Y a-t-il intérêt à parler d'un livre dont je suis loin d'avoir tout compris ? Livre, qui plus est, dans lequel les auteurs eux-mêmes, c'est un collectif, tentent de décrire une réalité qui leur échappe. Oui car le langage est structurant et tenter de vous l'expliquer me permet en même temps de mieux l'appréhender. Au passage, la question laisse supposer qu'il faut tout comprendre d'un livre. Mais est-ce seulement possible ? D'ailleurs, ne vaudrait-il pas mieux se poser la question y a-t-il intérêt à lire toute critique prétendant avoir tout compris d'un livre ?
Ce préambule étant posé me voilà libre de parler de l'objet du livre sans avoir la prétention de stipuler qu'il s'agit de l'exacte pensée des auteurs, ni même d'une image de cette pensée, ni même de mon exacte perception de cette image. Car il est probable que ce que j'exprime existait déjà partiellement en moi avant de lire le livre et ce que j'en retiens de la lecture est ce qui confirme cette réalité intérieure. La vérité personne ne la saura car La vérité n'existe pas. Que tenir pour vrai ? Ce que nous voyons ? Ce que nous lisons ? Ce que nous ressentons ? Chacun à notre façon.
Voilà un message surprenant : nous ne vivons pas dans le même monde ! Nous n'en connaissons pas la réalité exacte. Juste une image, différente pour chacun. Prenons un exemple simple qui n'est pas dans le livre, ni ailleurs non plus car je suis en train de l'inventer. Un homme, une souris, une mouche et une chauve-souris se trouvent face à un escalier. Quatre mondes différents, quatre réalités. Je sais que la mouche à des yeux à facette et la chauve-souris "voit" le monde à travers des ultras-sons. Je peux penser que pour la souris une marche = une parois verticale infranchissable. Remplaçons la souris par un bébé : idem. Mais ceci n'est qu'un tout petit début qui part de l'organe de perception, (le capteur), vient ensuite la transmission (le codage) par signaux électriques et chimiques puis l'encodage et la génération de la représentation mentale propres à chaque individu. Se pose ainsi la question de la normalité.
Qui oserait prétendre que nous vivons dans la même représentation du monde que les Grecs ou les Egyptiens ou les Chinois de l'antiquité ou durant le moyen-âge ? Or tous ces gens avaient eux-aussi l'impression de bien connaître le monde. de savoir le bien et le mal. Alors ... Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui la terre est ronde et tourne autour du soleil, que tous nous vivons dans la même réalité. Attention, la science aussi est une construction de l'esprit humain !
Passionnant tout simplement !
Et dans la pratique, pour des lecteurs voraces, cela pose bien évidemment la question du choix des lectures qui finissent nécessairement par forger à la longue une réalité intérieure.
Car l'on ne trouve que ce que l'on cherche !
J'ai acquis cet essai car je m'intéresse à l'Ecole de Palo Alto dont l'auteur fut l'une des figures majeures avec Gregory Bateson.
Après une centaine de pages, j'ai commencé à galérer. Les concepts se sont complexifiés.
Ce que j'ai compris : la réalité, c'est ce que nous en faisons et ce que nous croyons savoir. La réalité n'a pas de limite. Mais elle évolue dans un cadre. Notre vision de la réalité est subordonnée à notre position : à l'intérieur ou à l'extérieur du système. La réalité est un processus d'accumulation de connaissances et nos modes de perception. La réalité est d'abord une intention. La conception de la réalité diffère dans le temps, dans la société où nous vivons. Elle est normée et liée aux croyances de l'individu.
La réalité est inventée, transformée par les arts. La réalité est un art du vivant. Elle est remplie de nos désirs. Elle est incertaine. La réalité n'est pas une vérité absolue même si certaines idéologies ont essayé d'endoctriner les masses.
Ce recueil d'articles concernant des disciplines diverses vues à travers la théorie constructiviste : qui dit que la réalité du monde est construite par notre esprit et non perçue. Sur cette base certains articles offrent des perspectives stimulantes et fécondes . D'autres me sont restés hermétiques.
Cet ouvrage collectif passe pour un incontournable. Il l'est en effet. Mais sa forme et certains de ses sujets ne m'ont pas passionnés. Il y a à boire et à manger, et à jeter?
Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?