Un thérapeute doit à un moment donné ou l'autre passer par cette lecture. Il ouvre à beaucoup d'autres pensées, visions du travail de compréhension de l'humain et du relationnel. Et puis, bon sang, ces paradoxes, faut en faire quelque chose de constructif !
Quelques éléments :
La thérapie est une façon de faciliter l'apparition des courants de changement qui tourbillonnaient dans le patient et à l'intérieur de sa famille. Il s'agit de courants qui ont besoin d'un geste thérapeutique « inattendu », « illogique » et « soudain » pour émerger.
Il s'agit de voir comment le bon sens et la « logique » conduisent souvent à l'échec - ce qui semble paradoxal -, tandis qu'un comportement « illogique » et « déraisonnable », comme celui des assiégés d'Hosterwitz, produit le changement recherché.
Le problème n'est pas d'éviter l'influence et la manipulation, mais de les comprendre mieux et de les utiliser dans l'intérêt du patient.
Le livre n'est pas "classé" en philosophie et pourtant sa portée philosophique est manifeste, puisque l'ouvrage cite beaucoup Wittgenstein et sa conception du langage et la théorie des types logiques. Sa portée psychothérapique est évidente aussi. C'est cette relation entre logique et psychothérapie qui est passionnante. le dernier chapitre présente plusieurs cas.
Je l'ai trouvé dans la bibliothèque du salon de mon hôpital et je ne regrette pas.
Un peu difficile de rentrer dedans
Mais quel génie !
Une grande découverte de mes lectures d'étudiant
Que m'en reste t -il 20 ans après (snif !)
TOUT
Donc à lire, pour mieux vivre les conflits, les paradoxes, les noeuds dans la tête ...
NB : très belle analogie mathématique sur la théorie des Groupes
A lire absolument , avant de se décider à faire une psychanalyse...
Les utopies positives impliquent un monde « sans problèmes », les négatives un monde « sans solutions ». Les deux ont ceci de semblable qu’elles définissent les difficultés et plaisirs normaux de la vie comme des anomalies.
Dans une large mesure, le processus de socialisation consiste à enseigner aux jeunes ce qu'ils ne doivent pas voir, ni entendre, ni sentir ou dire.
Théorie des types logiques :
… commence elle aussi avec le concept de collection « d’objets » qui sont rassemblés selon une certaine propriété qu’ils ont en commun. Les constituants de cette totalité sont ici appelés membres, et la totalité porte le nom de classe.
Axiome : « ce qui comprends tous les membres d’une collection ne peut être un membre de la collection. »
Distinction capitale entre « membre » et « classe »… une classe ne peut être membre d’elle-même.
… les dangers de confusion de niveaux sont omniprésents, avec leurs conséquences embarrassantes.
… le changement implique toujours le niveau immédiatement supérieur : pour passer, p. ex., de l’immobilité au mouvement, il faut faire un pas en dehors du cadre théorique de l’immobilité. A l’intérieur de ce cadre, le concept de mouvement ne peut pas apparaître ; il n’est donc pas question de l’y étudier, et toute tentative qui vise à passer outre cet axiome fondamental de la théorie des types logiques aboutit à la confusion paradoxale.
Wittgenstein : « les problèmes philosophiques apparaissent quand le langage part en vacances » … Malheureusement, il est souvent malaisé, dans le langage naturel, de différencier nettement entre membre et classe.
Deux conclusions importantes : a) les niveaux logiques doivent être rigoureusement séparés si l’on ne veut pas tomber dans le paradoxe et la confusion, et b) le passage d’un niveau au niveau supérieur (c-à-d. de membre à classe) comporte une mutation, un saut, une discontinuité ou une transformation – en un mot, un changement – du plus grand intérêt théorique de la plus haute importance pratique, car il permet de sortir du système.
… existence de deux sortes de changements : l’un prend place à l’intérieur d’un système donné qui, lui, reste inchangé, l’autre modifie le système lui-même.
Ex. le rêveur : en proie à un cauchemar, il a la possibilité de faire plusieurs choses en rêve : courir, se cacher, se battre, hurler… mais aucun changement issu d’une de ces actions ne pourrait mettre fin au cauchemar. La seule possibilité pour sortir d’un rêve comporte un changement allant du rêve à l’état de veille. Il est évident que l’état de veille ne fait plus partie du rêve, mais représente un changement complet. Ce changement-ci est donc un changement de changement dont Aristote niait si catégoriquement l’existence.
… les groupes ne restent invariants qu’au niveau du changement 1, mais peuvent changer au niveau du changement 2 (c’est-à-dire au niveau où s’effectuent les changements dans les règles gouvernant leur structure ou leur ordre interne.) … la théorie des groupes et la théorie des types logiques ne sont pas seulement compatibles, mais complémentaires.
Théorie des groupes :
Un groupe est un ensemble aux propriétés suivantes :
a) il se compose d’éléments qui ont tous une propriété en commun … c’est parce qu’on ordonne le monde en groupe d’éléments ayant en commun une propriété importante (groupes qui se recoupent d’une façon complexe et se superposent) qu’on donne une structure à ce qui ne serait autrement qu’un chaos, une fantasmagorie. Mais… cette ordonnance établit aussi une invariance dans le sens où toute composition d’éléments donne un élément qui fait lui-même partie du groupe et se situe donc « à l’intérieur du système et non pas au-dehors »... Cette première propriété peut ainsi permettre une multiplicité de changement à l’intérieur d’un groupe) mais empêche tout élément, ou composé d’éléments, de se placer à l’extérieur du système.
b) si l’on compose leurs éléments selon des séquences différentes, on obtient toujours le même composé.
… par conséquent, il y a variation (ou changement) du processus mais invariance du résultat.
c) Un groupe contient un élément neutre, te que sa composition avec tout autre élément produit cet autre élément. L’élément neutre maintient donc l’identité de l’autre élément.
… Pour ce qui nous concerne, l’important est de noter qu’un élément peut agir sans affecter les autres.
d) Enfin, dans tout système qui satisfait à la notion de groupe, pour chaque élément existe un autre élément symétrique ou inverse, tel que la composition d’un élément et de son symétrique donne l’élément neutre.
« Le pacte du diable » :
… permet au thérapeute de prendre le dilemme en l’esquivant complètement, et paradoxalement, d’affronter directement l’élément de risque. Comme le patient ne peut nier sa prudence, ni le fait qu’aucune thérapie antérieure n’a pu modifier son problème, on lui déclare qu’il existe un plan qui lui permettre sans doute d’atteindre son but. Mais, comme il le rejettera certainement si on le lui présente comme une nouvelle série de conseils, on ne le lui révélera que s’il s’engage d’abord à le mettre à exécution, quelles qu’en soient les difficultés, les désagréments ou les absurdités. Sans lui donner de détails, on l’informe seulement qu’il est tout à fait capable de réaliser ce projet qui ne comporte ni danger ni dépense d’argent excessive. Pour inciter encore plus le patient, on lui dit : « Si vous connaissez toutes les issues de votre problème, vous n’avez nul besoin de mon aide ; mais si vous ne les connaissez pas, vous avez besoin de mon aide et j’estime ne pouvoir vous la donner que de cette façon.
… Il exige une action plus radicale de tout autre nature ; car l’acte même de consentir à faire tout ce qu’on peut lui demande constitue déjà pour le patient une modification de sa démarche antérieure, caractérisée par « la prudence à tout prix ».
Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?