comme le but est lointain, le voyage sera long, et un long voyage exige de longs préparatifs. La question délicate de savoir si le but est accessible, ou s’il vaut la peine de faire un tel chemin, n’a donc pas besoin d’être posée pour l’instant. Dans son poème, « Ithaque », le poète grec Constantinos Cavafys dépeint cette attitude. Priez pour que votre route soit longue, conseille-t-il au voyageur qui s’embarque, pour que votre voyage soit rempli d’aventures et d’événements. Gardez Ithaque présente à l’esprit, car c’est là que vous êtes prédestinés à arriver – mais ne vous hâtez pas, prenez plutôt de nombreuses années. Soyez très vieux quand vous jetterez l’ancre à Ithaque. Cavafys propose une solution qui n’est pas utopique : vous entrez dans des ports que vous n’avez jamais connus, et, riches de tout ce que vous avez acquis en chemin, n’attendez pas d’Ithaque qu’elle vous donne la richesse. Ithaque vous a donné votre merveilleux voyage, sans elle vous ne seriez pas parti. […] George Bernard Shaw a, exprimé la même pensée en termes plus sarcastiques : "Dans la vie, il y a deux tragédies. L’une est de ne pas réaliser ses désirs. L’autre est de les réaliser." […]
La troisième forme du syndrome d’utopie est essentiellement « projective ». Elle est constituée principalement par une attitude de rigueur morale reposant sur la conviction d’avoir trouvé la vérité. Cette attitude s’alimente du missionarisme qui en découle, c’est-à-dire de la responsabilité de transformer le monde. On s’y essaie d’abord par la persuasion, avec l’espoir que la vérité, une fois rendue sensible, apparaîtra forcément à tous les hommes de bonne volonté. Par conséquent, ceux qui ne veulent pas se convertir, ou même refusent d’écouter, sont obligatoirement de mauvaise foi : leur destruction, pour le bien de l’humanité, peut même, en dernier ressort, être justifiée.
[…]
Tous les aspects du syndrome d’utopie ont ceci en commun : les prémisses sur lesquelles le syndrome se fonde sont considérées comme plus réelles que la réalité. Nous voulons dire par là que lorsqu’un individu (ou un groupe, ou toute une société) s’efforce d’ordonner son univers en accord avec sa prémisse et que son effort échoue, il ne va pas, normalement, réexaminer sa prémisse pour savoir si elle ne recèle pas d’élément absurde ou irréel, mais, nous l’avons vu, il va accuser l’extérieur (par exemple, la société) ou sa propre incapacité. Il ne peut pas supporter l’idée que ses prémisses soient en défaut, car, pour lui, elles constituent la vérité, la réalité. Par exemple, disent les maoïstes, si, après plus d’un demi-siècle, la version soviétique du marxisme n’a pas réussi à créer la société idéale sans classes, c’est parce que la pure doctrine est tombée dans des mains impures, et non parce que, peut-être, le marxisme contient quelque chose de fondamentalement faux. On rencontre fréquemment la même position chez les chercheurs dont les travaux restent improductifs : leur solution consiste souvent à demander plus d’argent, à proposer un plus grand projet, en un mot, à faire « plus de la même chose ».
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Les utopies positives impliquent un monde « sans problèmes », les négatives un monde « sans solutions ».
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